Ma fille m'a fait découvrir (avec plusieurs années de retard) les deux rappeurs toulousains. Leçon de rattrapage pour ceux qui, comme moi, ont arrêté d'écouter la radio.

Je déplore régulièrement comme tout vieux con qui se respecte la qualité des chansons qui passent à la radio et à la télé, quand je tombe dessus par hasard. La forme, le fond, tout m'est inaudible, des échecs de rimes à la voix vocodée, en passant par les clips plus ou moins obscènes sans même être érotiques... (Rendez-nous Madonna et Mylène Farmer... Enfin quand elles étaient jeunes, parce que maintenant... Sans contrefaçon).

Et puis voilà que n°3 me parle de Bigflo & Oli, deux frères de Toulouse qui font du rap. Les singles, sans être totalement désagréables, sont assez insignifiants, même si les paroles sont déjà un peu au-dessus de la moyenne de ce qu'on peut entendre par ailleurs. Par exemple dans "Dommage", il y a ce couplet qui, sans être extraordinaire, n'est pas tout à fait anodin :

Pauline elle est discrète, elle oublie qu'elle est belle
Elle a sur tout le corps des taches de la couleur du ciel
Son mari rentre bientôt, elle veut même pas y penser
Quand il lui prend le bras, c'est pas pour la faire danser
Elle repense à la mairie, cette décision qu’elle a prise
A cet après-midi où elle avait fait sa valise
Elle avait un avenir, un fils à élever
Après la dernière danse, elle s'est pas relevée

Et puis, en cherchant à en savoir un peu plus, je me rends compte que ces gamins sont loin d'être crétins. Dotés d'une "solide formation musicale" selon Wikipédia, et critiquant régulièrement leurs collègues chanteurs à succès pour le thèmes de leurs chansons ou leurs objectifs de vie, ils semblent avoir quelques comptes à régler avec la profession en s'adressant directement au public et sans chercher à rejoindre le star-system.

Alors j'ai acheté le coffret regroupant leurs deux premiers albums "La cour des grands" et "La vraie vie", j'ai mis ça dans l'auto-radio et là, tout le monde s'est tu dans la voiture pour ne pas louper une seule parole (et parfois, ça va vite, faut être attentif !).

Bigflo & Oli racontent des histoires du quotidien, poignantes ou dérisoires, mais avec un certain sens du flow et de la punchline (je fais semblant de connaître le rap, mais en fait pas du tout : à part quelques chansons de MC Solaar, j'ai jamais trop apprécié le genre). Par certains côtés, ça me fait énormément penser aux textes des cowboys fringants qui tombent tellement justes et ou chaque mot semble choisi pour son sens autant que pour ses sonorités harmonieuses. Utilisant leurs deux voix pour enchainer les dialogues, ou présenter deux points de vue d'une même scène, c'est riche et original, surtout dans le rap. Là où tous les rappeurs éructent avec violence sur la société, Bigflo et Oli la dépeignent si adroitement que la critique en est d'autant plus riche et acerbe. Il y a aussi une certaine naïveté très rafraichissante, une envie de changer le monde qui fait plaisir à voir.

Musicalement, il y a aussi de la recherche, avec souvent un lien étroit entre le thème abordé et l'ambiance sonore. De l'instrument électronique et de l'acoustique tout bien mélangé comme il faut.

Bref, il y a des vraies perles dans ces deux albums (peut-être plus dans le premier que dans le second) et ce serait dommage de passer à côté. Alors je vous invite à écouter ces quelques chansons sans doute moins entendues à la radio :

 



Et en live ça donne ça :

C'était vraiment une belle découverte pour moi. Je vais maintenant surveiller ce qu'ils font et vérifier qu'ils restent dans le droit chemin... Comme un père avec sa fille.

Commentaires

1. Le lundi, 30 avril 2018, 14:39 par Un collègue du 3ème

Tu peux aussi essayer Eddy de Pretto : https://www.youtube.com/watch?v=iA5...
C'est moi naïf, mais ça change aussi du reste du rap !

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