Menue monnaie

Sur le front de la monnaie, il se passe parfois des choses anodines mais symboliques. Ainsi, la banque d'Angleterre publiait il y a quelques jours son bulletin trimestriel comme elle le fait... tous les trimestres. Sauf que celui-ci expliquait dans le détail les mécanismes de la création monétaire et insistait sur le fait qu'ils sont généralement enseignés et compris à l'envers.

Il est extrêmement rare que les banques centrales, ou plus généralement qu'une "source officielle" admette le fonctionnement étrange de la création monétaire, il ne me semble donc pas inutile de s'arrêter quelques secondes sur ce document.

L'introduction pose déjà l'ambiance :

This article explains how the majority of money in the modern economy is created by commercial banks making loans.
Money creation in practice differs from some popular misconceptions

Je traduis avec mes mots pour les anglophobes (je ne suis pas traducteur, vous pouvez proposer mieux dans les commentaires !) :
Cet article explique comment la plupart de la monnaie est créée par les banques privées à l'occasion des crédits
La création monétaire diffère de ce que les gens ont l'habitude de penser

Et les 14 pages qui suivent sont du même acabit, et racontent très exactement ce que les vidéos amateurs (et parfois un brin complotistes, comme l'argent dette de Paul Grignon) m'ont fait découvrir il y a maintenant une paire d'années et que j'ai essayé de vulgariser plusieurs fois ici.
Autrement dit, je le répète pour ceux qui n'auraient toujours pas réalisé le fonctionnement du bidule ou compris pourquoi il est scandaleux :

Ce sont les banques privées qui créent l'argent, à partir de rien, à l'occasion des demandes de crédit. Elles régularisent ENSUITE leur situation auprès de la banque centrale qui n'a qu'un rôle INDIRECT là-dedans. Au final, ce sont des BANQUES PRIVÉES qui vont décider s'il faut injecter plus de monnaie dans l'économie, en finançant plutôt des prêts pour construire des centrales nucléaires, pour acheter des voitures, ou pour construire des écoles et des bibliothèques.

La conséquence immédiate et évidente de ceci, c'est qu'il n'y a qu'une seule politique possible dans ce contexte, et c'est celle que les banques privées ont choisi de mettre en œuvre.

Je ne crois pas qu'on puisse être plus clair et plus concis et vous devriez déjà être en train d'affûter vos fourches pour empaler quelques banquiers et les faire brûler sur la place publique.

Malheureusement, j'ai parfois l'impression d'être le seul à comprendre ceci et c'est pour ça que je voulais souligner ce "coming-out" de la banque d'Angleterre dont je ne m'explique pas la sincérité. Sentent-ils le vent tourner ?

C'est l'inévitable Gérard Foucher qui m'a montré du doigt cette publication et je l'en remercie. Il a par ailleurs commis une interview au 4ème singe où il évoque Monnaie M, ce qui m'a valu (je pense que ça vient de là) une vague d'inscriptions sur le site où nous sommes à ce jour 391 à posséder des "M".

Un petit point sur Monnaie M, justement, après un an de fonctionnement : 391 utilisateurs, disais-je, 22302 M en circulation, 195 articles disponibles, 223 échanges terminés + 5 en cours actuellement.
C'est au-delà de mes espérances, mais c'est encore trop peu ! Si vous cherchez des skis alpins, des cours d'italien à Paris, du parfum... sans avoir à débourser un euro, c'est le moment de vous inscrire. Je vous attends de pieds fermes.

Dernière chose pour clore cet article sur la monnaie, sur les conseils d'Étienne Chouard dans une vidéo, j'ai acheté (d'occasion bien sûr) le bouquin de David Graeber : Dette : 5000 ans d'histoire, c'est un pavé de plus de 500 pages que j'ai à peine commencé mais qui s'annonce passionnant. À peine arrivé à la page 30, je suis déjà en train de remettre en question des croyances bien installées dans mon subconscient sur l'histoire de la monnaie (notamment concernant le troc). J'aurai sans doute l'occasion d'y revenir.

Et ce David Graeber est également l'auteur d'un article dans "The Guardian" sur le bulletin trimestriel de la banque d'Angleterre dont je parle plus haut. Comme ça, la boucle est bouclée...