La première histoire de l'économie en BD

C'est l'ami Bob qui m'a conseillé la lecture de cet ouvrage des américains Goodwin et Burr, traduit et publié en français au début de l'été :



C'est un pavé de 300 pages d'illustrations en noir et blanc retraçant l'histoire sérieuse de l'économie, telle que vous pourriez l'apprendre si vous faisiez des études dans le domaine. Les théories de Friedman, Ricardo, Keynes ... sont très bien expliquées et mises en image, et leur mise en pratique au fil des siècles commentée et critiquée.

Pour moi qui comme quelques autres arrivent à s'intéresser à l'économie sur le tard, par la force des choses, pour comprendre d'où viennent toutes ces crises, c'est un excellent moyen d'appréhender certains fondements de l'économie théorique sans plonger dans des tomes et des tomes de prose technique et rébarbative.
On y comprend bien, par exemple, comment des modèles théoriques basées sur des hypothèses TRÈS fragiles, ont dominé et dominent encore le monde de la finance et les discours des économistes. L'idée que la "main invisible" du marché corrige toute dérive, car tous les acteurs économiques sont considérés parfaitement informés et les ententes commerciales supposées impossibles car a priori contre-productive, est une des plus rigolotes, quand on observe ce qui se passe vraiment.
Pourtant, ce sont vraiment ces théories là qui président aux décisions politiques les plus importantes, aujourd'hui encore.

Le bouquin met aussi parfaitement en image les différents cercles vicieux qui entraînent l'économie de par le fond, par exemple page 148-149 :

1. Donc les gens achetèrent plus de voiture -> 2. ... qui rendirent nécessaires plus de routes et de parking -> 3. ... et les villes s'étendirent encore plus... -> goto 1

et

1. Plus les intérêts particuliers avaient d'argent, plus ils avaient de l'influence à Washington -> 2. Plus ils avaient d'influence, plus ils pouvaient être favorisés -> 3. Plus ils étaient favorisés, plus ils avaient d'argent. -> goto 1

Pour vous donner une idée du ton et des illustrations, voici une des planches (en anglais mais je vous rassure c'est très bien traduit) :



La lecture de ce bouquin est donc indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à ces choses-là, même ceux qui savent ou croient déjà tout savoir sur la question.

Je déplore néanmoins qu'un certain nombre de sujets ne soient pas abordés du tout. Outre le fait que le discours est essentiellement centré sur l'économie américaine, j'ai regretté en effet que la question de la monnaie et plus particulièrement de la création monétaire ne soit même pas effleurée dans les 300 pages. Cela me semble personnellement essentiel, et si je me trompe j'aurais aimé au moins savoir pourquoi, selon l'auteur. Pas un mot là-dessus, donc.
Autre angle mort : la démocratie. Les auteurs semblent tourner autour du sujet sans jamais se rendre compte de la supercherie. Hormis le cercle vicieux recopié ci-dessus, qui laisse entendre que ce n'est plus vraiment les élus qui nous gouvernent, mais qu'ils sont gouvernés par les plus riches, aucune remise en cause du processus qui rend les élus impuissants : l'élection elle-même. Je sais que ces deux sujets sont de mes vieilles antiennes, mais sans déconner, il faut s'y intéresser et s'insurger, je l'ai déjà dit !

Mis à part ceci (et je vais essayer d'en toucher deux mots à l'auteur par le biais du site dédié),je vous encourage à nouveau à vous procurer cet ouvrage, et si vous l'avez déjà, à inciter votre bibliothèque à l'acheter, et votre banquier, et votre député aussi. Et prêtez le votre autour de vous. Faites quelque chose, merde !

Commentaires

1. Le dimanche, 1 septembre 2013, 16:32 par twicedd

Allez, j'avais hésité, cette fois-ci le voilà commandé :-)

Merci de ton retour.

2. Le dimanche, 1 septembre 2013, 17:47 par Galuel

La Théorie Relative de la Monnaie elle explique que si on veut que les 4 libertés économiques soient actives, alors la monnaie doit avoir une forme symétrique dans l'espace-temps.

C'est à dire que la TRM démontre qu'une monnaie libre est une monnaie créée sur la base d'un dividende universel dont le taux est une fonction déterminée de l'espérance de vie humaine.

La TRM est sous licence libre, donc il n'est nul besoin d'en acheter une version papier en utilisant une monnaie privatrice pour la lire.

Bien sûr les modèles théoriques privateurs de liberté ont pour nature de ne se diffuser dans l'économie qu'à l'aide d'une monnaie privatrice, et fuient toute notion d'information libre.

La liberté est difficile d'obtention, car elle implique que l'individu doit faire l'effort de se procurer lui-même ce qui est libre d'accès, sans tomber dans les fausses voies qui consistent à utiliser des monnaies privatrices, soutenues par des publicités privatrices.

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