Double-critique des derniers albums de Bénabar et Aldebert

On a sans doute foiré pas mal de choses dans l'éducation de n°1, mais une chose dont je suis fier, c'est qu'il semble se passionner pour les chanteurs à texte. Aussi, ce Noël a été l'occasion de lui offrir les derniers albums de Bénabar et d'Aldebert dont je m'en vais vous faire la critique ci-dessous :

Peut-être certains d'entre vous ne connaissent pas encore Aldebert ou bien croient qu'il s'agit d'un chanteur pour enfants, depuis la sortie en 2008 d'Enfantillages qui leur était dédié.
Guillaume Aldebert est un trentenaire bisontin (donc régional pour moi) qui sort son premier album en 2000, je l'ai croisé pour ma part la première fois sans le savoir sur le web grâce au Rap du Deux Cinq qui est une parodie de rap sur les curiosités de notre région en commençant par notre accent et nos spécialités culinaires (La saucisse de Teau-Mor !)

Le dernier album sorti en novembre s'intitule "Les meilleurs amis". Comme d'habitude chez Aldebert, les thèmes omniprésents sont ceux de la nostalgie et de l'enfance, et le premier titre "les coups de pied à la lune" est bien dans ce ton puisqu'il parle des cabanes que l'on fait dans les arbres. Cette marque de fabrique d'Aldebert, la nostalgie, est aussi une faiblesse car on a l'impression de tourner un peu en rond au fil des chansons et même des albums. L'auteur prend un détail de l'enfance, trouve une ou deux astuces de langage autour du thème et chantonne une ballade avec une voix doucereuse sur des guitares sèches. Parfois, il accélère les guitares et on se retrouve avec un rythme à la Sanseverino.

Je regrette un peu ce manque de variétés et d'engagement dans les thèmes abordés. Deux pépites sortent quand même du lot dans cet opus :
Mon homonyme est un duo avec Simon Mimoun qui aborde de façon magistrale le thème de l'homosexualité. Si vous devez n'en écouter qu'une seule, écoutez moi ça. C'est un chef d’œuvre.
Ma vie à l'envers est un peu plus quelconque musicalement, mais l'angle de vue choisi pour les paroles est assez intéressant.

En conclusion, un album qui se laisse bien écouter, c'est doux, parfois drôle, mais trop souvent banal si l'on exclut "Mon homonyme".

Bénabar est un peu plus connu mais semble traverser une période difficile. Son album précédent "Infréquentable" était décevant, tant musicalement qu'au niveau des paroles et j'ai comme l'impression que sa tournée n'a pas déplacé les foules, au point que beaucoup moins de dates sont prévues pour la nouvelle qui s'annonce, et dans de plus petites salles.
Une chanson sortie de nulle part avait été offerte aux internautes il y a quelques mois : Ta main à nos enfants laissant présager un retour en force sur les fondamentaux. En fait, la chanson n'est pas sur le nouvel album, et aucune autre chanson "piano+voix" n'y figure.

"Les bénéfices du doute" comporte 13 chansons pour 41 minutes. Ça nous fait des chansons courtes et, contrairement à l'album d'Aldebert, assez variées dans les thèmes et la musique, même si on note l'arrivée massive de l'harmonica et donc, la quasi absence de piano.
"Politiquement correct", le premier single, évoque les critiques injustes dont peuvent faire l'objet les personnes "bien-pensantes". La chanson se fait remarquer par sa vulgarité un poil déplacée ("Moi je t'emmerde") et pas forcément nécessaire.
Un des gros défauts de l'album précédent, à mon goût, était de comporter des chansons uniquement bâties sur un jeu de mot plus ou moins adroit (par exemple, dans "Les numéros"). ou sur une situation prétendument cocasse ("Pas du tout"). On n'échappe pas à cela dans ce nouvel album, mais ça me semble mieux amené. "Les rateaux" évoque ainsi avec auto-dérision les différentes façons de se faire jeter par une femme, en abusant de jeux de mots foireux ("La cerise sur le râteau").
"L'agneau" est celle qui m'accroche le plus l'oreille jusqu'à présent : elle traite de ces gens qui tombent dans les travers des théories du complot. Pour être passé par là, et peut-être m'y vautrer encore sans le savoir, je trouve l'analyse assez pertinente. Tout comme l'est celle qui nous compare avec les pires affreux de l'Histoire, dans "Différents".
Les autres chansons évoquent les petits tracas de la vie, la folie, l'alcoolisme, le deuil, les enfants, nos faiblesses et nos doutes, de façon légère et talentueuse. C'est poétique et recherché, parfois drôle.

L'ensemble de l'album est meilleur que celui d'Aldebert, mais en revanche, on n'y trouve pas un titre grandiose qui sort vraiment du lot. Les deux albums se complètent bien en somme, et amènent à réfléchir un peu de la plus agréable des façons : en musique.

Commentaires

1. Le jeudi, 29 décembre 2011, 19:59 par FilGB

Pas encore écouté l'album d'Aldébert. ton article m'en donne moyennement envie d'ailleurs :)

Bénabar : Avis partagé globalement, je le trouve plutôt bon. Mention spéciale aussi aux chansons "Après de près" et C'est d'l'amour" que je trouve au-dessus des autres.

2. Le dimanche, 1 janvier 2012, 21:43 par Bob

C'est curieux, j'ai une impression globale similaire à l'écoute mais l'avis final exactement inverse : effectivement aussi bien Aldebert que Bénabar restent en terrain connu, mais autant pour le premier j'ai le sentiment qu'il a conservé l'esprit et l'ambiance en variant un petit peu la musique (si si, vraiment), autant pour le second j'ai eu l'impression qu'il s'auto-plagiait. Suis-je le seul à avoir trouvé un goût de réchauffé au "j'ai prié Dieu d'exister" des "mirabelles", directement auto-pompé du "j'ai prié Dieu pour qu'il existe" du "fou rire" de l'album d'il y a 6 ans ?

Pourtant dans l'album de Bénabar, deux chansons sortent du lot à mon goût : "moins vite" (sans doute parce que je suis en dans le vif du sujet en ce moment) et "différents ?". Elles justifieraient presque à elles seules l'achat de l'album si seulement le reste n'était pas aussi inconséquent

Inversement dans l'album d'Aldebert, aucune chanson qui m'ait résolument scotché (à part peut-être "ma vie à l'envers"), mais pratiquement toutes me restent à peu près bien dans la tête après deux semaines sans avoir écouté l'album, alors que du Bénabar il ne m'est rien resté d'autre que "moins vite".

3. Le lundi, 2 janvier 2012, 15:09 par Merome

@Bob : "Moins vite" me laisse plutôt froid. Surtout les rimes pauvres genre : "au fond des poches / qui pendent des manches". Mais effectivement, nous avons un avis final contraire, je pense que ça se joue à très peu : les deux albums sont de niveau équivalent, et il suffit d'une ou deux chansons plus dans notre état d'esprit du moment pour que ça fasse basculer d'un côté ou de l'autre.

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