Parlons de ce joli métier.

Je passe tous les jours devant l'unique buraliste de la bourgade à côté de chez moi.
À 7h30, le matin, les futurs cancéreux s'y pressent pour y acheter leur dose quotidienne, l’œil hagard et déjà en manque. À 18h30 à mon retour, d'autres probables porteurs de tumeurs s'y précipitent pour avoir de quoi passer la nuit, les nerfs vrillés par une journée de shoot et de stress.

Le buraliste est devenu un marchand de cancers, mais pas seulement. Bien sûr, il distribue la nicotine à tour de bras, voire maintenant de l'électronique pour ceux qui préfèrent un cancer deux point zéro. Mais il vend aussi aux hommes des magazines de bagnoles qui vantent les derniers modèles à fabriquer des particules qui donnent le cancer, et aux femmes des magazines santé qui vantent les pilules amaigrissantes et les crèmes qui donnent des cancers.

Entre deux distributions de tumeurs, le buraliste raquette les pauvres qui viennent tenter leur chance à un jeu de hasard. Il sait que son carnet de jeux à gratter ne contient pas de billets gagnants et qu'il n'y a pour ainsi dire aucune chance qu'un gros gagnant se présente un jour à son guichet. Par ici l'addiction.

À ses heures perdues, le buraliste joue l'homme sandwich pour les grands groupes de presse. Il place sur la chaussée les images chocs et les derniers potins des couvertures, fait mine de se racheter en proposant aussi des quotidiens nationaux que personne ne lit et qui ne sont, eux aussi, que des magazines publicitaires au service des industriels et banquiers qui sont derrière.

Buraliste, un métier d'avenir, qui réussit le tour de force de n'être responsable d'aucune des catastrophes qu'il contribue pourtant à entretenir. Il est le témoin innocent de la déliquescence de notre société, le bleu de méthylène qui marque l'approche imminente du mur dans nos gueules.

Commentaires

1. Le mercredi, 4 juin 2014, 21:11 par flashman

Et accessoirement, pour compléter le racket, il vend également le timbre fiscal qui nous permet d'acquitter le pv de stationnement :-)

2. Le jeudi, 5 juin 2014, 10:58 par Le Monolecte

Ben alors, Merome, on veut se faire de nouveaux copains trop choupinoux? ;-)

3. Le jeudi, 5 juin 2014, 14:36 par Christian Joli

Et tout ça, pour le plus grand plaisir de nos dirigeants.

4. Le vendredi, 6 juin 2014, 05:50 par Christophe Certain

Pur papier de bobo hors sol qui fait reluire son ego. Tu as oublié de parler des magazines pour les beaufs qui font la cuisine, les méchants chasseurs et pêcheurs, et j'en oublie. La prochaine fois tu pourras parler des retards à la poste et des flics qui distribuent des amendes alors qu'on ne leur a rien demandé. C'est facile de s'en prendre à des pauvres types, moins de résoudre les problèmes. Et toi quelle est ton utilité sociale ? Poser la question c'est y répondre.

5. Le vendredi, 6 juin 2014, 08:49 par Merome

@Christophe Certain : C'est un peu facile de t'en prendre à un pauvre type comme moi. Tu as noté qu'en conclusion je dis que le buraliste n'est que le témoin de la société qui se délite. Je ne prétends pas qu'il est la cause du problème. Quant aux solutions, relis tous mes billets depuis 2005 et tu auras quelques pistes sur ce que je propose modestement.

6. Le mardi, 10 juin 2014, 20:30 par viconte

... et en plus, je crois qu'ils sont subventionnés par nos impôts pour pouvoir continuer à exercer ce taf sans avenir !

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