Brûlé, le vert entêtant de l'espoir

Comment vivre dans une société désespérée ?

Quand j'étais gosse, le futur était quelque chose de très connoté positivement. Le modernisme, la technologie promettaient de longues années de bonheur, de prospérité, de nouveautés positives. Si on n'a pas encore les voitures volantes promises, il faut reconnaître que notre situation est bien plus enviable que celles des quelques générations précédentes, et notre espérance de vie bien meilleure.

Je me demande comment nos enfants voient l'avenir de leur côté ? Le progrès continue, bien sûr, à un rythme toutefois ralenti, semble-t-il. Mais est-il autant porteur d'espoir qu'à notre époque ? J'ai l'impression que non, mais cette impression est peut-être juste due à mon grand âge. Peut-être que toutes les générations se sont dit, à un moment de leur vie, que finalement l'avenir ne présageait rien de bon ?

Toujours est-il que certains faits objectifs pourraient ruiner le moral d'une ou plusieurs générations de gosses à partir de maintenant : le climat se dérègle et ça ne risque pas de s'arranger puisqu'on a dépassé le seuil critique des 400 ppm de CO2, l'âge de la retraite va sans doute reculer encore, chaque innovation majeure apporte son lot de catastrophes avec lui (par exemple : les nanotechnologies), on risque de manquer d'énergie, de métaux, de ressources, d'eau potable...
Même les publicitaires se mettent à idéaliser le passé au lieu de miser sur la nouveauté de leur produit. Entre celles qui utilisent les musiques des années 80, et celles qui reprennent les jingles ou les logos de l'époque, pour enraciner la marque dans une époque où l'on se sentait mieux, et où les produits étaient de meilleure qualité, il y en a peu qui fassent véritablement rêver sur le futur.

Au niveau bouffe, alors qu'à mon époque on se réjouissait de profiter des avancées technologiques culinaires, les sauces tomate en tube, les boites en plastique, les plats cuisinés... La mode est aujourd'hui aux légumes anciens, qui resurgissent au grand dam des papys et mamies à qui cela rappelle les heures les plus sombres de notre Histoire.

Même si nos enfants ne sont pas véritablement conscients de tout ça, ils baignent dans cette ambiance de crise permanente, sans aucune fenêtre d'espoir pour appréhender l'avenir positivement. Est-ce qu'une société peut survivre longtemps dans ces conditions ?
La soif de bonheur et de vie qui fourmille dans les gambettes de nos têtes blondes va-t-elle être étanchée par la perspective du chômage, du remboursement de nos dettes écologiques et économiques, les impasses démocratiques que nous avons à proposer ?

Il me semble urgent d'élaborer et d'organiser une échappatoire, de construire de nos mains un espoir dans lequel les plus jeunes d'entre nous pourront s'engouffrer et vivre enfin. C'est notre dette la plus urgente à régler envers eux.

Commentaires

1. Le mardi, 21 mai 2013, 11:43 par Calcoran

C'est un questionnement que j'ai aussi je dois dire, mais je ne me le pose pas forcément en ces termes.

Dans l'absolu, j'aurais tendance à dire que les enfants ont plutôt tendance à idéaliser demain, parce que globalement:
- demain, ils seront plus grands,
- demain, ils auront le droit de faire plus de choses
- demain, ils auront le droit (et la capacité) de lire plus de livres
- demain, ils auront le droit de regarder plus de films/DA
- demain, ils pourront s'acheter tel ou tel jouet qui les rait rêver
- demain, ils seront en vacances et ils pourront jouer à tel ou tel truc avec leurs cousins

Bref, pour un enfant, il y a toujours quelque chose à espérer de demain.

Par contre, la question que je me pose, c'est "quelle image projetons nous du monde actuel et du futur" ... et là, j'ai un peu peur de ce que inconsciemment je transmets.

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