Réduire la dépense publique, favoriser la croissance

Telle est la solution à la crise de la dette préconisée par les journalistes-experts de BFM-TV

Ce matin, j'avais une cagette de haricots à traiter, je me suis donc installé devant mon poste de télévision sur la chaine d'information continue BFM-TV.
Quelle ne fut pas ma surprise d'entendre que la crise qui était derrière nous était de nouveau devant nous, à croire qu'on a fait un tête à queue sans s'en rendre compte. L'Italie et la Grèce qui sombrent dans le rouge, les USA qui ne sont pas loin de la faillite également, des perspectives peu réjouissantes des marchés... Il n'en faut pas plus pour que l'ensemble des places financières dégringolent, et provoque la panique dans les portefeuilles des boursicoteurs, dont je ne suis pas, mais quand même, je compatis.

Toutes les dix minutes environ, j'ai donc entendu les mêmes sujets de BFM-TV tourner en boucle, et en guise de conclusion du sujet "crise de la dette", cette phrase magnifique qui donne le titre à cet article :

La solution : réduire la dépense publique et favoriser la croissance pour redonner confiance aux marchés

Je passerai sur l'utilisation des "marchés" comme un sujet impersonnel qui veut tout aussi bien dire "L'ensemble des acteurs économiques, du petit artisan à la multinationale" que "La plupart des traders" ou encore "Les banques privées". Ce qu'on appelle aussi la fameuse "main invisible dans ta gueule" du marché.

Image : Humoristique.info

Pour BFM-TV, c'est certain, la réduction de la dette (nécessaire, évidemment) passe par la réduction des dépenses publiques. There is no alternative, c'est comme ça, pas autrement. Augmenter les impôts ? Vous n'y pensez pas voyons. Que vont dire "les marchés" ? Et s'ils l'apprenaient ?

Pour BFM-TV toujours (mais pour les autres médias aussi, ne croyez pas que je cible cette chaîne d'infos en particulier), il est encore plus évident qu'il faut soutenir la croissance. Cette croissance qui ne peut exister sans augmentation de la consommation des énergies fossiles dont les stocks s'épuisent. Cette même croissance qui s'accompagne (jusqu'ici au moins) toujours d'une augmentation des émissions de CO2 et de pollutions de toutes sortes.

En France, et j'imagine dans la plupart des pays développés, les journalistes n'interviennent dans le débat public que pour encourager le libéralisme qui, manifestement, cause notre perte depuis des décennies.

J'ai une pensée pour tous les éplucheurs de haricots devant BFM-TV ce matin, qui se sont fait bourrer le crâne une fois de plus avec la pensée unique des banksters. Il est vrai qu'il est beaucoup plus difficile d'avoir une activité manuelle devant un ordinateur connecté à internet, et donc d'avoir accès à une information libre et non faussée (comme la concurrence au pays des bisounours).

Ne ratez pas cette excellente occasion d'entendre ou réentendre la chronique de Serge Halimi intitulé "Une dette providentielle" :


Serge Halimi : une dette providentielle par ricar_mm

Et comme d'habitude, faites tourner, c'est de la bonne.

Commentaires

1. Le vendredi, 5 août 2011, 17:29 par Jeff Renault

Il semble en effet que notre salut soit dans la croissance, alors même que cette croissance produit des dégâts considérables sur la planète et met en péril notre avenir (et surtout celui des générations suivantes).

Comment peut-on encore et toujours persister dans cette logique alors que d'évidence elle joue contre l'intérêt de l'humanité ? Parce que certains (un tout petit nombre) y ont intérêt, et qu'ils ont perdu tout sens de la réflexion à long terme, leur horizon étant le court-terme.

Oui, le court-termisme est désespérant. On prend des décision aujourd'hui sans en mesurer l'impact dans le futur. Après nous, le fin du monde ! C'est probable...

Une chose concernant la dette. On (les états) a de la dette, qu'on n'arrive pas à rembourser aux créanciers (les banques). Ils acceptent de nous financer la dette (en nous prêtant de l'argent, donc en augmentant notre dette envers eux) sous condition de diminuer les dépenses (surtout pas prélever d'impôts). Question : comment arrive-t-on à rembourser la dette en augmentant la dette ? Chez un ménage, ça s'appelle le surendettement, non ?

Et si on disait aux banquiers : On (les états) ne va pas vous rembourser la dette ; on solde les comptes ; et on reprend le pouvoir de création monétaire ; et on se finance par l'impôt. So what ?

2. Le dimanche, 7 août 2011, 23:17 par Vince Square

@ Jeff : excellente conclusion, il ne faut pas oublier que ce sont les banquiers qui ont volé aux états (ou les y ont contraints) la possibilité de créer leur monnaie. (lire à ce sujet l'excellent ouvrage " les secrets de la réserve fédérale). Ce serait donc un juste retour des choses que de tout remettre à plat, mais qui soulève un autre problème : quels politiques vont ils franchir le rubicond sachant qu'ils sont placés là par les pouvoirs financiers ? En d'autres termes comment mordre la main qui nourrit ? Celà pose le problème de la représentativité des peuples en politique, et remet en cause le système électoral. On ne sortira de l'impasse qu'en reprenant les deux pouvoirs, celui de la réelle démocratie et de la création monétaire. Mais ça, c'est un programme révolutionnaire...

3. Le vendredi, 12 août 2011, 08:55 par Paul Itique

@ serge halimi

mouais, le coup de la dette providentielle fomentée par un ancien acteur d'holywood, j'y crois très moyennement, ça pue la bonne vieille lutte des classes à plein nez....

Faut pas oublier que c'est surtout l'effondrement de l'empire soviétique qui a fait gagner les idées libérales. C'est d'ailleurs une des raisons qui explique que toutes les gauches du monde (y compris la Chine) ce soit mises au diapason de cette idéologie. Faut pas oublier que le traité de maastricht a été négocié par un bon nombre de personnes de gauche, on ne peut pas les soupçonner d'avoir voulu jouer pour la droite...c'est juste que idéologiquement et électoralement les hommes politiques se sont rendus à l'évidence commune.

Ultimement, le problème c'est qu'on s'est trompé sur le sens de l'histoire, les gains de productivité ne viennent pas de l'ingénieur ni du travailleur et encore moins de l'homme politique, ils viennent de la machine animée par les énergies fossiles !! Enlevez le pétrole et on ne parle plus de libéralisme ni de communisme.

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