Le documentaire qui a fait le tour du web cet été.

En 2005, quelques mois à peine après l'ouverture de ce blog, je me rendais compte de l'impasse dans laquelle nos sociétés s'étaient engouffrées. Bien sûr, j'ai beaucoup douté de mes propres réflexions, je doute toujours, sur n'importe quel sujet, je ne suis jamais sûr de rien et je me remets en cause sans cesse, même si (ou même quand) mes propos paraissent définitifs, indiscutables. Mon avis vacille, et ma conviction est souvent mise à rude épreuve car de manière quasiment universel, le libéralisme et le culte de la croissance économique sont érigés en dogmes inévitables.

Ce documentaire, malgré ses défauts (il en a), me conforte au contraire dans mon opinion. Pas seulement parce qu'il présente une vision du monde proche de la mienne, mais surtout parce que le parcours de son personnage principal est si différent du mien que le fait qu'il arrive aux mêmes conclusions tient du miracle, ou, ce que je crois, de l'évidente vérité.

Parce que nous sommes une paire de gens, comme ça, anonymes, spécialistes en rien, à réfléchir dans notre coin et refaire le monde. On part tous de notre vécu, un petit bout de la lorgnette. Pour moi, c'était les inégalités et la pertinence de l'indicateur PIB, chez d'autres, cela peut-être le végétarisme, le féminisme, l'anticapitalisme, la désillusion politique, l'économie... Chez l'ami JeffRenault, c'est le "vote utile" qui l'a vacciné. Chez l'autre ami GCastevert, c'est le pic pétrolier, expliqué par Jancovici, qui l'a fait "tomber de l'armoire" et ouvrir des yeux nouveaux sur le monde.

Michael Ruppert était flic à Los Angeles. Le déclic, pour lui, c'est quand la CIA a cherché à l'engager pour trafiquer de la drogue. Il a refusé et a cherché à en savoir plus, en fouillant dans les affaires louches de l'administration américaine. De rencontres en rencontres, il tombe sur un mec qui lui parle du peak-oil, et partant de là, il découvre toute une organisation sociale, politique, économique et même démographique qui découle directement de l'utilisation massive et irraisonnée de l'énergie fossile.

Partant de ce point de départ si différent du mien, avec une culture et un vécu totalement opposé, il arrive aux mêmes conclusions : rien ne pourra jamais remplacer le pétrole, la société fonctionne sur un modèle de croissance infinie qui est intenable, la scandaleuse création monétaire par la dette et les banques privées, le nécessaire retour au local...
Comment expliquer cette convergence d'opinions alors que rien ne nous rassemble, et, alors que l'immense majorité des médias de nos deux pays continuent de colporter l'idée qu'un seul modèle de société est possible ? Sommes-nous tous abusés par une idéologie ? Une religion ? Une théorie complotiste qui réduit nos capacités de raisonnement ?

Je pourrais éventuellement le croire s'il n'y avait la preuve des faits. Michael Ruppert évoquait la crise financière dès 2006. Il conseillait aux américains d'investir dans l'or et de se méfier de leur crédit immobilier. Chaque évènement d'actualité répond à une logique implacable et renforce notre (anti)modèle.
Et pourtant, je souhaite avoir tort. Pour l'avenir des mes enfants, et de l'Humanité, j'aimerais vraiment me tromper. Mais dans le doute, je vais m'attacher à suivre les conseils du Monsieur dans la vidéo. Consommer local, consommer moins, n'être plus dépendant du pétrole, de l'économie, autant que faire se peut.

Une nouvelle vidéo à voir, donc :


Collapse (Vostfr) 1/2 par Super_Resistence
Collapse (Vostfr) 2/2 par Super_Resistence

Commentaires

1. Le mercredi, 17 août 2011, 08:58 par Paul Itique

Ben merci pour ce lien, ça a beau avoir fait le tour du web pendant tout l'été je ne l'avais pas encore entendu parler.

En effet c'est très étonnant de voir comment des parcours uniques finissent par aboutir au même endroit.

Il y a des moments forts dans l'histoire qui s'imposent par leur urgence et leur radicalité...je pense en particulier à la résistance qui a fait cohabiter des royalistes, des juifs, des communistes, des libéraux, des militaires, des socialistes, des catholiques, .....

ça inspire...

2. Le mercredi, 17 août 2011, 17:54 par Nath

Je me posais la question du calcul de la sacro-sainte "croissance". Si j'ai bien compris, elle se fait en fonction du PIB, lui-même calculé sur la valeur des biens et services produits dans un pays, corrigée de l'inflation.
Si demain, je décide d'acheter bio au maximum, mon panier moyen va augmenter pour une même quantité de produits consommés. Je participe donc bien mécaniquement à la croissance, non ? Et pourtant ma démarche me porte vers des produits plus respectueux de l'environnement.
Pareil si d'un coup un pays décide d'investir massivement dans la production d'équipements destinés aux énergies propres. Il créera des emplois, verra augmenter sa croissance et pourtant cela va dans le bon sens non ?
Est-ce que ce n'est pas ça la "croissance verte" ?
Bon, je te cherche, parce qu'une telle croissance basée sur une reconversion de notre économie et de nos modes de consommation ne serait que temporaire et devrait amener ensuite à une stagnation, voire à une décroissance...

3. Le jeudi, 18 août 2011, 10:00 par Merome

@Nath : la décroissance ne veut pas dire qu'on chercher à baisser le PIB exprès. Je l'ai suffisamment dit et répété ici et ailleurs. Manger des légumes bio, achetés en grande surface venant du chili ou de Turquie occasionnera les mêmes échanges marchands que les mêmes légumes non bio, achetés au même endroit.

En revanche, en achetant à l'AMAP du coin, ou au paysan en direct, bref, dans un circuit court, le PIB devrait plutôt baisser. Moins d'intermédiaires qui font moins de marge, moins de transports en tout genre, etc etc.

Idem pour les éoliennes et les panneaux solaires, s'ils viennent en remplacement des tonnes de béton nécessaire à la construction des centrales nucléaires, ou thermiques, c'est kif kif.

Par ailleurs, la croissance verte n'a jamais existé. Toute croissance du PIB s'est accompagnée d'une croissance de la conso d'énergie et des prélèvements de ressources.

Mais comme le dit Friot, on peut très bien imaginer monétiser toute une part de l'activité aujourd'hui "bénévole" et avoir un saut de croissance important, sans pour autant augmenter notre empreinte écologique. Cela ne s'est jamais vraiment produit, je crois.

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