La Terre, Kitty Genovese, même combat.

Je ne décolère pas ces jours-ci, car je reçois des signaux inquiétants et multiples de l'aggravation de toutes les crises qui ne produisent aucun effet sur les prises de conscience du commun des mortels comme de la classe politique.
Le réchauffement climatique s'annonce pire que prévu, la crise économique n'en est qu'à son début, les projets pharaoniques et anti-écologiques se multiplient, c'est la bérézina, mais dans l'indifférence générale.

Indifférence des hommes de pouvoir d'abord, mais de cela, j'ai fait mon deuil. J'ai compris, bien tard, le rôle anti-démocratique de l'élection et par conséquent l'impossibilité de voir arriver au pouvoir quelqu'un d'éclairé qui prenne les décisions qui s'imposent et contamine ses homologues des autres pays. Au lieu de ça, nous sommes condamnés, tant que nous sommes sous le régime du gouvernement représentatif, à voir le pouvoir confié à des pantins aux ordres des lobbies de toutes sortes qui n'auront comme objectif que leur intérêt propre.

Ce qui m'attriste en revanche, et qui justifie ce cri de désespoir du lundi soir, c'est l'aveuglement du peuple, et son apathie presque totale. Il ne se passe pas un jour sans que je cherche une solution à ça, et sans que je m'efforce moi-même de diffuser des idées par tous les moyens. Pendant ce temps, même mon entourage proche finit par douter de la réalité du changement climatique ou de son importance, et ignore les conséquences de l'absence de démocratie ou de l'absurde création monétaire par le crédit. Ce n'est pas faute de l'expliquer encore et toujours.

Je commence à me demander si nous ne sommes pas collectivement victime de l'effet du témoin : plus il y a de témoins dans une situation d'urgence, moins il est probable que quelqu'un intervienne.
Tout le monde a été sensibilisé aux problèmes écologiques, mais personne ne se sent véritablement personnellement impliqué dans leur résolution. C'est aux politiques de gérer ça, c'est la faute aux chinois, aux américains, ... Les excuses sont nombreuses.
Parallèlement, la présentation de la crise économique par les médias laisse croire que nous sommes bien trop peu intelligents pour en saisir les enjeux et donc espérer apporter des éléments de réponse.
Enfin, nous nous reposons sur une parodie de démocratie qui n'a pour effet que d'amplifier les problèmes qu'on lui pose, comme un gosse qui ferait porter le chapeau de ses bêtises à ses parents.

Bien que je prêche majoritairement à des convaincus ici, je vous en conjure une nouvelle fois : accélérez les choses en vous démenant pour causer des prises de consciences. Radicalisez votre point de vue et vos actes pour que ça bouge enfin. Le temps presse, nos enfants nous regardent et je m'en voudrais de les voir crever la bouche ouverte parce qu'on n'a juste pas eu les couilles d'intervenir à temps. Renversons la machine sans plus attendre et foutons dehors tous les incapables qui se sont succédés au pouvoir, avec ceux qui les y ont mis.

Sans déconner, si vous faites pas passer le message, je vous cause plus. Sérieux. Ou alors démontrez-moi que j'ai tort, faites quelque chose ! Un tel article ne devrait pas laisser les lecteurs indifférents, soit vous êtes convaincus comme moi et je devrais crouler sous les messages de soutien, soit vous êtes totalement en désaccord et dans ce cas, il faut qu'on en parle ! L'entre-deux n'est plus possible.

Commentaires

1. Le lundi, 3 décembre 2012, 21:39 par cgeek

Nous sommes bien d'accord avec ce que tu dis, et de manière plus personnelle je suis au moins aussi pessimiste que toi sur l'avenir (pourtant je suis encore très jeune).

Alors je vais te dire : de notre côté, nous nous donnons pour mettre en place une nouvelle monnaie. Une monnaie enfin juste qui place l'homme au centre du système. Cette-ci repose sur la Théorie Relative de la Monnaie élaborée par Stéphane Laborde, et l'implémentation proposée se nomme OpenUDC (je pense que tu connais).

Je rejoins petit à petit le projet, car pour moi le moyen le plus efficace d'agir est de se réapproprier la monnaie. Je ne crois plus que le changement puisse venir d'en haut. Je préfère m'investir dans la création d'un outil qui, comme internet, ne nous rendra plus aussi dépendants d'un pouvoir arbitraire. Un outil démocratique, où seul l'homme décide par ses choix individuels de ce que doit être la vie économique.

Voilà, c'est ma pierre à l'édifice. D'autres auront certainement un avis différent, des moyens d'agir différents et même d'autres idées. Tant mieux : il y a beaucoup de sujets à explorer !

2. Le lundi, 3 décembre 2012, 22:35 par Jeff Renault

Je n'ai pas trouvé de meilleur moyen que toi. Nous avons entamé une démarche de déconsommation. Nous n'allons plus au supermarché, avons recentré notre alimentation autour des légumes, n'achetons que ce qui nous paraît utile ou nécessaire, avons vidé nos placards de produits superflus (notamment dans la salle de bain). Très modeste contribution. Nous essayons de déteindre sur d'autres mais ne pouvons (ni ne voulons) rien imposer. Nous avons liquidé tous nos crédits (notamment en vendant notre maison). Bref, nous essayons de sortir des griffes et des pièges du système. Autant que faire se peut cruel des colibris que nous sommes.

What else ?

Je pense que la grande masse des citoyens ne sont pas des citoyens mais des consommateurs bien éduqués. Notre vision reste minoritaire, voire marginale, voire iconoclaste. Il faut bien l'avouer. Nous ne sommes pas détenteurs d'une vérité si évidente qu'elle va finir pas se révéler aux autres. Nous en avons juste pris conscience un peu avant qu'elle nous pète à la gueule. Nous serons (un peu, juste un peu) mieux préparés à affronter l'effondrement.

On ne persuadera pas la majorité encore aveugle par nos gesticulations. Chaque individu "converti" est une victoire. Modeste certes, mais une victoire tout de même. Un par un. Je n'ai pas la prétention de faire mieux. Je n'ai pas le remède. J'aimerais, mais il faut bien le reconnaître : nos effets sont très mesurés.

Pas mieux. Pas pire. Ne pas baisser les bras, mais ne pas espérer plus.

Bien à toi

Jeff

3. Le mardi, 4 décembre 2012, 19:43 par viconte

"Aux yeux du philosophe qui n'a jamais entretenu d'illusions, ou du moraliste qui a perdu toutes les siennes, l'homme est un poulet à deux pieds sans plumes qui descend des bactéries et qui y retourne après avoir saccagé le poulailler."

http://terresacree.org/paccalet.htm

... un bouquin qui date de 5 ou 6 ans : bah, il dit déjà comme toi !

Parait que le titre est de l'humour noir :
'l'humanité disparaitra, bon débarras'

... moi, je me demande !

4. Le mardi, 4 décembre 2012, 20:39 par Whisno

Tout à fait d'accord. Je suis fréquemment désespéré par la passivité et la bêtise qui ravale l'humanité au rang de bête d'élevage tout juste bonne à être menée au précipice par une élite inhumaine.

Mais je crois qu'il faut vomir un bon coup avant de relever la tête. Quand on commence le combat on se heurte à de nombreuses désillusions. C'est normal.

La conscience des masses (ou de classe selon la vision marxiste) est la plus grande force qui soit, mais quand on regarde l'histoire, elle n'a jamais été éclairée. Dans les grandes révolutions, les circonstances ont permis de mener le peuple à renverser des régimes pour en laisser d'autres s'installer sans la moindre vision de son avenir. Parce-que peu de gens sont beaucoup plus intelligents que le reste.

Aujourd'hui la révolution semble bien loin mais je crois que c'est parce-que les circonstances ne sont pas présentes. Par contre, ce que j'espère de toute mon âme qu'il se passe actuellement, c'est l'évolution de la conscience des masses. Si ça se passe, c'est un mouvement lent mais quasiment irréversible qui mène vers l'intérêt général.

Courage donc. Militants, nous nous heurtons à l'inertie mais c'est un devoir de lutter pour que le monde de demain soit meilleur que celui qui nous désole aujourd'hui.

5. Le mercredi, 5 décembre 2012, 18:22 par demeter

Merci pour cet échange. La question se pose à moi fréquemment et je n'ai pas encore de réponse : faut-il radicaliser son point de vue et prendre le risque de provoquer chez nos interlocuteurs une réaction de rejet ou bien modifier son propre comportement progressivement et faire en sorte que cela fasse tâche d'huile ? Par ailleurs, je ne sais pas si c'est l'effet "témoin" dont tu parles, mais en tous cas, ce qui se passe actuellement m'a fait comprendre d'un seul coup comment l'holocauste avait pu être possible... C'est une question qui me taraudait. Comment cela avait-il été possible, comment les gens avaient-ils pu laisser faire cette monstruosité sans réagir ? Sauf que aujourd'hui, on sait comment agir concrètement sans mettre en danger sa vie, ce qui était plus problématique à l'époque. Mais maintenant je comprends et je vois malheureusement que les réactions humaines sont toujours les mêmes. On préfère conserver son propre confort, : "et puis de toute façon on ne peut rien faire... et en plus cela ne nous concerne pas, ce sont les autres les plus touchés, les étrangers, les juifs hier, les pays en voie de développement aujourd'hui, mais c'est toujours les autres, comme dirait l'autre : "Cela ne nous regarde pas !" La différence aujourd'hui, c'est que c'est le genre humain dans son entier qui est en danger de mort.

6. Le dimanche, 9 décembre 2012, 00:28 par dollcevita89

Ben , même colére, même combat....peu y fait hélas,
Bien sur, il est de cette importance de faire déja dans nos propre maison, nos assiettes et notre façon de consommer, de se déplacer, mais bref, je crois qu'on est bien loin de vouloir , pouvoir ou croire qu'on puisse modifier les choses.

Mon esprit Utopique voire pire idéaliste me taraude souvent en me disant qu'on a nous le pouvoir, mais vraiment trop cons pour changer les choses....
J'aime à voir les choses qui se mettent en place, comme les AMAP, j'ose croire aux banques solidaires, une energie avec nos déchets ( comme en Suede ) etc etc....
Mais hélas tant d'enjeux inter-mondiaux et cette terrible facilité dans laquelle on s'est laissé prendre et ses besoins que les systémes ont crée pour nous tenir encore et encore par tout les côtés....
pfffff, c'est bien terrible tout ça, mais oui, l'homme est un prédateur pour l'homme et on creuse chaque jour les trous dans lesquels nous finirons.
Quand à nos enfants, grands et petits , c'est clair que c'est terrible de voir dans quoi ils vont se retrouver.....
Je ne sais ce qu'il en sera dans trente, quinze, dix , cinq ou un an , mais une chose sure, c'est que au mieux qu'on le peux , en respect pour ce qui nous entoure, pour ce que nous pouvons faire à être dans cette agonie sournoise , c'est de vivre en oubliant pas d'aimer, de faire en sorte qu'on ne pollue pas, qu'on ne gaspille pas, qu'on soit au plus prés de ce qui pourra faire que nos chers petits, nos chers nous même puissions garder cette conscience, qu'on est pas forcément obliger de suivre comme des moutons .....

Ben voilà , tiens, ça faisait longtemps que j'avais pas posté ici ^^, c'était du temps où mon speudo était autre et où je " fourmixais " !! lol !! mais pas oublié le blog et en j'aime sur FB !
Merci Merome de ta pertinence ! ;) !!!

7. Le mardi, 11 décembre 2012, 09:17 par Nicolas

Salut !

Je suis allé à une soirée Chouard vendredi dernier à Grenoble.
Le thème était sur l'écriture de la Constitution.
Le père Chouard devait faire une intro d'1/2 h... ça a duré 2 heures :)
Il est véritablement intarissable ! Et on ne s'ennuie pas, loin de là.

On a bossé sur un début d'écriture d'un article manquant à notre Constitution : le référendum d'initiative populaire.
Je trouve cette approche tout simplement excellente, voire parfaite.

En effet, si on parvient à ajouter dans notre Constitution ce petit paragraphe (vraiment, ça tient en quelques lignes dans la Consitution Suisse ou Italienne), on change enfin la donne. On redonne alors aux citoyens le pouvoir de décision et de faire plier le gouvernement sur certaines décisions. Bref, un début de contre pouvoir.

Cette "cause-des-causes" est à la fois concrète, quasiment réaliste et un vrai cheval de Troie dans notre Constitution pour augmenter notre puissance politique.

Exemple du referendum d'initiative populaire en Suisse :
"Article 138 - Initiative populaire tendant à la
révision totale de la Constitution
1 Cent mille citoyens et citoyennes ayant le
droit de vote peuvent proposer la révision
totale de la Constitution.
2 Cette proposition est soumise au vote du
peuple."

En France, on a un "faux referendum d'initiative populaire" :
"Article 11 - Un référendum portant sur un objet mentionné au premier alinéa peut être organisé à l’initiative d’un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales. Cette initiative prend la forme d’une proposition de loi et ne peut avoir pour objet l’abrogation d’une disposition législative promulguée depuis moins d’un an."

8. Le jeudi, 13 décembre 2012, 07:45 par Nath

Comment veux-tu que les gens réagissent alors qu'ils baignent 99% de leur temps dans des discours bien-pensants ? Ces discours qui nous disent que la crise est (certes), qu'il faut se serrer la ceinture, renoncer à nos "avantages" (et non pas droits fondamentaux) ne pas faire de vagues car tous les gens de pouvoir font ce qu'ils peuvent...
Je hurle quand j'écoute France Inter (radio de réputation "gauchiste") et leurs éditos économiques... de qui ? De mecs des Echos... Pourquoi ne pas plutôt inviter des Bernard Marris ? Ou bien faire intervenir leur chroniqueuse Caroline Fourrest pour apporter un autre éclairage que la pensée dominante ? Quand on veut nous faire croire que tout est régi par des lois du marché, des principes hyper rationnels, au delà de tout un chacun... et qu'au final, on le voit tout les jours, c'est faux et archi faux ! C'est une question de choix et de courage politique !

Une autre voie/voix est-elle possible ?
Comment toucher le petit pourcentage de population qui peut faire basculer les choses ?
Quand nous sommes tous pris dans notre quotidien, de notre propre boite qui ne va pas (quand on a la chance d'avoir un taff), des soucis du quotidien à gérer...

Pardon Mérome, je crois que je n'ai pas fait avancer le smilblick là... Parce que je ne fais pas grand chose d'autre qu'en parler à la cantine le midi, avec nos potes... et que ça ne fait souvent que prêcher des convaincus...

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