Quinze ans après, il sévit toujours !

Il y a déjà près de quinze ans, j'écrivais tout le mal que je pensais de cette prouesse technologique dont seul l'Homme est capable : le souffleur de feuilles.

Aujourd'hui, l'affaire a pris un tour nouveau car plus personne n'ignore les méfaits du changement climatique et tout le monde commence à en sentir ses effets avec les canicules et sécheresses à répétition. Pourtant, dans la petite ville au bord du lac Léman où je viens de passer quelques jours caniculaires, l'outil est utilisé quotidiennement par les agents de la ville qui s'évertuent à souffler les feuilles toutes sèches qui tombent sur la pelouse déjà grillée. On n'est pas encore tout à fait au niveau de certaines communes qui repeignent littéralement la pelouse en vert, mais on s'en approche dangereusement.

Je ne suis pas spécialiste en espaces verts, mais comme je suis un riche propriétaire terrien de 11 ares avec un peu de pelouse autour, j'ai déjà pu constater par moi-même la chose suivante : plus on coupe l'herbe rase, plus elle grille au soleil quand la canicule fut venue. J'ai donc réglé ma tondeuse robot de bobo au niveau le plus haut, et je la désactive aussi souvent que nécessaire pour que l'herbe reste haute (et je laisse en friche certaines zones pour favoriser la biodiversité). Il est par ailleurs assez facile de comprendre que les déchets végétaux nourrissent le sol. Les forêts sont généralement luxuriantes et humides à souhait précisément parce qu'on laisse tout le matelas de feuilles former l'humus qu'il est si agréable de fouler en toutes saisons. Bref, la nature, quand on lui fout la paix, se débrouille pas mal.

Dans cette petite ville dont je tairai le nom parce que j'ai bien peur que toutes celles voisines et même plus loin observent la même politique industrielle de gestion des espaces verts, on fait l'exact inverse :

  • la pelouse est rasée régulièrement au quart de poil près, y a pas un brin d'herbe qui dépasse. On utilise pour ça la tondeuse et la débroussailleuse thermiques.
  • la moindre feuille d'arbre qui ose se poser sur l'herbe est immanquablement soufflée dès le lendemain matin tôt, on utilise pour ça le souffleur de feuilles et la balayeuse thermiques

Le résultat est épatant :

  • L'herbe est parfaitement jaune, aucune trace d'humidité ne subsiste, aucune fraicheur.
  • Quand on marche dessus, on a le sentiment si agréable de fouler des débris de verre brulants. Ça fait scritch, scritch.
  • Il y a toujours autant de feuilles dans les pelouses, parce que dès que le gars a le dos tourné et son souffleur avec, d'autres feuilles tombent, les fourbes.
  • Pendant la canicule, les employés s'adonnent à cette tâche dès 7h00 du matin, afin de s'assurer sans doute que personne ne puisse dormir au seul moment où il est encore possible d'ouvrir les fenêtres parce que la température est enfin descendue en-dessous de 42°C.
  • Ça fait du bruit, ça pue, ça augmente le changement climatique futur et donc les pelouses seront plus jaunes, les feuilles sèches tomberont plus tôt et plus nombreuses.
  • Des dizaines d'employés communaux/Shadocks s'usent le dos, les oreilles chaque jour à cette passionnante tâche.

Bref, on n'y voit aucun inconvénient, donc pourquoi ne pas continuer ?

J'aimerais connaître et avoir une discussion avec les décideurs fins gestionnaires qui oeuvrent de la sorte. Quelles sont leurs motivations profondes ? Est-ce le plaisir de faire du bruit avec des engins comme ceux qui vont vroum vroum pouêt pouêt sur les routes ?

Je pense qu'on est un certain nombre à vouloir vous confier le message suivant : allez vous faire cuire le cul avec vos bordels thermiques qui font du bruit et qui polluent pour rien !

 

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