Un nouveau point d'étape sur ma transition écologique, pour susciter vos commentaires et vos conseils

Pour mémoire, les épisodes précédents datent de 2015 et de 2010. Il s'agit ici de faire le point sur une douzaine d'années d'efforts personnels pour réduire l'empreinte écologique de mon foyer, composé à ce jour de 5 personnes, dont trois enfants de 12 à 17 ans. En attendant que les gouvernements prennent conscience des enjeux climatiques et énergétiques, on peut déjà balayer devant notre porte et montrer ce qu'il est possible de faire sans perte de confort.

Depuis le dernier article, il y a deux ans, j'ai abandonné totalement les voitures thermiques. J'ai aussi troqué ma tondeuse thermique pour une tondeuse robot. Mes toutes dernières consommation d'énergie fossiles sont du gaz pour la cuisine et un reste de fuel pour le chauffage. La prochaine grosse étape sera d'ailleurs de dégager cette cuve à fuel de 2500 litres et la chaudière qui va avec, pour une autre solution, voir plus bas.

J'ai mis à jour mes graphiques de consommation, bilan financier et émissions de CO2, les voici avec mes commentaires :

Chacun de mes investissements a eu un effet perceptible sur ma consommation. Soit à la baisse (litres de fuel, gazole, essence, km parcourus), soit à la hausse (électricité consommée). On notera la difficulté à faire baisser encore le nombre de kilomètres parcourus en voiture après l'achat du vélo électrique. Je stagne autour de 20.000 km par an avec deux voitures électriques aujourd'hui.

Au niveau des coûts de fonctionnement, voilà ce que ça donne :

Bien entendu, ça ne prend pas en compte l'amortissement des investissements (calculs bien trop compliqués pour ma petite tête en plus de n'être pas dans mes objectifs). Grosso modo, je suis passé d'une moyenne de 3000 € par an à 2000 € par an en dépenses de fonctionnement.

Voyons maintenant les émissions de CO2 du foyer puisque c'était l'objectif premier :

Selon mes calculs, j'ai pu diviser par 6 les émissions de CO2 de mon foyer liées aux transports, chauffage et électricité en à peine 10 ans. Imaginez si tout le monde faisait cet effort, et pire : si l'État encourageait vraiment ça et faisait des efforts à son niveau !

L'objectif suivant, c'est de supprimer la barre verte (fuel) et de diminuer la barre jaune (électricité). Pour cela, il faudrait que j'installe des panneaux solaires photovoltaïques et peut-être un système de stockage à base de batteries. Il ne devient plus tout à fait idiot de pratiquer l'auto-consommation de sa production électrique solaire. On y gagne en indépendance et on n'est plus obligé de cautionner les choix techniques de l'opérateur dominant (le nucléaire, ça va bien maintenant...). Je ne sais pas s'il faut viser l'autonomie totale, mais s'en approcher pourrait être intéressant. Si vous avez des idées et de l'expérience en ce domaine, merci de commenter abondamment l'article.

Si je divise maintenant les émissions de CO2 par le nombre de personnes du foyer (2 adultes et 3 enfants depuis 2005), j'obtiens cette courbe :

La courbe bleue montre les émissions directement liées aux postes chauffage, eau chaude, transports et électricité. Ne pouvant pas calculer précisément l'impact de notre alimentation et de nos équipements (l'énergie grise de tout ce qu'on achète), j'ai pris la moyenne des français, soit 1.54 tonnes / personne / an, et ça donne la courbe orange. En jaune, je vous ai mis la moyenne française à titre de comparaison.

(Edit du 10/09/2017)

J'ajoute un graphique qui manquait : la consommation totale d'énergie, une fois tout converti en kWh :

 

Que pensez de tout ceci ?

Pour de multiples raisons, tout le monde ne peut pas obtenir de tels résultats. J'ai conscience d'avoir cette chance de pouvoir choisir (financièrement et techniquement) des solutions moins énergivores et/ou moins émissives. Mais si seulement ceux qui le peuvent faisaient déjà un effort comparable, on aurait fait un bon bout de chemin, notamment dans les consciences. Et on n'aurait peut-être pas le gouvernement qu'on a.

Pourquoi je fais des efforts et pourquoi j'en parle ?

Ce n'est pas pour faire le beau sur internet et me vanter que je publie ces courbes. Je crois que l'humanité est face à un mur écologique et climatique encore mal connu du grand public. Si ce n'est pas nous, nos enfants souffriront directement ou indirectement du changement climatique et d'autres effets indésirables directement liés à notre consommation effrenée (le plastique qui traine de partout et bientôt dans notre assiette, la pénurie d'énergie et de métaux qui vient, l'acidification et l'érosion des sols... Ce n'est pas en se cachant les yeux que le problème va disparaître. Si par chance notre continent n'est pas le plus durement touché, nous devrons faire face à des migrations massives comme l'Humanité n'a jamais connues. Pour quelques centaines de milliers de migrants, on a déjà du mal à garder notre sang froid, imaginez les réfugiés climatiques par millions, comment ils vont piétiner votre carré de pétunias...

Il y a une urgence climatique et écologique. Une urgence urgentissime qu'on ne ressent pas encore physiquement et donc qui nous échappe largement mais que certains commencent à percevoir, entre deux ouragans et trois incendies de forêts gigantesques. Nous avons par ailleurs une urgence sociale et démocratique qui n'est sans doute pas décorrélée de l'urgence climatique : c'est l'appétit de pouvoir et d'argent d'une minorité qui nous a menés dans cette impasse. Pensez-y quand vous verrez prochainement défiler sous vos fenêtres les manifestants contre la loi travail. Ils combattent aussi, à leur façon, un système moribond qu'il faudra bien finir par renverser.

Je suis désabusé de ne pouvoir convaincre mes plus proches amis, ma famille de prendre des mesures drastiques (arrêter de prendre l'avion, manger moins de viande, ne pas prendre la voiture pour moins de 2 km...), j'ai multiplié les tentatives et les moyens, je me suis même usé la santé à faire des choses en dehors de ma zone de confort. Mais sans la participation de chacun, ce sera trop tard. Aidez-moi, bordel, ou convainquez-moi que je me trompe, ce serait encore mieux.

Commentaires

1. Le mercredi, 6 septembre 2017, 20:54 par Damien

Hello,

Je pense que tu peux être fier de tes efforts et en parler publiquement, c'est une bonne manièe de partager.

Pour ma part, pas de voiture par choix (je les loue quand le besoin arrive) et je me renseigne actuellement sur Enercoop et la faisabilité de passer par eux et non pas Engie.

2. Le jeudi, 7 septembre 2017, 10:33 par Le Monolecte

Plusieurs obstacles à la généralisation de ta démarche :
- Il faut avoir les moyens d'investir. Ce qui est plus ou moins exclu pour les 3 ou 4 premiers déciles de la population.
- Il faut avoir le droit d'investir. Un peu moins de la moitié des gens sont locataires. Ils n'ont donc pas réellement le contrôle de leur chauffage et de leur isolation. Ils cumulent souvent un chauffage coûteux et polluant avec une isolation merdique. Et on ne va pas dans le sens de contraindre les proprios à louer des cages à poules merdiques et énergivores. Et leurs possibilités de résidences les éloignent des lieux de vie, les forcent à des mobilités contraintes et énergivores.
- Il faut avoir des marges d'économies : là aussi, dans les premiers déciles, l'empreinte écologique (hors les logements pourris non désirés) est plus faible que dans le reste de la population : peu de mobilité, pas de vacances (et donc d'avion et autres frivolités), faibles consommations.
- L'électricité n'est pas une solution : le parc nucléaire est une foutue bombe à retardement qui hypothèque bien plus lourdement l'avenir de la planète que toutes nos autres nuisances réunies.
- Le changement réel et profond ne pourra pas être individuel, mais politique et donc forcément collectif : cesser les ségrégations spatiales (par moyens et fonctions), repenser le travail, la construction, la mobilité, les modes de vie induits…

Sinon, c'est tout de même une bonne démarche…

3. Le jeudi, 7 septembre 2017, 12:11 par Merome

@Monolecte : Il n'est pas nécessaire d'investir pour réduire sa consommation. ll y a plein d'exemples où réduire ses émissions de CO2 s'accompagne d'économies (le vélo à la place de la voiture, baisser le chauffage et mettre un pull, manger moins de viande, acheter d'occasion, partir en vacances moins loin, moins souvent, moins longtemps, moins en avion...)

Je suis conscient en revanche, et je le dis dans l'article, de ma chance d'être propriétaire, en bonne santé et suffisamment riche pour faire des choses en plus.

S'il n'y a pas de marge d'économie d'émissions de CO2 alors il n'y a pas de problème. Si j'ai pu diviser par 6 mes émissions de CO2, c'est parce qu'elles étaient 6 fois trop élevées !

L'électricité nucléaire n'est pas une solution, mais l'avantage de l'électricité, c'est qu'on peut la produire de multiples façons, dont certaines sont relativement propres.

Le changement politique ne viendra pas sans la conscience individuelle et c'est ça que j'essaie de secouer. Tant qu'on se dira que c'est la faute des industriels, des chinois, des américains... sans balayer devant sa porte, on n'aura pas compris l'essentiel. Et faire des efforts individuels n'empêche pas de mener parallèlement d'autres combats collectifs.

4. Le jeudi, 7 septembre 2017, 15:24 par Marti

Quelle belle démarche ! J'adhère totalement à ce genre d'initiative qui prouve qu'on peut rester maître de son destin. Bien sûr qu'il faudra des mesures politiques mais comme tu le dis Merome, il faut commencer par montrer qu'une voie est possible. Voter, manifester, lutter c'est bien. Créer, imaginer, changer c'est mieux...

Par contre, je me pose une question : où trouves-tu tes données chiffrées ? Telles que l'équivalent CO2 des différentes énergies, les émissions de CO2 par personne et par an en France,...

5. Le jeudi, 7 septembre 2017, 21:36 par Merome

@Marti : Voilà quelques ressources en ligne :

http://www.univers-nature.com/actualite/pollution-dechets/analyse-des-emissions-de-co2-quotidiennes-des-francais-57236.html

https://www.econologie.com/emissions-co2-litre-carburant-essence-diesel-ou-gpl/

https://www.quelleenergie.fr/economies-energie/chaudiere-granules-bois-pellets/impact-ecologique

6. Le vendredi, 8 septembre 2017, 21:58 par vince

Bravo pour ce blog et les détails de votre évolution !

7. Le samedi, 9 septembre 2017, 16:00 par alainrvt

Toutes mes félicitations pour ton action, et non tu ne te trompes pas, si on ne fait rien pour les générations futures, car certains comme toi ont compris qu'il faut changer notre façon de consommer, cela va devenir invivable.
Un point très délicat que tu n'as pas abordé, et il faudra bien en parler un jour, est la régulation des naissances, cela fait aussi partie de la protection de l'environnement, mais c'est un sujet hyper tabou !
Comme tu le signales aussi, j'ai le même problème : l'environnement familial ne nous aide pas et on passe pour un demeuré, gentil, mais dérangeant. Mais j'ai espoir que toutes ces précautions seront au grand jour surtout lorsqu'on entame la survie !

8. Le dimanche, 10 septembre 2017, 11:00 par Merome

Je ne parle pas de la régulation des naissances parce qu'à mon sens, c'est hors de propos. D'une part parce que dans l'échelle de temps qui nous intéresse (les 50 années qui viennent) même une politique drastique de contrôle des naissances à base de génocide massif ne suffirait pas à inverser la courbe, d'autre part comme disait quelqu'un, "il n'y a pas trop d'humains sur Terre, mais il y a trop d'automobilistes".

9. Le lundi, 11 septembre 2017, 18:19 par Amand

Waw je vous tire mon chapeau ! Vous êtes un héros du quotidien... Moi qui ai 17 ans et qui ne perçois pas beaucoup de perspectives d'avenir pour notre société industrielle, je ne vois pas beaucoup de gens adultes changer leur mode de vie ou qui ont conscience de l'impact de leurs choix quotidiens. Je comprend votre désarroi face à l'immobilisme, le fatalisme, l'inertie, l'indifférence ou l'ignorance de notre entourage. Je le ressens aussi. Et à chaque fois que je me dis que ce que je fais ne sert à rien et que les gens ne voudront de toute façon jamais changer parce que leur confort leur est vital, je me rappelle cette phrase de Gandhi : "Montrer l'exemple n'est pas le meilleur moyen de convaincre. C'est le seul." Et ça me rebooste.
En tout cas bravo à vous pour votre courage et votre détermination. Sachez que tous les jeunes n'ont pas pour héros les acteurs de série TV. Mes héros à moi sont les gens qui s'engagent, d'une manière ou d'une autre, et qui osent aller à contre courant tout en recevant des flots de critiques. Je vous admire et vous respecte énormément pour ça. Continuez car le combat en vaut la peine, car c'est le combat pour la vie. N'oubliez pas de transmettre ces valeurs à vos enfants, c'est surement le plus important :)

10. Le lundi, 11 septembre 2017, 21:02 par lonesloan

Bravo ! Plus qu'à réduire à sa stricte nécessité votre consommation de protéine animal pour réduire de beaucoup votre bilan carbone.

11. Le mardi, 12 septembre 2017, 03:14 par Tortue 36

Bravo. Je vis en campagne. Près de la Creuse. Consommation relativement réduites en tout. Je vais chez mon boucher dont les animaux proviennent de notre milieu bocager en pente. Ou paissent des animaux qui entretiennent quoiqu'on en dise, les pentes. Les oeufs et les sardines sont le plus souvent possible dans mes menus. Et j'adore légumes et légumineuses et fruits un peu quand ils proviennent des alentours. J'apprends les plantes. Fait mon savon. Mais je vis loin de tout avec plein de jolis virages. Et la voiture est obligée. Je vieillis et mon vtt devient déco. Mes enfants vivent loin de moi.
Toutefois très rarement partie en vacances. Et jamais pris l'avion. Je fais partie des pauvres comme on dit. Mais cela n'empêche ni la réflexion ni le travail du colibris. Bravo pour ce que vous faites.
Et il existe beaucoup de petites gens à la campagne qui essaie aussi de partager. De sensibiliser. Mais on ne peut forcer un âne à boire s'il n'a pas soif. Ce sera hélas les catastrophes climatiques qui les forceront à bouger très vite.
Bravo pour votre démarche.

12. Le mercredi, 13 septembre 2017, 09:45 par Merome

Merci à tous pour vos encouragements. Pour les protéines animales, je réduis. Hier par exemple, c'était une journée sans viande pour moi. J'en fais régulièrement, mais pas systématiquement. Je progresse doucement.

Pensez à repartager ce billet, et à découvrir mes autres tentatives de vulgarisation comme par exemple mon dernier roman "Un pas de côté" : https://www.amazon.fr/pas-c%C3%B4t%C3%A9-J%C3%A9r%C3%B4me-Vuittenez/dp/1326282255/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1505288693&sr=8-1&keywords=vuittenez+un+pas+de+cot%C3%A9

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