6% de français vivent en dessous du seuil de pauvreté. Mais qu'est-ce qu'un pauvre aujourd'hui ?

Selon l'INSEE, le pauvre se définit comme celui qui vit en dessous du seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté est fixé à 50% du salaire médian, soit aujourd'hui en France environ 600 euros par mois.
Il est important de noter, comme je l'ai déjà fait à plusieurs reprises ici que la pauvreté est relative. En cela, l'indicateur de l'INSEE n'est pas totalement crétin, puisqu'il s'intéresse aux salaires des français contemporains et non au niveau de vie d'autres pays ou d'autres époques.
Par contre, la méthode de calcul est discutable. Pour trois raisons essentiellement :

Le coût de la vie :
Seul les revenus sont pris en compte. Le coût de la vie, et notamment celui du logement qui semble un critère déterminant quand on cherche à se faire une idée du pauvre, n'intervient nulle part dans le calcul. Cela signifie qu'on peut avoir un logement à prix prohibitif (et c'est précisément le cas en ce moment), qui ne laisse pas de marges de manoeuvre dans un budget serré, sans qu'on soit dans la catégorie des "pauvres". On peut aussi citer l'inflation, le prix du carburant qui sont autant de critères qui trouent notre budget clairement, à nous les "riches", mais qui empêchent carrément les pauvres de survivre dans des conditions décentes.

Le revenu médian et non moyen :
Prenons un exemple :
10 personnes ont un revenu de 500 euros
20 personnes ont un revenu de 1000 euros
15 personnes ont un revenu de 2000 euros
10 personnes ont un revenu de 5000 euros
5 personnes ont un revenu de 10000 euros
Soit 60 personnes, dont le revenu moyen s'élève à 2583 euros.
Le revenu médian (autant de personnes au dessus que de personnes en dessous) s'élève alors à 2000 euros.

Multiplions maintenant par 5 le revenu des plus riches de notre exemple, ces cinq là, touchent alors 50.000 euros, une bien belle somme comparée au 500 euros des plus pauvres, et je rappelle que la pauvreté, pour qu'elle ait un sens doit se mesurer relativement à la richesse de ses contemporains. Dans ce cas, le revenu moyen s'élève à 5916 euros (la population est globalement bien plus riche). Qu'est devenu le revenu médian pendant ce temps ? Il n'a pas bougé d'un poil, il reste à 2000 euros.
Refaisons le calcul en mettant le salaire qu'on veut dans cette dernière catégorie. 1 milliard d'euros par mois, pourquoi pas. Ben le salaire médian reste rigoureusement le même : 2000 euros.
Vous l'avez compris, pour faire bouger le salaire médian, et donc le seuil de pauvreté, il faut :
- Soit faire augmenter le nombre de personnes qui sont au-dessus du seuil. (créer de nouveaux riches qui étaient d'anciens pauvres)
- Soit intervenir sur les salaires des gens qui sont autour du seuil (en France : augmenter le SMIC de façon significative).

Bref, j'ai comme l'impression que le seuil de pauvreté est bien ficelé dans son calcul actuel.

Les revenus du patrimoine ne sont pas intégrés dans le calcul :
Les revenus fonciers et autres richesses "dormantes", ne sont pas intégrés dans le calcul de l'INSEE. Or, En proportion des salaires, la part des revenus du patrimoine a plus que doublé au cours des 25 dernières années peut-on lire sur certains sites... Autrement dit, si vous êtes riche par tradition familiale (il y en a comme ça qui sont attachés à certaines valeurs), mais que vous n'avez pas de revenu ou presque, vous allez abaissez le seuil de pauvreté au lieu de le faire monter.

Ces trois raisons suffisent à me faire douter de l'information officielle, dont on va nous rebattre les oreilles ces jours-ci. J'ajoute à cela que les données étudiées datent de 2002, et que depuis le nombre de rmistes et de "travailleurs pauvres" a augmenté de façon sensible. On aboutit à un indicateur qui ne veut rien dire, mais que le téléspectateur va gober tout cru quand PPDA va lui annoncer.

Que l'internaute, que j'espère un peu moins con, qui lit cette page prenne la peine de consulter un véritable indicateur, qui prend en compte le coût de la vie, et un tas d'autres critères, qui s'appuie sur les mêmes données officielles de l'INSEE, et dont on peut même modifier le mode de calcul dans sont tableur favori, pour se faire son taux de pauvreté à soi en fonction de ses priorités : j'ai nommé le BIP 40

Commentaires

1. Le lundi, 17 octobre 2005, 21:28 par Ju

Tres honnetement la pauvreté c relatif.
Il suffit de voir le nombre de gens qui galerent trop pr payer leur factures pr voir ou elle est, la pauvreté. Les statistique me font marrer, parfois.

2. Le lundi, 17 octobre 2005, 23:55 par Stef

Complètement en dehors du sujet , j'ai fait un tour sur le site du BIP40 , les articles sont un peu trop orientés pour etre convaincants je trouve mais il y en a un que j'ai trouvé a la fois caustique et assez réaliste , celui sur le Telethon... A lire : www.bip40.org/fr/article....

(je tente de mettre un lien , ça marche PEUT ETRE ^^)

3. Le mardi, 18 octobre 2005, 00:16 par Le Monolecte

Très bonne source Merome. Les méthodes de calcul du BIP40 sont carrément pertinentes et on sait que ces indicateurs là ne servent pas directement le discours officiel, comme le fait de plus en plus clairement l'INSEE (l'inflation autour de 2%, vous y croyez, vous?), alors que chaque jour on annonce des chiffres nettement plus importants (clopes, carburants, gaz, timbres, transport, mutuelles santé, etc.)

4. Le mardi, 18 octobre 2005, 00:17 par Le Monolecte

Autre source de référence : l'observatoire des inégalités
www.inegalites.fr/

5. Le mardi, 18 octobre 2005, 08:36 par Merome
Stef : les articles sont orientés, mais les statistiques me semblent réelles. Ne pas rejeter tout en bloc...
6. Le mardi, 18 octobre 2005, 09:07 par marzi

Le monolecte: l'inflation à 2%, c'est hors tabac, il me semble.
Ben moi, j'y crois, à ce chiffre, meme si c'est HS du débat ici. PAr exemple, l'alimentaire en supermarché ou les habits, si on compare les prix 10 ans en arrière, on peut pas dire que ca a flambé plus que 2% par an.

7. Le mardi, 18 octobre 2005, 09:18 par nale

a propos de l'inflation, ce qui est marrant ou je devrais dire triste, c'est que pour nous , petit épargant n'ayant rarement des sommes importantes sur nos compte épargne, et bien, le taux que l'on a a la banque ( je répète ma phrase habituelle : ici en belgique) est moins important que l'inflation. en moyenne 1,5 % moins le précompte.

ce qui fait que si je mets 100 € aujourd'hui sur mon compte en banque et que je le retire dans 1 an avec les intérets, il vaudra moins qu'aujourd'hui.
d'habitude, les interets était là pour nous permettre au moins de garder la même valeur dans le pouvoir d'achat.
quand çà commence comme çà, c'est en général pas très bon signe :s

8. Le mardi, 18 octobre 2005, 10:58 par Le Monolecte

Même hors tabac, il y a des tas d'autres trucs incontournables qui flambent.
Pour la bouffe et les fringues, je ne suis pas d'accord avec toi. J'ai dû cesser de faire mes courses dans les points de vente traditionnels : plus assez d'argent. Pareil pour les fringues.
Ma grand-mère est du genre à toujours acheter la même chose : effectivement, son panier s'est ratatiné à budget constant. Ce sont les produits de première nécessité qui ont nettement augmenté, alors que les produits de loisir, équipement de la maison, les choses qui ne peuvent faire partie du panier d'un ménage pauvre ont tendance à diminuer, ce qui tire l'inflation vers le bas.
A quand une inflation différentielle?

9. Le mardi, 18 octobre 2005, 13:22 par marzi

Le monolecte : il y a bien des deltas, avec des choses qui augmentent plus que d'autres... mais donc, globalement, les 2% me semblent justes...
Nale : volonté politique pour pousser les gens à consommer.

10. Le mardi, 18 octobre 2005, 23:55 par Stef

Merome : Oui j'ai pas développé , mais l'indicateur BIP40 semble etre une référence assez souvent citée , je ne le remet pas du tout en cause (et je suis bien incapable de pouvoir évaluer sa pertinence). Je remarquais juste que les petits articles a coté semblaient peu objectifs et , paradoxalement, avaient tendance a le décrédibiliser...

11. Le lundi, 24 octobre 2005, 19:23 par sam

nale: commme on dit '' lherbe est toujours plus verte ailleurs'' mais ce n' est pas toujours le casje peux te dire que tu ' es pas le plus mal lotis, en effet, dans certains pays, des que les gens recoivent le salaire il doivent vite aller le dépenser tellement l' inflation augment et la monnaie perd sa valeur!

12. Le mardi, 25 octobre 2005, 00:27 par Stef

Euh... l'expression "l'herbe est toujours plus verte ailleurs" est ironique justement ! Elle veut dire qu'on a toujours L'IMPRESSION que c'est mieux ailleus même si c'est pareil , voire moins bien, on a tendance a voir les défauts chez soi et les avantages chez les autres...

13. Le dimanche, 6 novembre 2005, 05:16 par Filou

étant en DUT Statistiques et traitement informatique des données, je suis pas trop mal placer pour parler de statistiques...

sachez que pour absolument n'importe quelles statistiques effectuées, il y a toujours des "restrictions" à prononcer...aux autorités gouvernantes ;o) les ptits internautes et téléspectateurs moyens, on s'en fout, ils gobent ce qu'on leur dit et votent une fois de temps en temps.l'INSEE est une administration publique, financée par l'Etat...si l'INSEE commencait a dire tout ce qui va pas réellement en France, ca foutrait un de ces bordels! MDR!

le statistique est un truc très con a vrai dire(c'est pour ca que jsuis la dedans! :oD), c'est a dire qu'il faut interpréter les chiffres avec des pincettes, et les multiples restrictions et défauts calculatoires font qu'a un moment tu te demandes qi les chiffres que tu a récoltés ou calculés servent a grand chose...sauf que de nos jour les chiffres ont raison du sentiment, de l'impression, car ces 2 derniers sont clairement subjectifs...le chiffre non...enfin...normalement...enfin, on n'est pas censé le savoir, nous petits consommateurs moyens! ;o)

14. Le vendredi, 28 janvier 2011, 13:18 par Pierre Onfray

Qu’on le veuille ou pas, nous sommes tous impliqués par ce qui se passe dans le monde. Quel que soit notre propre train de vie, nous nous apercevons bien qu’un grand nombre d’individus ont un niveau de vie disproportionné et vivent comme si la pauvreté et les nations défavorisées n’existaient pas. Le fait d’ignorer que la majorité des habitants de la planète vivent dans la pauvreté et que des millions meurent de faim nous donne donc à tous un degré de responsabilité. Il nous suffit de nous intéresser aux réelles causes de ce manque d’harmonie pour prendre conscience de la nécessité de mener des actions qui tentent d’établir un juste partage entre les humains. "Chaque prise de conscience individuelle peut inciter d’autres à suivre l’exemple et contribuer à une compréhension collective qui soit en mesure de transformer le monde entier." (Alex Mero)

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