On est tous pareils

Hier, je regardais ce reportage d'arte sur le gaz de schiste ("La malédiction du gaz de schiste"), qui n'était pas sans rappeler Gasland, dont je vous avais déjà parlé ici, à ceci près que le reportage d'Arte a été tourné principalement en Pologne.

Une chose m'a frappé, alors que la culture et la société polonaises sont à bien des égards différentes de la vie quotidienne des américains, c'est qu'on retrouve, partout dans le monde, le même schéma global, les mêmes dysfonctionnements démocratiques, les mêmes horreurs masquées sous le nom de fatalité.

Et ça va bien au-delà de la seule problématique du gaz de schiste. J'ai vu des tonnes de reportages amateurs ou professionnels ces dernières années. Sur l'exploitation du pétrole, sur les OGM, sur le nucléaire, le diesel et les voitures individuelles, les ondes des téléphones portables, les banques et le système financier, l'agriculture, la télé, les jeux de société, la pollution... Ces films étaient tournés en France, en Amérique du sud, aux États-Unis, en Grèce, en Pologne, au Japon, ...
Partout, on pouvait retrouver une variante de ce schéma simple :

- Une ou plusieurs multinationales qui font de l'argent à tout prix
- Un groupe d'hommes et de femmes qui essaient de se défendre
- Des élus locaux impuissants
- Des élus nationaux/fédéraux complices, corrompus, ou au mieux laissant faire.
- Une désinformation ou une absence d'informations manifeste empêchant les gens de se défendre correctement.

Prenez n'importe quel sujet de société important et vous trouverez toutes les pièces de ce puzzle diabolique qu'il ne reste plus qu'à assembler d'une manière ou d'une autre pour aboutir peu ou prou au même résultat : la multinationale gagne la partie à la fin...

Pour l'instant...

Parce que la force de ces petits reportages diffusés via le web, c'est de nous faire prendre conscience qu'on a tous, les polonais comme les français et les américains, les mêmes problèmes, les mêmes ennemis, pour les mêmes raisons : le déni de démocratie.
Nous sommes les plus nombreux, les 99% dit-on, nous n'avons juste pas conscience d'être les plus nombreux. Bien sûr, nous n'avons pas les mêmes objectifs de vie, les mêmes envie, les mêmes passions, mais nous partageons tous ou presque un idéal démocratique commun.
Car ce qui dysfonctionne, partout dans le monde, ce qui ne marche manifestement pas bien du tout et que ces reportages mettent tous en évidence, c'est la démocratie.
Et au centre du dysfonctionnement, il y a le processus électif. Voyez l'astuce : ce qu'on nous présente comme le parangon de la démocratie, ce qui fait qu'on y a cru, ce qui fait qu'on ne peut discuter les décisions prises sous peine d'être taxé de populiste, d'anti-parlementaire, voire de complotiste, c'est l'élection et c'est pourtant le problème.

Selon Henri Guillemin, dont je continue d'écouter petit à petit avec délice les exposés qui datent pourtant d'un autre siècle, c'est Adolphe Thiers qui a eu cette idée géniale de maquiller un gouvernement des riches pour les riches par les riches, en une "volonté populaire" induite par l'élection. Plutôt que les décisions fragiles d'un seul roi, forcément discutables et discutées, il vaut mieux faire accroire que c'est le peuple qui a pris les décisions et l'élection permet cela mieux que tout autre mode de sélection des gouvernants. Tout celui qui qui s'oppose aux décisions prises par l'assemblée élue par le peuple, s'oppose au peuple lui-même, et doit donc être poursuivi. C'est malin. Très malin.

Mais nous ne sommes plus dupes. Hein ?