Il en restera toujours quelque chose.

Quand j'ai ouvert ce blog il y a dix ans, c'était les débuts de wikipédia et j'avoue que j'y croyais pas encore. En quelque sorte, je n'avais pas encore conscience de ce que représentait l'immensité de la population mondiale et de ses capacités. C'est vrai : on est une soixantaine de millions de français, mais on a du mal à se représenter la chose, combien ça fait d'adultes, d'enfants, et combien parmi eux ont les mêmes centres d'intérêts que moi, combien sont prêts à passer du temps à construire un "commun", bénévolement et sans arrière-pensée ?

Cette prise de conscience est rendue plus compliquée par un modèle de société individualiste qui tend à nous mettre en concurrence avec tous nos semblables, pour occuper un job à leur place, pour avoir une plus belle voiture et une plus belle maison, pour pouvoir rembourser nos échéances de prêts alors qu'on sait que tout le monde ne pourra pas le faire puisqu'il manque de l'argent pour ça. Bref, ce sentiment de "seul contre tous" nous fait voir le reste du monde comme essentiellement hostile et monobloc, on en oublie que les Hommes s'entraident volontiers et construisent des choses ensemble depuis la nuit des temps.

Wikipédia fonctionne, donc, grâce au dévouement de ceux d'entre nous qui sont assez à l'aise pour utiliser le bidule d'édition des articles (qui cela dit s'est grandement simplifié depuis qu'on édite directement l'article dans sa forme originale). Personnellement, j'y corrige régulièrement des fautes d'orthographe, plus rarement je complète ou corrige un article, mais en tout cas, je suis contributeur occasionnel et fier de l'être. J'ai aussi donné de l'argent à la fondation lors de la dernière campagne d'appel aux dons.

Il reste des milliers de choses à construire en commun et le projet qui attire mon attention ces derniers mois, c'est OpenStreetMap, qui est à Google Maps ce que Wikipédia est à l'encyclopédie Universalis. Nous avons tous plus ou moins compris que Google est devenue l'entreprise de laquelle il faut se méfier, mais des outils comme ceux-là, par leur aspect pratique, nous enchaînent au géant américain de façon durable. Aussi, en 2004, le projet OpenStreetMap voyait le jour et projetait de cartographier le monde par nous-mêmes, sans l'intermédiaire douteux d'une firme qui cherche à rendre la chose rentable d'une façon ou d'une autre.
Quand je suis tombé sur le site il y a quelques années, j'ai cru, une fois encore, que ça ne marcherait jamais. La carte était tellement pauvre que mon village y figurait à peine et sous un vocabulaire un peu étrange ("Doyenné de..." ou quelque chose comme ça). Mais en quelques années, la carte est devenue incroyablement complète, au point de surpasser Google Maps sur certains points et dans certaines régions.
Il y a des outils pour comparer les différentes cartes en ligne qui existent, jetez-y un oeil, c'est bluffant, ici sur un coin de Paris choisi au hasard :

OSMvsGMap.png

Là aussi, l'éditeur de carte a fait d'énormes progrès et tout un chacun peut désormais se plonger dans la cartographie de son petit coin sans risquer la rupture d'anévrisme. Car peut-être encore plus que pour Wikipédia, Open Street Map nous permet de mettre en commun des informations que nous sommes très peu nombreux à connaître de façon certaine. Par exemple, notre adresse postale exacte. Rien de plus facile que d'aller sur Open Street Map, d'y trouver sa maison et d'y renseigner son adresse complète. Pour quoi faire ? Parce que le format ouvert du projet permet à des milliers d'autres applications d'utiliser ces informations de façon intelligente. Par exemple pour citer la plus évidente : le calcul d'itinéraire par un GPS. Des amis doivent venir à la maison, ou un livreur doit passer chez vous ? S'il utilise un outil qui se base sur Open Street Map, il aura le point précis de votre maison sur son bidule.

Parlons justement des outils GPS qui utilisent Open Street Map. Je vais en citer deux, je ne sais pas si ce sont les meilleurs, mais ils me conviennent et je m'en sers très souvent :

NavMii (anciennement NavFree) : NavMii est un outil de navigation gratuit (mais non libre) qui s'appuie sur les données d'Open Street Map. Comme tous les outils du genre, il vous conduira à destination en vous indiquant le chemin à prendre à chaque intersection, que vous soyez en voiture ou à pied. Il est disponible sur toutes les plateformes (en plusieurs langues dont le français) et j'en suis tout à fait satisfait. Un seul bémol : quand vous êtes connecté à un réseau, il affichera des publicités et je subodore que ce chargement cause parfois des ralentissements/plantages dans l'application.

OruxMaps : Oruxmaps est plus adapté pour la randonnée hors des sentiers battus. L'outil vous permet de télécharger des cartes pour une utilisation offline, et d'enregistrer des trajets en compilant quelques statistiques : vitesse, altitude, ... Pour se balader et savoir combien de kilomètre on a fait, ou bien pour retrouver son chemin quand on est perdu au milieu de nulle part, c'est très pratique.

Ce qui est amusant (oui, ce genre de chose m'amuse), c'est de retrouver sur ces outils des informations qu'on a soi-même mis à jour sur la carte commune, et s'imaginer le randonneur étranger, ou le livreur pressé qui va les trouver utiles. Cela me donne le sentiment de faire partie d'une communauté désintéressée et bienveillante, qui cherche à améliorer à sa modeste mesure le sort de son prochain. Philosophiquement, je trouve ça très fort, si si !

Et donc, c'est l'été, profitez de vos balades pour mettre à jour le bout de carte que vous connaissez. Si vous avez des ados désœuvrés qui zonent du canapé à l'ordinateur, envoyez-les dans votre rue pour relever les numéros des bâtiments pour les consigner ensuite dans Open Street Map. Ils apprendront ainsi le sens du bénévolat de façon un peu ludique et auront participé comme des millions d'autres, à un projet humain commun tout à fait gratifiant et utile à tous.

Commentaires

1. Le mardi, 28 juillet 2015, 17:01 par agase

Openrunner est une application qui utilise openstreetmap mais pas seulement. On peut switcher entre :
- openstreetmap,
-opencyclemap, plus intéressante pour faire de la rando car il y a les courbes de niveau.
- IGN25 : le must pour moi car c'est la référence en matière de connaissance du terrain. (bon la maj peut prendre parfois du temps)
- mapquest
-hikebikemap

Et bien sur google.

J'utilise aussi runkeeper pour la course à pied. On peut préparer ses randos et ensuite suivre la route tracée. C'est bien pour ne pas se perdre. Mais encore faut-il avoir un smartphone.

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://merome.net/blog/index.php?trackback/1074