Les français grognent tout le temps ? Ou seulement quand le gouvernement fait n'importe quoi ?

On a coutume de dire que la France est inréformable, tellement chaque citoyen est attaché à ce que rien ne change et jettera des pavés à la gueule du premier gouvernement qui essaie de faire des économies sur quoi que ce soit.

J'ai pour ma part un tout autre ressenti des choses : on ne gueule que parce que les réformes sont faites n'importe comment, en dépit du bon sens.
Il y a des réformes consensuelles qui pourraient grandement améliorer les finances de l’État, tout en orientant le pays vers un modèle économique plus durable. Simplement, ces réformes ne sont pas possibles tant que c'est une oligarchie qui détient le pouvoir.

Quelques exemples :

On connaît l'influence néfaste de la publicité sur la consommation irraisonnée (qui cause le surendettement tout en détruisant la planète), et je ne pense pas qu'un seul français gueulera si on réduit, voire supprime la publicité de son champ visuel. Au cinéma, à la télé, à la radio, dans les journaux, sur la voie publique, la publicité agresse et emmerde tout le monde, je suis certain qu'on a une majorité de citoyens qui serait pour une réforme sur ce thème. Bien évidemment, je n'oublie pas que la publicité fait vivre tout un tas d'abrutis qui se prennent pour des créatifs, l'idée de les mettre à la rue ne me dérangerait pas plus que ça, mais je suis sympa et je n'en fais même pas un objectif.
Je suppose qu'une taxe progressivement appliquée sur la publicité, annoncée à l'avance, sans limite haute, nous permettrait de venir à bout de ce fléau en une dizaine d'années. Une taxe dont les revenus seraient partagés entre l'État et ceux qui se financent par la publicité (télé, radio, journaux...) pour que ceux-ci continuent de tourner.
Cela pourrait s'accompagner d'une détaxe pour la publicité "institutionnelle", qui permettrait aux collectivités, aux ONG et autres agences gouvernementales (genre ADEME) d'utiliser les espaces ainsi libérés pour orienter les consommateurs vers d'autres habitudes.

Je n'ai vu personne dans la rue pour dénoncer le projet de réforme bancaire et pourtant, il a été tué dans l’œuf. Demandez aux gens s'ils sont favorables à la taxation ou l'interdiction du trading haute-fréquence, je doute que vous ayez une vague de protestation. Pourtant, cette réforme a été abandonnée parce qu'une poignée de gens qui ont l'oreille (et la queue ?) du ministre ont dû chouiner comme il faut.
Dans une démocratie, ce genre de renoncement serait impossible.

Les systèmes de bonus malus sur les voitures ont fait leur preuve, même si cela reste relativement faiblard pour ne pas froisser les constructeurs qui font semblant de faire tout ce qu'ils peuvent. Ce système peut s'étendre à des tas de domaine qui orienteraient la consommation dans le bon sens, pour réduire notre empreinte écologique et relocaliser nos emplois. On taxe le pétrole et on détaxe le bois, le solaire, l'éolien... On taxe l'agneau et le veau (très énergivores en plus d'être mauvais pour la santé, donc coûteux à terme pour la société) et on détaxe les légumes bio et locaux (meilleur pour l'environnement, la santé et les emplois !). On taxe l'eau en bouteille pour financer le meilleur traitement de l'eau du robinet...

Toutes ces mesurettes, appliquées progressivement, avec une visibilité à moyen terme pour que chacun, particulier et pro, puissent se projeter raisonnablement dans l'avenir, seraient, je crois, bien acceptées (par les citoyens, pour les industriels, c'est une autre histoire, mais depuis quand ce sont les industriels qui dirigent ? Ah ben oui : depuis qu'on a fait passé l'élection pour un système démocratique, suis-je bête).

Au lieu de ça, on use de la méthode Coué pour nous assurer que tout ira mieux demain, que l'emploi repart, mais qu'il faut quand même faire des sacrifices sur l'essentiel, réduire le nombre de fonctionnaires pour éduquer nos gosses et mettre les méchants en prison, continuer de faire des dettes pour ne pas froisser Liliane, Bernard et Arnaud... Tu m'étonnes que les français sont ingouvernables. Ils sont juste lucides : la bande de bras cassés qui se relève au gouvernement depuis 30 ans est bonne pour la casse.
Tiens, en voilà une réforme qui serait bien consensuelle et qui ne verra jamais le jour : dégager tous les politiciens qui usent leurs pantalons sur les plateaux télés depuis trois voire quatre décennies. À la trappe, les incapables.

Commentaires

1. Le jeudi, 7 novembre 2013, 10:33 par Galuel

En positif tu aurais pu mentionner le RdB inconditionnel ! :)

Sur :

"dégager tous les politiciens qui usent leurs pantalons sur les plateaux télés depuis trois voire quatre décennies. À la trappe, les incapables."

Tu auras étudié et analysé la symétrie temporelle !? http://www.creationmonetaire.info/2...

2. Le jeudi, 7 novembre 2013, 11:34 par chéry4

bien sûr que la pub est néfaste, mais je pense qu'en la supprimant de partout, il n'y aurait pas que les créateurs abrutis comme tu dis pour s'en plaindre. il y a tous les petits qui impriment les publicités, ceux qui la distribue ( poste ou autres), ça fait du monde sur le carreau alors tant que le revenu minimum de base n'existe pas, il vaut mieux encore avoir de la pub...

3. Le jeudi, 7 novembre 2013, 11:51 par Merome

@Galuel : Merci pour le lien. J'ai diffusé...

4. Le jeudi, 7 novembre 2013, 11:58 par Merome

@chery4 : Pas très révolutionnaire, ton commentaire. Avec ce raisonnement, on ne peut pas se passer du nucléaire, il ne faut pas réduire le nombre de voitures parce qu'on a de la famille qui bosse dans le domaine, ... Détruire une partie de la planète pour faire vivre les Hommes, ça ne me semble pas un modèle viable. Bien sûr qu'il faut prendre en compte la réalité économique et accompagner ces changements, par un revenu de base, par exemple, mais aussi comme je le dis plus loin, en relocalisant et réorientant la production et la consommation. Les imprimeurs auront plus de notices d'installation de panneaux solaires à imprimer, que les facteurs distribueront (je dis n'importe quoi, mais tu vois l'esprit).

5. Le jeudi, 7 novembre 2013, 14:30 par Changaco

✔ Parler au nom du peuple sans en être représentatif.
✔ Désigner des boucs émissaires.
✔ Proposer des solutions simplistes.
✔ Décréter que nos gouvernants sont incompétents.

Tu te reconvertis en speechwriter de parti populiste ?

(Je force un peu le trait mais franchement ce billet ne me semble pas être la bonne approche.)

6. Le jeudi, 7 novembre 2013, 17:09 par RaphaëlD

@changaco :
Tu entends quoi exactement par "populiste" ? C'est par opposition à "élitiste" ?
Je crains qu'on se soit fait voler un mot, si "populiste" ne veut plus dire "pour le peuple".

7. Le jeudi, 7 novembre 2013, 19:00 par Merome

@Changaco : C'est un blog d'opinion ici, pas un travail préparatoire pour une thèse en économie. Le côté "populiste" et simpliste est donc tout à fait assumé. Il s'agit de faire évoluer les consciences, de faire réagir, et pas d'alimenter la bibliothèque de sciences Po ou de l'ENA. %%%

Sinon tu ne trouves pas que Coluche y allait un peu fort quand il parlait du "Nouvel OMO" ?

8. Le vendredi, 8 novembre 2013, 12:03 par chéry4

si mérome, je comprend ou je pense comprendre l'esprit qui t'anime, mais ce qui m'a interloqué dans ton billet c'est quand tu dis :"je ne pense pas qu'un seul français gueulera si on réduit, voire supprime la publicité de son champ visuel", et ben si, y'en a forcément qui gueuleraient ( ceux que je citais plus haut).
sinon, je ne sais pas si je suis révolutionnaire, mais révolté oui.

9. Le vendredi, 8 novembre 2013, 14:44 par Merome

@chery4 : J'explique alors mieux le sens de ma phrase : ceux que tu cites (postiers, imprimeurs...) ils ne vont pas gueuler de ne plus voir de pub devant leurs yeux, ceci ne va pas leur manquer. Ce qui va faire défaut c'est le boulot et le salaire en fin de mois qui va avec, et bien sûr, je n'imagine pas leur dire de se serrer la ceinture et de faire avec. Ce que j'ai tenté d'expliquer dans la suite de l'article, c'est qu'on peut réorienter l'économie vers quelque chose de durable. Le manque à gagner de la pub pour les gens qui en vivent indirectement, il sera compensé par autre chose, je parlais de la communication institutionnelle (ADEME, collectivités...) mais aussi de la relocalisation des activités induites par la réorientation de l'économie (si ce qui vient de loin est taxé, on produira plus près, ça fera du boulot pour les imprimeurs locaux, par exemple).

Je pense qu'il faut bien faire attention à ne pas se tirer une balle dans le pied en refusant toute évolution qui va dans le bon sens, sous prétexte que ce n'est juste pas comme avant. Si le syndicat des imprimeurs refuse qu'on interdise la pub à terme, alors qu'on la sait néfaste pour la société toute entière. Si le syndicat des travailleurs du nucléaire bloque la sortie, etc... Alors on est dans l'impasse et les gouvernements qui se succèdent ont beau jeu pour dire que les français ne veulent rien changer alors on continue dans la même inégalité qu'avant.

Ca me semble important qu'on trouve un mot d'ordre qui dépasse l'intérêt de branches professionnelles particulières. C'est vrai que le revenu de base pourrait être une brique intéressante dans ce contexte : si tu ne crains plus pour ton salaire en fin de mois, tu n'as plus à défendre l'indéfendable juste parce que tu en vis et que tu ne vois pas comment faire autrement.

10. Le dimanche, 10 novembre 2013, 21:47 par viconte

"Il y a des réformes consensuelles qui pourraient grandement améliorer..."

"Simplement, ces réformes ne sont pas possibles tant que c'est une oligarchie qui détient le pouvoir."

Tu poses la question et donnes la réponse dans l'intro. J'ai pas lu plus loin :))

... faut remonter à la cause des causes, comme dirait Etienne. Mais je ne t'apprends rien !

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