Ma critique du dernier album de Francis Cabrel



Je ne suis pas un inconditionnel de Cabrel, comme j'ai pu l'être pour Goldman, par exemple. Non, j'écoute ses albums avec plaisir, et je reconnais que de nos jours, très peu d'artistes savent raconter les histoires comme lui. Depuis quelques albums, je note son application à produire du bon son, naturel, chaud, unplugged, là où tous les autres se vautrent dans l'électronique froid et sans âme. Rien que ça mérite mon écoute attentive, et en voici mon compte-rendu :

1. DUR COMME FER
Essayez de fredonner au début de la chanson "Pendant qu'on se promène, l'enfant pour 5 francs la semaine...", "Dur comme fer" est une copie presque conforme de "Le monde est sourd" du même auteur. Il s'agit également d'une critique du libéralisme ambiant. Sans beaucoup d'originalité, donc, dans les paroles comme dans la musique.

2. À CHAQUE AMOUR QUE NOUS FERONS
La traditionnelle chanson de Cabrel pour (on imagine) sa femme. Là aussi, ça a tendance à tourner en rond, la façon qu'il a de nous dire qu'il n'y a eu et qu'il n'y aura qu'elle, et qu'elle est extraordinaire. C'est beau, mais c'est toujours pareil.

3. LE PAYS D’À CÔTÉ
Une chanson sur notre aveuglement au sujet des prises de consciences écologiques, et notre propension à faire porter le chapeau aux voisins (le réchauffement climatique, c'est la faute aux chinois et aux américains, pas nous). Assez agréable musicalement bien que sans grosse originalité.

4. AZINCOURT
Un jour Cabrel est allé dans un musée du Pas de Calais et il est ressorti avec une idée de chanson. C'est l'impression que ça donne. Un thème sorti d'on ne sait où et on peine à trouver un message plus compliqué que "la guerre, c'est tragique". Musicalement, c'est triste comme du Cabrel. Pas désagréable, mais triste.

5. IN EXTREMIS
J'aime bien celle-ci, même si elle a un petit côté daté, l'écologie "à la papa", défense des petites fleurs, des petits oiseaux, des arbres. Cela raconte l'extermination planifiée des oiseaux par les hommes parce qu'ils croient qu'ils "lisent nos lettres et leur charabia est codé".

6. DANS CHAQUE COEUR
Une chanson sur le calvaire du Christ (!). Sur ce thème, je préfère largement "Le chêne liège" qui s'interroge ouvertement sur l'existence de Dieu. Il y a quand même quelques formules qui (me) touchent, comme par exemple :
Pour le faire boire, un homme s’est approché
Voilà l’espoir auquel il faut s’accrocher

7. PARTIS POUR RESTER
Le single choisi pour la sortie de l'album. J'aime pas du tout. Déjà la double voix de Cabrel à une octave d'écart, qu'il avait déjà utilisé pour "La robe et l'échelle", je crois, c'est pas très joli. Et les chœurs sont pénibles à répéter "rester, rester". Les paroles sont sans intérêt.

8. MANDELA, PENDANT CE TEMPS
Le combat de Mandela comparé à nos misérables vies. Intéressant, sans plus, paroles et musiques.

9. LES TOURS GRATUITS
Un père qui voit ses filles grandir et partir. Touchant et là aussi quelques perles simples comme sait écrire Cabrel :
Faut pas que ça vous inquiète
j'ai été très heureux
Ces millions de fois où
j'ai vu briller vos yeux

10. LA VOIX DU CROONER
Je suis passé complètement à côté de la chanson. Aucun intérêt pour moi.

11. PAS SI BÊTES
Je ne sais pas si c'est parce que c'est la fin de l'album, mais pas beaucoup d'attrait pour cette chanson-là non plus.

Titre bonus : 12. LES FONTAINES DU JAZZ
Pourquoi "bonus" ? Là aussi, un thème déjà abordé par le chanteur, les origines du jazz, ses références musicales qu'il explique par la vie dure de ses découvreurs... Ça se laisse écouter.

En conclusion, Cabrel, c'est toujours d'excellents instruments bien enregistrés, des paroles et des musiques assez agréables, mais sans grande originalité. Quelques bouts de phrases magnifiques au milieu, quelques réflexions et points de vue qui justifient à eux seuls qu'on écoute l'album qui malgré tout reste le témoin d'une époque de la chanson française un peu révolue.

Commentaires

1. Le mercredi, 10 juin 2015, 10:06 par Marzi

Mouais en effet : après les premiers albums qui alternaient le mieux et le moins bien, "photos de voyage" était très bon, "Sarbacane" excellent, "samedi soir sur la terre" un chef d'oeuvre... et ensuite, c'est la décadence...

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://merome.net/blog/index.php?trackback/1071