Et aussi les soirs suivants

Comme à chaque fois que le Monolecte me fait l'honneur de poster un lien vers mon blog dans une de ses usines à pagerank dont je n'ai jamais cherché à comprendre le fonctionnement, mon article de la semaine dernière "La politique n'existe plus" a connu une affluence inhabituelle et attiré de nouvelles têtes qui ont apporté un peu de fraicheur dans les commentaires.

En tête de gondole, le Comité de salut public s'est fendu d'un article sur son blog à lui, pour mieux expliquer pourquoi il n'était pas d'accord avec moi. Et les commentaires qu'il a reçus là-bas sont tout aussi intéressants et variés, ce qui me donne l'occasion d'écrire une réponse à la réponse en même temps que la suite de ma pensée de l'autre fois.

Ma théorie, basée sur rien, si ce n'est ma propre observation et mon sens de l'analyse (c'est dire !), est de dire que le changement ne viendra pas de la politique, mais de l'action ou plutôt la somme des actions individuelles.
Quand on l'écrit comme ça, on se rend compte qu'il manque une définition claire de "politique". Car, qu'est-ce qu'une élection, par exemple, si ce n'est la somme des bulletins individuels de chacun ? Et peut-on arguer sans rire qu'une élection n'a rien à voir avec la politique ?

Dans mon billet de la semaine dernière, j'essayais maladroitement d'expliquer que ce n'est pas un parti politique, ni même un mouvement organisé quelconque qui va nous sortir des ronces. Si l'on attend que l'Homme providentiel (remplacez Homme par Femme ou Parti ou Syndicat ou ce que vous voulez) rassemble derrière lui suffisamment de monde pour fomenter une révolution qui a de la gueule, on risque de patienter longtemps.
Pour avoir la visibilité et la popularité nécessaire à une action d'envergure, l'Homme devra en effet réunir deux qualités essentielles :
- Proposer quelque chose de suffisamment consensuel pour qu'une masse critique suffisante le suive les yeux fermés.
- Être capable de passer à la télé, avec ce que ça suppose de copinage avec les médias, de gueule télégénique, de chargés de comm' payés une fortune et tout ça.

Prenons Bové ou Besancenot, par exemple. Ils ont, chacun à leur manière, su séduire les médias, mais leurs idées ne seront jamais suffisamment partagées par les français pour que ça fasse quelque chose. Ils sont juste des guignols qu'on agite sur les plateaux pour montrer que la France est encore en démocratie.

Pour un véritable changement, venant d'une action collective, il faudrait que tous les laissés pour compte de la vie politique se rassemblent et forment un mouvement qui serait sans doute atypique.
On pourrait y croire. Les alter-mondialistes, anticapitalistes, écolos, décroissants, et autres bandes de joyeux drilles partagent, c'est certain, quelques morceaux d'une vision de la société différente. Comme il est peu probable que les leaders de chacun de ces groupuscules lâchent leur bribe d'influence, il faudrait qu'ils mettent leur poing dans leur poche et acceptent une forme de consensus, les grands traits d'un programme commun, et ça, je vous le dis comme je le pense : c'est absolument impossible.

J'en veux pour preuve, justement, les commentaires relevés sur le blog du comité de salut public, et la discussion que j'ai eu là-bas avec un certain Anonyme au sujet de l'attaque en règle de Lutte Ouvrière contre les idées des objecteurs de croissance.
Un débat que j'avais déjà vu, et auquel j'avais participé ailleurs. Tout ça pour dire que ce n'est pas un cas isolé, mais bien une généralité : pour lutte ouvrière, les décroissants ne sont pas des sympathisants plus ou moins anticapitalistes comme eux, mais bien des ennemis qui viennent manger des parts de marché dans leur pré carré.
Selon LO, la décroissance ne serait qu'une mode bobo qui consisterait à refuser aux pauvres les écrans plats qu'ils méritent pourtant, et des anti-progrès notoires. Faisant fi de toutes les lois scientifiques et de la disponibilité des ressources naturelles, LO essaie d'expliquer que si le monde va mal c'est d'abord et uniquement à cause des patrons.

À partir de là, je pense que si on doit réunir dans un même meeting, ou derrière une même banderole des gens qui ont cette fameuse estime les uns des autres, c'est pas gagné.
En revanche, si au quotidien, dans les actes de consommation ou de comportement, les idées de ces deux courants (et des autres) se rejoignent, il n'est nul besoin de les fédérer pour que leur poids soit réel.

Je vais prendre un exemple aussi idiot qu'inutile, mais qui illustre, et c'est bien tout ce qu'on demande à un exemple. Il y a quelques années maintenant, en 2007, les internautes se sont amusés à faire du Google Bombing sur le nom de Sarkozy, en y associant le nom d'Iznogoud.
Si seuls les blogs socialistes s'y étaient mis, il y a des chances que ce serait passé plus ou moins inaperçu. Mais Sarkozy a beaucoup d'ennemis, à sa droite, comme à sa gauche. Une masse critique d'ennemis qui a fait pencher le moteur de recherche, pendant quelques semaines au moins, inversant les résultats de Google pour les requêtes "Iznogood" et "Sarkozy".

Vous allez me dire qu'on ne fait pas une révolution avec du Google Bombing, et vous auriez raison. Mais cela montre la relative puissance du comportement individuel, au moins dans le monde virtuel. Je pense qu'il ne manque pas grand chose pour que cela se passe dans le monde réel. Les différentes flash-mobs qui sont organisées ici et là me semblent être des premiers pas, même si ce ne sont pas (encore) des messages politiques qui sont véhiculés par ces évènements.
Je vois derrière tout ça un soupçon de désobéissance civile policée. C'est peut-être un peu mou du genou pour ceux qui attendent le "grand soir". Mais ça me semble bien plus réaliste, moderne et efficace que du militantisme de base.

Je pense par ailleurs que ceux qui attendent sagement le moment pour sortir les fourches et descendre dans la rue, s'ils ne sont pas inactifs, leur action est bigrement inefficace jusque là.
Quand le comité de salut public nous dit "Et cultiver son jardin dans son coin en attendant les bouchers...très peu pour moi.", on en apprend finalement que très peu sur son engagement quotidien et ses solutions à lui.

Commentaires

1. Le vendredi, 22 janvier 2010, 01:27 par blabla

«Si l'on attend que l'Homme providentiel (remplacez Homme par Femme ou Parti ou Syndicat ou ce que vous voulez) rassemble derrière lui suffisamment de monde pour fomenter une révolution qui a de la gueule, on risque de patienter longtemps.»

T'as toujours rien compris a la définition de base de "politique" et encore moins de "parti".

«est de dire que le changement ne viendra pas de la politique, mais de l'action ou plutôt la somme des actions individuelles.»

Il me semble pourtant que cela porte un nom hein => libéralisme.

«l'Homme devra en effet réunir deux qualités essentielles :
- Proposer quelque chose de suffisamment consensuel pour qu'une masse critique suffisante le suive les yeux fermés.
- Être capable de passer à la télé, avec ce que ça suppose de copinage avec les médias, de gueule télégénique, de chargés de comm' payés une fortune et tout ça.»

Ouai, t'as vraiment rien compris, un conseil, évites de te poser en donneur de leçons, non vraiment, c'est pour ton bien que je le dis.

2. Le vendredi, 22 janvier 2010, 08:01 par Merome

@blabla : Nous attendons tous tes explications pour y voir clair. Pour l'instant, c'est fumeux.

3. Le vendredi, 22 janvier 2010, 10:17 par N'importe quoi

"La critique est facile, l'art est difficile"

blabla, pour l'instant le seul donneur de leçon que je vois c est toi.

Donc vas y montre nous la voie puisque TOI tu as compris les définitions de base (sérieux comment on a pu vivre jusque là sans ta lumière....) par contre à priori tu n'as du apprendre ni la définition de base de débat constructif ni celle de respect.

En tout cas toute cette critique gratuite me fait bien rire venant de quelqu'un qui descend en flèche le fond d'un exercice qu'il ne réalise pas lui même...
Enfin des "mieux-pensant" comme toi on en voit tous les jours...

Pour finir, je citerai juste un sage :

"un conseil, évites de te poser en donneur de leçons, non vraiment..."

et n'oublie pas !!!!

C'est pour ton bien que je le dis. ;)

4. Le vendredi, 22 janvier 2010, 13:21 par blabla

Aucune leçons dans mes propos, simple constat, ca viens faire la moral sur la politique et les parti mais ca n'en connait même pas le sens…

C'est juste ridicule.

Mais jvous laisse dans votre petite secte les décroissant, vous etes tous d'accord entre vous et surtout vous ne vous critiquez pas un seul instant, comme d'autres, on comprend dessuite mieux pourquoi la moindre petite critique vous rend dingue et vous fait perdre vos moyens.

5. Le vendredi, 22 janvier 2010, 16:16 par Nath

"Quand le comité de salut public nous dit "Et cultiver son jardin dans son coin en attendant les bouchers...très peu pour moi.", on en apprend finalement que très peu sur son engagement quotidien et ses solutions à lui." => Je me suis fait la même réflexion en parcourant son blog (mais peut-être ne suis-je pas remontée assez loin dans les billets)

Et pour offrir une alternative rafraîchissante à tous ceux qui ne savent que critiquer, voici un joli blog optimiste (ça change) qui ne se veut pas donneur de leçons :
http://bonnenouvelle.blog.lemonde.f...

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