Cette fois c'est la bonne ?

Ainsi donc, nous revoici à la veille d'une élection présidentielle. Depuis que j'ai ouvert ce blog en 2005, c'est la quatrième dont je parle ici. Comme beaucoup de citoyens je suppose, je n'attends plus grand chose de l'élection elle-même, procédure de sélection la plus aristocratique et la moins démocratique qui soit, mais chaque fois je me prends à espérer que ce moment particulier où tout le monde parle de politique, va être l'occasion d'un grand et nécessaire chambardement. Un point de bascule. Voilà ce que ça pourrait être, parce que la défiance n'a jamais été aussi forte (à l'heure où j'écris ces lignes, des milliers de personnes défilent à Paris comme chaque samedi ou presque depuis le début des gilets jaunes en novembre 2018 !), parce que les candidats n'ont jamais été aussi mauvais, parce que le changement climatique n'a jamais été aussi palpable et grave, parce que le prix de l'énergie continue de monter et que c'est inévitable dans un monde fini...

La campagne est partie sur les chapeaux de roues avec en tête de con gondole Eric Zemmour. Dernier produit fabriqué par les médias aux mains des riches industriels et financiers, et qu'on essaie de nous faire passer pour un anti-système. J'ai envie de dire lol. Le mec reçoit déjà les industriels dans un hôtel particulier où les femmes sont interdites de séjour (ce qui n'est pas sans rappeler les coutumes de l'islam le plus radical). Sa directrice de campagne a été promue à la cour de comptes par Macron himself cet été. J'aime autant vous dire que le système a drôlement peur de Zemmour.

Seul intérêt de ce Zygoto : il arrive dans les sondages comme un chien dans un jeu de quilles et le 2ème tour Macron/Lepen qu'on nous promettait depuis des lustres devient plus incertain. Ça tombe bien : personne n'en voulait. D'ailleurs, ça n'a ému personne pendant des mois de constater ce phénomène étrange : personne ne voulait d'un 2ème tour Macron Lepen, pourtant il était plus que probable jusqu'à il y a un mois. Comme si les élections ne permettaient pas de déterminer les véritables intentions des électeurs.

Ça n'émeut pas davantage qu'un trublion sorti de la télé puisse bouleverser à ce point les choses selon s'il se présente ou pas. À la fin, pourtant, ce sont les mêmes citoyens qui votent, un système véritablement démocratique devrait produire une incroyable stabilité des projections puisque l'opinion ne change pas du tout au tout en 15 jours. On accepte donc volontiers que telles ou telles idées passent le barrage du premier tour ou pas selon des considérations totalement arbitraires liées à la médiatisation ou non de certaines personnes. Vous comprenez : on vérifie dans chaque bureau de vote que l'urne est transparente, que les gens votent bien dans l'isoloir, que les décomptes sont faits dans les règles de l'art, de manière à ce qu'aucune voix n'échappe à la noble démocratie dont nous sommes si fiers. Par contre, si un malencontreux coup du sort empêche près de la moitié des gens d'avoir un candidat qui a du sens pour eux au 2ème tour, ruinant toute la signification de millions de voix, ça, tout le monde s'en fout. C'est le jeu ma pauvre Lucette. C'est ni plus ni moins important que les règles immuables de Koh Lanta qui changent tout le temps. C'est un spectacle.

Les gens de gauche ont déjà goûté deux fois à la plaisanterie, en 2002 et 2017, ce serait un juste retour des choses que les gens de droite se retrouvent avec un très improbable 2ème tour Mélenchon/Jadot, pour qu'ils se rendent compte de ce que ça fait. Je pense que ça accélérerait drôlement la réforme du système politique parce que d'un coup tout le monde aurait bien conscience que quelque chose dysfonctionne...

Bon, les députés s'inquiètent cependant (déjà ?) de l'abstention. Alors ils nous ont pondu une consultation citoyenne à laquelle je vous invite à participer. C'est limite drôle tellement il est visible que ceux qui ont conçu le questionnaire n'ont rien compris au problème. En résumé, ce qui transparaît en filigrane au fil des questions c'est : "l'élection est un génial outil démocratique, pourquoi bon sang vous ne l'utilisez pas plus ?".  Malheureusement les cases pour expliquer vraiment ce qu'on en pense sont assez limitées, et il faut redoubler d'attention pour ne pas cocher quelque chose qui pourrait laisser penser que c'est juste parce que les candidats sont mauvais ou les citoyens débiles que ça cloche.

Bref, je m'interroge vraiment sur la bonne attitude à avoir si les élections parviennent à se tenir au mois de mai prochain (je rêve d'un soulèvement ou autre événement extraordinaire qui empêcherait le truc de se tenir de façon normale, une étincelle qui mettrait le feu au poudre). Soit on fait confiance aveuglément à l'unique candidat qui aborde ce sujet (et le problème climatique) et le traite convenablement sur le papier. Le programme de l'avenir en commun est clair :

La nouvelle Constitution dont la France a besoin doit être radicalement nouvelle, y compris dans sa méthode d'écriture : elle ne peut être un simple rafistolage de la 5e République, ni se résumer à quelques réformes octroyées par le futur président de la République. C'est le peuple lui-même qui doit s'emparer de la question et s'impliquer tout au long d'un processus constituant. Nous proposons la convocation d'une assemblée spécifiquement chargée de rédiger une nouvelle Constitution sous le contrôle des citoyens : une Assemblée constituante. Nous soumettrons à ses travaux des propositions pour une 6e République démocratique, égalitaire, instituant de nouveaux droits et imposant l'impératif écologique.

Soit on se démerde pour provoquer l'événement qui empêchera l'élection de se tenir pour s'auto saisir du problème, sans passer par la case Mélenchon qui, je le conçois, peut en effrayer plus d'un.

D'autres idées ?

Commentaires

1. Le dimanche, 30 janvier 2022, 14:27 par Krka

Bonjour Merome,
je repensais à toi en pleurant récemment. Un de tes vieux articles disaient "les élections nous divisent". Et j'en fait l'amer constat, même si je trouvais ca juste à l'époque, là, je le ressent dans ma chaire :
Mes amis PCF, PS et LFS sont très fâchés entre eux. Ils rendent tous responsable les 2 autres des divisions de la gauche et de la probable prochaine défaite; se battre ensemble contre un gouvernement devient presque impossible, alors gouverner ensemble ...
Je pleure, par ce que tu as raisons, et que je n'ai pas de solutions (si en fait tu en proposes, mais je ne vois pas comment réussir à la mettre en œuvre de mon vivant).
Amitié
Krka, Sidro79

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