Fiche de lecture d'une réédition d'un chapitre de l’œuvre d'Edgar Morin et Sami Naïr "Une politique de civilisation" parue en 1997.

"Les développements de notre civilisation en menacent les fondements".

C'est par ces mots que commence cet extrait militant en faveur d'une réappropriation par tous et d'une refonte éclairée de notre civilisation.
La première partie de l'ouvrage, constat lucide mais sans misérabilisme met en avant les limites atteintes par notre civilisation occidentale.
Les progrès de la science et de la technologie, en apportant à l'Homme un confort matériel stimulant l'individualisme, ont usé le lien social et gommé les singularités, faisant de l'Homme moderne lui-même une machine, à produire, à consommer, à exister suivant une norme sociale préformatée.

"Au sein de la civilisation occidentale, l'élévation du niveau de la vie est gangrenée par l'abaissement de la qualité de vie".

L'anonymisation de la société, la destruction du lien humain, ont entraîné une déresponsabilisation des individus vis à vis du collectif, amenant à une perte des solidarités remplacées par une solidarité bureaucratique (ex. : indemnités chômage, sécurité sociale) qui ne les compense qu'en partie... engendrant des inégalités, des frustrations, une démoralisation (il n'y a qu'à voir nos hommes politiques)... entraînant encore plus d'égocentrisme...
Cercle vicieux ? Oui répond Edgar Morin. Spirale insidieuse qui s'est développée au fil des ans, accélérée sans doute par la financiarisation à outrance de notre économie désormais mondialisée.

"Sans le savoir, nous avons peut-être franchi les seuils au-delà desquels les sous-produits néfastes des processus bienfaisants (du progrès) devenaient les produits principaux"

Sommes nous arrivés aux limites de notre civilisation actuelle, proche de la régression ou de la mort, comme l'ont connu tant de glorieuses civilisations avant la notre ? Ou pouvons-nous encore croire à sa métamorphose en recréant une nouvelle politique de civilisation ?

Dans la deuxième partie de cet ouvrage, Edgar Morin commence à évoquer les piliers sur lesquels cette nouvelle politique de civilisation doit s'appuyer :
- Solidariser
- Ressourcer (comprenant la prise en compte des enjeux écologiques)
- Convivialiser
- Moraliser
Et il y suggère des pistes concrètes dans les domaines de l'écologie, de l'emploi, de la complémentarité État/privé, soulignant que des initiatives locales existent depuis des années et qu'un des grands défis de cette politique de civilisation serait d'arriver à faire de ces expériences multiples un mouvement organisé qui assurerait l'information, l'échange, la réflexion ainsi que la mise en perspective propices à leur déploiement.

Un ouvrage que je vous encourage à lire, car il est court, écrit de façon très lisible et donne matière à la réflexion (Pour une politique de civilisation. Edition Arléa. Diffusion du Seuil).

Et si l'on en ressort totalement convaincu de la nécessité d'une nouvelle politique de civilisation, la question qui se pose en second est "comment fait-on concrètement ?".
Edgar Morin semble penser que tout pourrait passer par la volonté politique de nos gouvernants.

Je ne crois pas à ce jour que notre système actuel puisse amener sur le devant de la scène de telles questions. Et vous ?

Commentaires

1. Le mardi, 17 septembre 2013, 10:23 par Merome

La volonté politique de nos gouvernants ? C'est une blague ?

2. Le mardi, 17 septembre 2013, 10:44 par Nath

@Merome : oui, en effet, elle est bien bonne celle-là.

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