Le séparatiste du 14ème arrondissement

L'actualité récente en Catalogne me rappelle cette vieille chanson de Renaud qui va me servir de prétexte pour donner ma vision géostratégique des choses, en tant qu'expert auto-proclamé de la démocratie véritable.

Pour ceux qui ne connaissent pas, je parle de cette chanson de Renaud qui évoque ses tentations sécessionnistes à l'échelle de la Porte d'Orléans.

Vous avez remarqué qu'après un mouvement fort de globalisation et de mondialisation, on assiste à un retour de flamme de l'indépendance et de la souveraineté, sous différentes formes, des plus contestables (montée de la xénophobie, élection de Trump...) au plus ambiguës (Brexit, Catalogne...) en passant par les plus progressistes (souveraineté populaire = démocratie).

Les récents événements en Catalogne posent la question de l'autodétermination des peuples à l'heure de l'individualisme. On nous a vendu à vil prix l'idée que nous ne devions penser qu'à nos gueules, pour accéder à un paradis ultra-libéral où seuls les plus méritants survivent. On nous a mis en concurrence sur toutes sortes de marchés, à commencer par celui du travail. On nous a intimé des envies consuméristes à base de bagnole plus grosse que celle du voisin, de femme plus botoxée et siliconée, de voyages plus lointains. On nous a expliqué par le menu comment les charges sociales nous étouffent, nous étranglent, comment les impots nous rongent.

Comment s'étonner dès lors que la solidarité, que dis-je, l'idée-même d'humanité continue de faire tenir des assemblages aussi peu solides que les nations ? Et pourquoi telle région riche payerait pour telle autre plus pauvre ? Au nom de quelle loi, votée au nom de qui ?

Il faut dire que dans le même temps, les élus de tous bords et dans tous les pays se sont échinés à détruire l'idéal de la représentation sage et cultivée.

L'atomisation inévitable de la société qui résulte de tout ceci est par ailleurs rendue possible par l'autonomisation des gens par l'éducation populaire qui vient de l'internet. Chacun cherche dans son coin des manières sinon d'être totalement autonome, de gagner en indépendance dans la production d'énergie (et l'autoconsommation) et de nourriture (permaculture et compagnie). Dans un autre registre, la dégooglisation participe du même mouvement.

L'ironie, c'est que les grandes multinationales qui profitaient honteusement de la mondialisation, et encourageaient l'individualisme à grand coup de publicités ont creusé leur propre tombe. Les grands ensembles de population qui partageaient les mêmes intérêts explosent et vont laisser place à des communautés de plus en plus morcelées qui auront tout intérêt à consommer local. Pour caricaturer et imager ce concept : plutôt qu'une centrale nucléaire qui alimente tout le monde, les gens des montagnes produiront de l'énergie hydraulique et les littoraux de l'éolien ou du solaire, quitte à perdre en qualité de service.

L'observation de ces changements radicaux promet d'être passionnante. À condition de ne pas se retrouver soi-même sous les matraques.

 

Commentaires

1. Le jeudi, 5 octobre 2017, 17:41 par Alain

Bonjour,
l'idée d'autonomie est séduisante mais la contrepartie risque d'être la multiplication des conflits : en multipliant le nombre d'états "indépendants" on augmente ce danger. L'Europe du Moyen Age qui
était composée de quantité de petits "Etats" autonomes (souvent uniquement fédérés autour d'une
religion) était sans cesse en guerre.
Il est vrai que la constitution de grandes nations européennes n'a pas vraiment évitée, jusqu'à assez récemment, cet écueil.

2. Le vendredi, 6 octobre 2017, 12:21 par Merome

Je ne partage pas cet avis. L'indépendance n'est pas l'autarcie, ni le repli sur soi. Les conflits sont presque toujours le fait des délires mégalomanes de dirigeants piétinant la démocratie. Je peine à croire qu'une multitude d'assemblées citoyennes déclareraient plus de guerre que nos instances actuelles dites "représentatives".

Ceci dit, je pense qu'une organisation mondiale au-dessus de tout ça, type ONU reste utile et pourrait limiter encore ces risques.

Mais l'urgence, une fois encore, c'est la démocratie réelle.

3. Le lundi, 9 octobre 2017, 13:25 par alain

Je ne pensais pas autarcie ou repli sur soi en parlant d'indépendance, l'irrédentisme est un facteur
de risque constant dans un cadre d'indépendance régionale.
La SDN créée après la première guerre mondiale était totalement inefficace, l'ONU reste utile uniquement aux membres permanents dont le droit de veto est tout le contraire d'un principe démocratique.
La démocratie réelle doit prendre en compte l'homme réel, avec ses qualités et défauts, et pas l'homme fantasmé et là, la route est longue.

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