Retour d'expérience d'une vasectomie à visée contraceptive

Si je vous parle aujourd'hui d'une expérience un peu personnelle, c'est que cette méthode contraceptive définitive et masculine est assez peu commune et connue, et c'est un tort, selon moi.

La contraception est souvent l'affaire des femmes, et dans mon couple comme dans la majorité des autres, c'est toujours mon épouse qui s'est occupée de ça, sans même qu'on en discute au préalable. Aujourd'hui dans nos sociétés, il est "naturel" que les jeunes femmes prennent une pilule contraceptive dès qu'elles sont en âge de procréer, puis passent au DIU (dispositif intra-utérin ou stérilet) quand elles ont mis au monde leurs enfants. Nous autres, les hommes, n'avons pour la plupart aucun désagrément lié à la contraception, aucune visite gênante et régulière chez un andrologue, aucun effet indésirable de la pilule, aucune douleur à la pose d'un quelconque dispositif à l'intérieur de notre corps. C'est très confortable.

Comme la pilule et le stérilet ne sont pas forcément des solutions éternelles et viables à terme, une stérilisation définitive est souvent pratiquée à partir d'un certain âge (entre 40 et 60 ans), et là encore, en majorité, ce sont les femmes qui s'y collent. L'opération n'est pas tout à fait anodine, même si elle est relativement banale, car l'appareil reproducteur féminin est interne, il faut donc trouver une voie d'accès pour ligaturer les trompes. La vasectomie est l'opération correspondante chez l'homme, avec le net avantage que notre appareil reproducteur est externe, et donc l'accès beaucoup plus facile. La logique voudrait que cette opération soit effectuée le plus souvent sur les hommes, et bien évidemment, ce n'est pas le cas. Le fait que la médecine soit essentiellement une affaire d'hommes n'y est sans doute pas étranger.

A l'automne dernier, j'ai donc testé pour vous la vasectomie à visée contraceptive. Très concrètement, il s'agit d'une opération sous anesthésie (globale dans mon cas, mais parfois locale, selon les praticiens) qui dure quelques minutes et pendant laquelle l'urologue sectionne les canaux déférents qui conduisent les spermatozoïdes des testicules vers la verge. C'est extrêmement simple, mécanique, efficace et avec très peu de risques opératoires (beaucoup moins qu'une ligature des trompes). Il faut s'y prendre un peu longtemps à l'avance puisqu'un délai de 4 mois obligatoire et légal entre le premier rendez-vous avec un urologue et l'opération doit être respecté. En effet, l'opération étant définitive et irréversible, il ne s'agit pas de changer d'avis après coup.

Opéré tôt le matin, je suis ressorti vers 13h, à peine assommé par l'anesthésie, mais sans douleurs particulières. En fait, le plus traumatisant et handicapant, ce fut la repousse des poils quelques jours après l'opération ! Je vous passe les détails, mais ça irrite.

La stérilisation n'est pas immédiate. Il peut rester des spermatozoïdes dans les tuyaux pendant plusieurs semaines, et il est conseillé de pratiquer une spermographie au bout de trois mois pour confirmer que plus rien ne passe. Ce n'est pas le moment le plus agréable car il faut se concentrer un peu pour ne pas penser à l'infirmière à moustaches (littéralement !) qui vous demande de faire le "prélèvement". C'est l'occasion de vérifier que vous n'avez pas perdu la main...

Sinon, il n'y a aucun effet secondaire, ni sur la libido, ni sur la quantité, la couleur, le goût (!), le débit, la production d'hormones, la sensation... Tout est exactement pareil après qu'avant. Le seul "risque" est psychologique, si vous vous mettez dans la tête que vous n'êtes plus vraiment un homme à cause de ça, cela peut vous mettre la pression...

Au contraire, dites vous que votre femme appréciera que vous preniez les choses en main, si je puis dire. On ne devient pas un héros en pratiquant une vasectomie, mais au moins, on prend notre part dans la charge mentale que constitue la contraception dans un couple.

Si vous avez des questions pas trop indiscrètes, j'y répondrai volontiers dans les commentaires.

Commentaires

1. Le jeudi, 11 avril 2019, 16:33 par marctapages

Merci pour ce partage !
Petite précision sur le DIU : les femmes nullipares peuvent aussi l'utiliser (https://martinwinckler.com/spip.php...)

2. Le jeudi, 11 avril 2019, 22:15 par Cousin du Jura

Hello,
Bravo pour ton courage d'avoir sauté ce pas et d'en parler avec clarté et humour !
s@lut chez toi.
Y

3. Le lundi, 15 avril 2019, 14:18 par Merome

@marctapages : je savais pour le DIU. Dans les faits, c'est assez rare que ce soit la méthode utilisée par les nullipares. Je suis fan de Winckler aussi :)

@cousin du jura : si c'était ma femme qui l'avait fait, personne ne l'aurait félicité pour son courage... A mon sens, ce n'est pas une question de courage, que ce soit l'homme ou la femme qui s'y colle. C'est un choix qui devrait être fait par le couple en toute connaissance de cause. Mais on est très mal informé... Bonjour chez toi aussi !

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