L'imbécile regarde toujours le doigt. Même quand il est bien profond là où vous savez.

Avant d'entrer dans le vif du sujet de cet article, une vidéo (de deux heures, vous avez un peu de temps ? :) ) de Jean-Marc Jancovici, une de mes idoles, diraient certains, qui m'a poussé à faire ce billet :



Il n'y a rien à jeter dans la démonstration de cet homme, mais intéressons-nous plus particulièrement à ce qu'il dit à partir de 1h42m27s. Je cite en partie:

"Le dialogue entre le monde politique et les experts techniques passe par un goulot d'étranglement extrêmement fort qui s'appelle les médias et les lobbies".
"Le monde politique est à peu près totalement ignorant de ce que je viens de vous raconter."
"Les hommes politiques sont des animaux étonnants (...) selon le lieu et l'inspiration du moment ils sont capables de dire des choses qui tombent sous le sens et vous vous dites quand même y en a enfin un qui a compris, ou de vous dire la pire connerie"

Écoutez la séquence, c'est instructif et non partisan, une analyse froide de la situation dans laquelle notre démocratie se trouve. Jancovici dit s'en inquiéter et je le comprends : c'est ce système politique qui nous mène dans le mur. Indépendamment de la qualité et de l'intelligence des hommes et femmes politiques que nous avons : le système lui-même fait qu'ils n'ont pas le temps de lire, de s'informer correctement sur des sujets cruciaux sur lesquels ils ont une influence capitale !
Si eux ne le font pas, qui le fait à leur place ? Les lobbies (y compris les ONG comme l'indique justement Jancovici) et les médias. Selon des intérêts bien sûr privés. Et la somme de ces intérêts privés ne fait pas, loin s'en faut, l'intérêt général.
Prenez Total ou Suez, pensez-vous que leur intérêt dans la façon de gérer la raréfaction des énergies fossiles est compatible avec le nôtre ? Sans doute pas. Notez qu'on peut se poser la question aussi du lobby "éolien" ou "photovoltaïque", de Greenpeace ou d'autres... Ils ne représentent pas l'intérêt général.

Les médias là-dedans, se contentent d'agiter des drapeaux qui nous distraient de l'essentiel. Pire : ils nous divisent en orchestrant de faux clivages qui nous détournent de nos points d'accord.
Je discutais avec un chef d'entreprise la semaine dernière. Moi blogueur gauchiste, et lui odieux capitaliste, nous discutions des municipales et... il était exactement du même avis que moi. La même lecture d'un système ne permettant pas de s'en sortir. Le même aveu d'impuissance et la même critique d'une caste qui nous a mené à la catastrophe économique et écologique.
Cette concorde entre nous, et sans doute partagée par de très nombreux citoyens de tous horizons, se traduit au mieux dans les urnes et dans les médias par une abstention alarmante, ou au pire par un vote contestataire dont on fait semblant de s'émouvoir. Parlons du mariage pour tous, du niveau des charges sociales, et assurément, nous finirons par ne pas être d'accord. Mais mettons sur la table le fonctionnement démocratique, la façon dont on crée et distribue la monnaie, et croyez-moi qu'on va être une large majorité à partager les mêmes ambitions.

Puisque les médias ne s'intéressent pas à l'important, que les lobbies n'en font qu'à leur tête, et que les politiciens n'ont pas le temps de se cultiver pour prendre les décisions qui s'imposent, à nous de faire ça à leur place. Mangez-vous des livres et des conférences tant que vous pouvez (si si vous avez le temps : éteignez votre télé), il en sortira bien quelque chose.

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