Tout en vilipendant à longueur d'années sur ce blog les dérives de nos systèmes économiques et politiques, je suis contraint de vivre à l'intérieur, et je m'efforce de ne pas m'en couper complètement à la fois parce que c'est impossible sans devenir un ermite, mais aussi parce que pour mieux le combattre, il faut en connaître les contours.
Ainsi, pendant les vacances scolaires, j'essaie d'amener mes trois numéros au cinéma, et une fois qu'on a enlevé les jours où la voiture est au garage, ceux où on a de la visite, ceux où on est chez le médecin, ceux qu'on évite parce que le week-end, par exemple, je préfère ne pas me mélanger à la foule des con-sommateurs... Et une fois qu'on a viré les horaires et les films moins adaptés aux gosses, il nous reste plus grand chose de valable.
Quand les multiplexes sont arrivés dans ma région, j'y ai d'abord vu une grande avancée culturelle, mais c'était à une époque où j'étais parfaitement inconscient de plein de choses, et où nos vieux cinémas traditionnels étaient rendus dans un état pitoyable. Aujourd'hui, lorsque je me rends dans un de ces temples de la consommation de popcorn et de blockbuster américain, je suis frappé, voire agressé par ... en fait par tout ce qui m'entoure. Ces écrans qui projettent des bandes annonces niaises dans la file d'attente, ces boutiques de friandises qui diffusent une odeur écœurante, ces cartes de fidélité qui offrent 3 places pour le prix de 4 si on vient le premier dimanche matin du mois, ces salles dégueulasses aux sièges plein de popcorn et aux sols collants de coca-cola, ces gens hypnotisés par leur Iphone dans la file d'attente, pendant les pubs, pendant le film... Laissez-moi sortir d'ici !
Et donc, hier soir à 18h, j'avais le choix entre une quinzaine de films, dont trois ou quatre films d'animation sans intérêt, trois ou quatre autres merdes américaines, des trucs pas regardables pour des gosses, ... Bref, je me suis rabattu sur un film français, une comédie de seconde zone (j'ai honte) : La vraie vie des profs.
Après vingt minutes de pub et de bande annonces débilifiantes, j'ai dû lutter la première demi-heure de film contre le sommeil et le reste du temps contre l'ennui et l'exaspération. Inutile de vous faire un dessin, le film est absolument sans intérêt, j'ai vaguement souri deux fois à des gags que j'avais déjà vu dans la bande-annonce. C'est tout.
Mais c'est surtout tout ce cirque consommatoire autour du cinéma qui m'a exaspéré et qui continue de me hérisser le poil, d'autant que c'est loin d'être le seul moment où je dois lutter contre une société devenue limite prédatrice pour le mode de vie que j'ai choisi.
L'ami Etheriel me faisait remarquer hier les placements produits dans les clips de BB Brunes, une (mauvaise) habitude qui est autorisée depuis 2009, ce qui faisait écho à l'explication en vidéo de cet expert en neuroscience qui montre les risques de notre exposition continue aux publicités en tout genre :
Mais même lorsqu'il s'agit de consommer, parce qu'il faut bien vivre, encore faut-il le faire dans le "sens du marché", sous peine de se voir opposer de vives resistances. Faire réparer une vieille voiture devient compliqué, même acheter un canapé relève du sport de combat quand il faut convaincre le vendeur qu'on ne lui achètera pas le canapé 12 places de 35 mètres parce qu'on a qu'un petit mètre cinquante entre la baie vitrée et le poêle à granulés.
De plus en plus souvent, j'ai le sentiment d'être en milieu hostile, d'être une espèce inadaptée lâchée dans un environnement qui n'est pas le sien. Un pingouin dans le Sahara ou un lion sur la banquise.
Est-ce que mes semblables vont finir par prendre conscience comme moi et faire la révolution ou bien le système finira par tous nous phagocyter et nous formater la tronche ?
Commentaires
Tout est dit !
J'ai exactement les mêmes sensations avec la foule quand elle se rassemble dans les lieux clos tels que les cinémas, magasins quelconque, parcs, etc etc...
Je ne me sens pas à mon aise. Avec cette impression permanente d'être agressé par ce qui m'entoure. Le bruit, l'absence de bon sens, le sans gène, les téléphones portables et les idiots qui sont au bout (en marchant par exemple, tu te dois de les éviter au risque d'une belle collision et accessoirement une ch'tite engueulade).
La dernière fois que je suis allé au ciné (à 22h30 et pour un film à l'affiche depuis 4 semaines déjà), alors que nous n'étions qu'une vingtaine dans file d'attente, j'ai dû attendre pas loin d'un quart d'heure avant d'acheter mes places. Pourquoi ? Baaah, le temps que chacun de ces crevards, me précédant, choississent et achètent leur popcorn, leur boisson et le paquet de Maltezer d'un kilo. Tous ces trucs qui feront plein de bruit pendant le film :/
Je ne vais plus au cinéma... (du moins dans les multiplex)
Ah, et puis mes gosses ne veulent plus sortir avec moi... parce que je bougonne ^^
Le truc qui m'agace en ce moment (ça revient régulièrement) c'est le démarchage agressif, je sous-entend par ce dernier mot, toute intrusion dans ma vie privée pour me vendre quelque chose.
), sponsorings etc..
Je n'irai pas jusqu'à y compter les nombreuses pubs Radios/internet/télé et autres affichages et produits placés (dans les clips par exemple
Mais si je me contente de compter le nombres de spams sur mes mails perso et pro, la tonne de papiers de pub dans ma boite aux lettres (malgré un message invitant a ne pas en mettre...), les sms m'invitant a renvoyer un message sur un numéro surtaxé et surtout la recrudescence des coups de fil de démarchage, on arrive a un nombre quotidien d'intrusions ahurissant. Marre des vendeurs qui insistent regulièrement pour me vendre des choses dont je ne veux pas. A la limite je reste courtois avec les labos qui tentent à la pharmacie (quand ce n'est pas la 10e tentative malgré 9 refus !!!) mais le vendeur de surgelés qui persiste a m'appeler "Mr Guyomar" -nom qui n'a RIEN a voir avec le mien- et qui refuse de me rayer de son listing (tout a fait illégal) et m'oblige a lui raccrocher au nez car il DOIT aller au bout de son questionnaire, j'ai du mal a ne pas l'insulter lui...
Je rejoins Tony, je deviens bougon, acheter (même quand j'ai BESOIN) devient une corvée.
... J'espère que malgré tout ca, personne n'a oublié de fêter les grands mères, ce week-end !!! ;))
Si non, honte sur lui !
Pas bien !
Je ne détaillerai pas car je ressens globalement les mêmes choses quand je m'oblige à entrer dans un temple de la consommation On y va de temps à autre parce que Mme juge qu'il ne faut pas que les enfants soient trop "en retard" par rapport aux autres enfants. Selon elle, il faut qu'ils connaissent tout ça et qu'ils prennent du recul après qu'on leur explique ce qu'on en pense.
Pour ma part, le boycott pur et simple serait plus efficace, mais bon...
Il y a quelques mois, nous avons donc vu le daubissime Astérix (j'ai vraiment dû me faire violence pour rester) et il y a quelques jours Hôtel Transylvania.
Le pire, c'est peut-être tout de même la publicité. Comme je ne regarde pas la télé, c'est peut-être tout le temps comme ça, mais là, j'ai la mâchoire qui se décroche devant tant de connerie, de beaufitude, de sexysme, de foutage de gueule magistral.
Quand je trouve le temps d'aller au cine, pendant les pubs je dors, je bouquine ou alors je chante "la pub vous ment"
La bonne question est : le prix de l'entrée serait-il plus élevé si il n'y avait pas la pub ?
... A méditer...
Sans doute. Mais ce serait sans doute aussi un pretexte plus qu'une necessite.
Commencant a virer au vieux con, je me souviens de l'epoque ou je pouvais aller au cine pour moins de 30 balles... Quand je vois qu'aujourd'hui la place plein tarif au complexe pres de chez moi est autour de 11 euros, j'ai du mal a me convaincre que l'essentiel ne part pas en marges...
Exactement le même sentiment pour moi aussi, j'ai vraiment du mal à entrer dans un centre commercial ou un cinéma, je rejoint complètement Tonytheo :
).
"Je ne me sens pas à mon aise. Avec cette impression permanente d'être agressé par ce qui m'entoure. Le bruit, l'absence de bon sens, le sans gène, les téléphones portables et les idiots qui sont au bout".
Depuis que j'ai pris conscience du monde réel dans lequel on vit, je ne me sens bien que chez moi, au bord de la rivière, dans la nature, loin du brouhaha des villes fourmilières et des mollusques qui y habitent (pardon pour les exceptions
@merome
Il y a quelques années, j'ai lu un article super intéressant sur la composition des populations et ce qui est incroyable, c'est que les anthropologues et les sociologues estiment que la répartition des penseurs/suiveurs/adhérents depuis les premières civilisations est la même, c'est une règle immuable quel que soit le groupe analysé (origine ou taille).
De mémoire, c'était :
10% de penseurs (intellectuel, artiste, ...)
30% d'adhérents (les accros au jeu du système)
60% de suiveurs (les mollusques)
Je crains donc que tes (vrais) semblables ne représentent que 10% de la population et que cela me paraît très insuffisant pour faire une révolution ...
En espérant sincèrement me tromper ...
Je suis d'accord avec ton analyse Mérome.
Mais la vraie question est : pourquoi s'acharner à aller au cinéma avec tes numéros s'il n'y a rien d’intéressant ?!
Autant regarder un bon DVD qui leur plait et aller au ciné si vraiment il y a un truc qui peut être sympa.
J'ai toujours été surpris de la démarche: "tiens je vais aller au ciné ce soir. ", tu vas voir quoi ? "Bah, je verrai bien.."
Perso je programme les films que j'irai voir.
Par contre le coup des multiplexes me désole : sales, malfamés, bruyants, impersonnels et même parfois des images floues...
Manquerait plus qu'on paie...
Ah ben ouai on paie... zut
@françois : heureusement, il y a de bonnes surprises (l'année dernière : Camille redouble), mais dans le fond, tu as raison et c'est ce que je fais de plus en plus. Il reste des cas où je me laisse tenter, faiblement
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Décroissance
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