On a perdu sa trace depuis bien longtemps

Vous vous inquiétez sans doute de lire de moins en moins d'articles politiques sur ce blog, c'est gentil de votre part, mais je vais vous expliquer : je suis blasé.

Je pense que la politique n'existe plus. Elle est morte bien avant Philippe Séguin, abandonnée par les politiciens eux-mêmes qui lui ont préféré la célébrité et l'argent. Pas un homme, pas une femme, à droite ou à gauche, qui ne fasse vibrer l'électorat. Tous arrivent avec le même schéma de pensée, en utilisant les mêmes ficelles et en commettant les mêmes erreurs.

La politique n'existe plus, sujet déserté par les médias.Cherchez la rubrique "politique" de Google Actu (y en a pas). Les médias traditionnels n'en ont gardé que le nom : la page politique de lemonde.fr à l'heure où j'écris ce billet parle de croissance, d'économie, ou des gesticulations égocentrées des politiciens eux-mêmes, celle de Libération consacre la plupart de l'espace au débat sur l'identité national dont tout le monde se branle.

La politique n'existe plus depuis que la démocratie est devenue si moderne et perfectionnée qu'elle peut se permettre de s'asseoir sur les résultats des urnes. Après le TCE en 2005, il y a eu plein d'autres exemples dont les plus récents : Hadopi rejeté, mais revoté, la taxe carbone déclarée inconstitutionnelle mais dont on nous promet une autre version rapidement...

La politique n'existe plus parce que les intérêts économiques priment maintenant sur ceux des peuples. On n'entend plus parler du réchauffement climatique qui fera sans doute plus de victimes que les malheureux Haïtiens dans les prochaines années. Copenhague est redevenue une ville danoise parmi d'autres et pas plus nos émissions de CO2 que notre consommation effrénée de ressources ne sont remises en cause. Encore moins le modèle de développement désastreux qui nous a mené jusque là.

La politique n'existe plus pendant les soldes, ni pendant les fêtes de Noël. On n'a pas le temps de s'en occuper quand on bosse et on a autre chose à foutre à la maison. Les inégalités nous sont égales tant que nous sommes supérieurs aux autres.
Lorsque le "système" cherche dans la population une nouvelle victime à mettre au chômage ou même simplement à la diète, pour l'enrichissement et le soi-disant bonheur de tous les autres, chacun de nous baisse les yeux au lieu d'affronter son regard cynique.
Misérables pions sur un échiquier trop grand pour nous, chacun de nos actes, chacun de nos immobilismes, participent à la déshumanisation de la société.

La politique n'existe plus car nous pensons d'abord à défendre notre pré carré. Individualistes forcenés, plus aucun combat collectif ne pourra être mené. Inutile d'espérer une révolution, ou même simplement un changement, il faudrait que cela puisse se faire depuis notre canapé, devant la télé, en tapant "2" sur notre téléphone portable.

Vous trouvez ça pessimiste ? Pas moi. Derrière les individus égoïstes que nous sommes tous, il y a des richesses insoupçonnées. Il y a tout ce qui échappe à la société, aux médias et aux politiciens. Les échanges de biens et de services gratuits. Les produits du terroir de bien meilleure qualité. Les tartes aux pommes de la grand-mère, sans crème ni gélatine qui brille sous les néons des commerçants. Il y a toutes ces idées et cette culture qui circule librement (encore) sur internet. Les logiciels libres, wikipédia, les blogs, les forums...
Nous n'avons besoin de personne pour changer le monde qui nous entoure. Il suffit de commencer par changer soi-même. Proposer autre chose. Un idéal individuel.

Peut-être que la politique n'existe plus parce que nous n'avons plus besoin d'elle ?

Commentaires

1. Le jeudi, 14 janvier 2010, 16:15 par Le Monolecte

Excellent papier qui résume tout et prouve le contraire de son titre!

2. Le jeudi, 14 janvier 2010, 16:18 par Bob

Moi ça fait juste quatre ans que je te le dis, Merome :)

3. Le jeudi, 14 janvier 2010, 16:43 par leo

ce que tu écrit c'est nul :
tu fais le point sur ce que tous le monde sais déjà et en plus tu est totalement négatif,

les problèmes ils sont faciles à trouver, mais écrit donc un petit mot sur les solutions ....

4. Le jeudi, 14 janvier 2010, 17:19 par manu

Constat lucide.
Heu, il me semble que vous vouliez écrire :
Pas un homme, pas une femme, à droite ou à gauche, qui <strike>ne</strike> fasse vibrer l'électorat.
Non ?

5. Le jeudi, 14 janvier 2010, 17:36 par Un cassandre

Sans espoir, il n'y a ni politique ni révolution.
Notre société est désespérée, donc elle se replie sur soi, essaye de survivre, et ne se mobilise plus.
C'est l'age d'or du plaisir individuel comme fuite en avant pour oublier le mur vers lequel on fonce.
Vive le présent, car le futur c'est le mur.
Sans futur, pas d'espoir.
Sans espoir, pas de politique.

6. Le jeudi, 14 janvier 2010, 19:56 par Marmar

Les possédants disent depuis toujours que la politique n'existe plus . Mais ils votent beaucoup plus que les autres pour maintenir leurs privilèges. La seule chance de Sarkozy est un abstentionnisme massif. Les media domestiqués y préparent les esprits.

7. Le jeudi, 14 janvier 2010, 20:12 par Merome

La politique n'existe plus, ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas voter. Je continuerai à déposer mon bulletin dans l'urne chaque fois que l'on me consultera. Quant aux solutions, comme je le dis en conclusion, je crois qu'elles sont individuelles. J'essaierai de développer tout ça dans d'autres billets. Stay tuned.

8. Le jeudi, 14 janvier 2010, 20:45 par Zazou

J'trouve ça nul de dire que la politique n'existe plus. Elle existait au XVIIIeme siècle alors qu'il y avait pas d'hommes politiques. Et pas d'éléctions.

Y a plein de choses à faire, plein de choses à dire et à inventer, mais c'est sûr si on croit que la politique c'est choisir entre Aubry et Royal, alors ok c'est mort, c'est bien un truc de sociamou.

9. Le jeudi, 14 janvier 2010, 20:48 par Merome

Je trouve ça nul qu'on dise "je trouve ça nul"

10. Le jeudi, 14 janvier 2010, 21:53 par Stef

Tant mieux si elle n'existe plus, la politique je trouve ça nul. :)

11. Le vendredi, 15 janvier 2010, 01:14 par Fil

C'est quoi la politique ? (je déconne -presque- pas)

12. Le vendredi, 15 janvier 2010, 11:24 par CSP

Bon : je ne suis pas d'accord, et plutôt que pondre un commentaire interminable, je vais faire un billet chez moi, tiens.

13. Le vendredi, 15 janvier 2010, 18:17 par Manu

Nous sommes encore pour l'instant dans une démocratie relative et par conséquent le comportement de nos dirigeants et des personnalités politiques en général est avant tout permis par l'inculture et la bêtise crasse des Français.

Quand on vote pour quelqu'un qui met l'Etat partout (chiens, façon de s'habiller, sifflets dans les stades et autres lubies) comment peut-on s'étonner d'en arriver à avoir un impôt sur le poisson ou sur le chauffage?? L'Etat partout ça veut dire des impôts partout c'est quand même logique.

Quand on vote pour quelqu'un qui proposait de baisser les taux d'intérêt en pleine crise inflationniste comment peut-on s'étonner que notre économie aille mal? Il suffit d'avoir fait 2h d'économie dans sa vie pour le comprendre!!!

Quand on vote pour quelqu'un qui n'a jamais été autre chose qu'un aristocrate rentier peut-on s'imaginer une seconde qu'il connaisse la vie d'un Français moyen?

Et je me contente de parler du pouvoir actuel car c'est lui qui est en train de couler la France et de déployer des efforts colossaux pour appauvrir les Français.

14. Le vendredi, 15 janvier 2010, 19:08 par werdna

Magifique ton message et tellement réaliste. Rien ne changera si nous attendons tout de l'extérieur. Prenons nous en charge en tant qu'individu autonome et responsable et démontrons qu'un autre être humain est possible... Nous sommes nombreux à le penser, il faut absolument le faire pour ne pas finir comme un légume...
Merci

15. Le samedi, 16 janvier 2010, 08:54 par mh,

Joli ! J'aime bien la "chute"

16. Le samedi, 16 janvier 2010, 11:30 par bert

Y'a des gens qui tous les jours se battent et gardent espoir. Des salariés licenciés qui tentent de se faire entendre. De vrais syndicats, comme la CNT, qui tentent de démontrer qu'une autre voie est possible. Des syndicalistes en rupture de centrale qui essaient au quotidien de continuer le combat. Des gens qui bravent la taule pour aider des sans papiers ou des prisonniers traités comme des bêtes. Des intellectuels qui bravent la censure médiatique pour faire entendre un autre son de cloche. Jamais la vrai politique ne s'est aussi bien portée depuis les années trente! la politique, ce n'était pas la gentille alternance de mensonges droitiers ou gauchistes, les pas de deux de supposés socialistes ou d'avérés fachos. La politique, c'était pas les jospinades ou les raffarinades, les coups bas de Mitterand ou les escroqueries de Giscard.
La politique, c'est pas le show médiatique ou les clubs de foot de Tapie.
La bonne nouvelle de notre époque, c'est que l'imposture est levée, désormais, il est évident que le choix droite/gauche de nos élites n'est qu'une question de place à pourvoir àla sortie de l'ENA. Fini le mensonge. Ravi je suis de voir la politique a papa enfin sentir l'odeur de décomposition que les beaux discours arrivaient à cacher jusque là. Ya basta.

17. Le mercredi, 20 janvier 2010, 12:19 par Jack WILSON

La politique existe toujours et bien heureusement.

Néanmoins, nous avons les dirigeants que nous méritons.

La grande difficulté réside dans la conscience politique de chacun.

Or, aujourd'hui, le rêve de Jules Ferry s'est effondré. L'éducation nationale ne forme plus de citoyens mais des consommateurs et des cadres soumis pour la pluparts analphabètes. Comment susciter un intérêt politique quand les citoyens ne comprennent pas ce qu'on leur dit. Ils sont cependant loin d'être stupides puisqu'ils ont bien le sentiment qu'on leur ment, mais ce n'est pas suffisant pour proposer des solutions et s'investir utilement dans le débat politique.

Le premier grand chantier national et européen sera dans l'éducation de nos enfants et le rétablissement de l'école Républicaine. C'est tant l'affaire des parents que des politiques.
En France, Claude Allègre a tenté de réformer le mamouth. Il s'est heurté au corporatisme des professeurs et au manque de courage politique de monsieur Jospin (ce dernier ne pouvant faire l'impasse sur 1 millions de voix). Fin des années 90 on détecté 47% d'enfants analphabètes dont certains illettrés en classe de 6e. L'Education Nationale ne s'est pas ventée de ces chiffres. Ce sont les entreprises qui sont obligées de prendre le relais. Par exemple, les entreprises de commission de transport sont contraintes de payer des formation en géographie à leur nouveaux salariés: ils ne connaissent pas les pays où ils doivent expédier les marchandises!

Pendant 20 ans on a cherché à fermer les internats jugés non rentables. Aujourd'hui, nos politiques parlent des internats d'excellence. C'est une bonne chose mais on se moque du monde.
Enfin, vous remarquerez que tous les politiques qui font le choix du fonds plutôt que de l'image médiatique et du politiquement correct sont ignorés tant des médias que des citoyens. Il y a réellement une difficulté de réception du discours politique.

Il faut se réapproprier la politique et le mouvement ne viendra que du "bas". Il est assez inutile de se pleindre. Il faut prendre les choses en mains.

Pour reprendre une image vulgaire mais tout à fait parlante:
"Citoyens, sortez vous les doigts du cul".

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