Et je ne parle pas de moi mais de l'actualité économique, écologique et politique qui me préoccupe toujours autant. Par où commencer ?
La finance, au bord du gouffre, a fait un grand pas en avant
"La résolution de la crise grecque lève tous les doutes sur la zone euro". Qui a dit ça ? Bozo le clown ? Jean-Marie Bigard ? Non, non, c'est François Hollande. La Grèce aujourd'hui, c'est ça :
Manif contre l'austérité à Athènes le 23 novembre
Une crise résolue donc, on peut passer à une autre, mais laquelle ? Celle du Japon, endetté à 200% sans aucune perspective de croissance ? De l'Espagne blindée de chômeurs ? Des USA où on les a exclus des stats avant les élections ?
Il faut écouter des gens comme Olivier Delamarche, qui s'étrangle sur BFM TV tous les mardis à expliquer à deux ahuris que la finance, c'est foutu pour de bon. Que pour la première fois, TOUS les pays du monde sont endettés ET englués dans une économie molle. Pour qu'un pays comme le Japon parvienne à rembourser sa dette, il faudrait qu'il enregistre une croissance de près de 20% par an, un chiffre que même la Chine à son apogée n'a jamais connu. Et tout cela bien sûr dans un contexte de raréfaction des ressources et de l'énergie et alors qu'aucun pays du monde ne peut tirer la croissance à sa place. Mais qui y croit encore ?
Et pourtant, bon sang de bonsoir, il y a des gens qui bossent sur cette foutue planète, qui vivent, qui s'échangent des choses... Pourquoi diable le manque d'argent devrait faire s'arrêter tout ça ? Alors que l'argent est une pure création de l'esprit humain au contraire de la quantité de ressources disponibles par exemple ?
L'argent rare profite à ceux qui en ont beaucoup, énormément. Cela leur donne un pouvoir infini sur les moins fortunés. Pour conserver ce modèle suranné, l'économie globale de la planète est en train de se casser la gueule, avec des risques de conflits de plus en plus palpables. Mais quand allons-nous nous réveiller ?
La planète se meurt lentement mais sûrement
Je suis en train de lire "Saison Brune", une BD de Squarzoni que m'a offert l'ami Bob. Je n'y apprends rien de bien neuf, mais cela me remet bien en tête l'étendue du désastre et notre incapacité à s'en sortir.
Et les nouvelles sont mauvaises :
Le dégel du permafrost pourrait accentuer le réchauffement climatique
Climat. De nouveaux records de chaleur atteints en 2012
Réchauffement climatique: le scénario noir de la Banque mondiale
J'en passe et des pires. C'est totalement catastrophique pour nos propres enfants, relisez bien cette phrase plusieurs fois avec le doigt : "C'EST CATASTROPHIQUE POUR NOS PROPRES ENFANTS".
Le système politique hurle son inefficacité à notre oreille
Est-ce qu'il y a encore quelqu'un pour croire que ces imbéciles qui se battent pour la présidence de l'UMP ont une quelconque compétence pour gouverner le pays ou même ne serait-ce qu'une vulgaire commune ?
Le spectacle navrant des partis qui s'entredéchirent sous le feu des projecteurs n'a qu'une explication : « Les partis sont des machines de guerre condamnés à la discorde ». Et cela n'a rien, mais strictement rien à voir avec la démocratie.
Pendant ce temps, à Notre Dame des Landes, on essaie par la force d'imposer un projet d'avenir imaginé en ... 1967. Le pétrole se fait rare et on ne sait pas faire voler des avions sans lui. Le bocage nantais est plus joli et utile que l'asphalte des pistes. La viabilité économique du projet est douteuse. Mais nous avons un premier ministre qui soutient l'aéroport à bout de bras, contre vents et marées et surtout en dépit du bon sens.
Notre modèle soi-disant démocratique montre une fois encore ses limites : les élites soi-disant choisies pour leur compétence et leur hauteur de vue sont plus crétins que le dernier des anarcho-autonomes. N'importe quelle assemblée tirée au sort serait plus sage que nos décideurs arc-boutés sur leurs principes du 20 ème siècle. "On ne va tout de même pas tomber dans la décroissance!" s'emporte Ayrault qui n'en est pas à une connerie près.
A côté de ça, le préfet qui sévissait en Loire Atlantique au moment de l'appel à projet travaille aujourd'hui ... chez Vinci qui a remporté le marché. République bananière...
Ce spectacle pitoyable, à droite et à gauche, montre l'urgence de passer à autre chose, adapté aux contraintes de notre temps et aux outils démocratiques nouveaux.
La liste est bien trop longue, de tout ce qui m'écoeure disait Renaud, et je pourrais encore vous parler des médias-menteurs, des industriels peu scrupuleux, des aberrations sociales, mais j'y passerais ma journée.
Cher lecteur, regarde-moi bien dans les yeux. Qu'as-tu fais aujourd'hui contre tout ça ? T'es-tu informé correctement ? As-tu partagé l'information avec d'autres ? As-tu pris la peine d'expliquer à ton beau-frère qui revient du Maroc que son mode de vie n'est pas durable ? T'es tu fâché avec ton collègue qui vient de se racheter une grosse voiture ? T'es-tu remis en question en offrant un cadeau en plastoc chinois à tes enfants ? Discutes-tu de la vraie démocratie avec tes amis ? Es-tu prêt à faire des sacrifices, des efforts, juste pour sauver tes enfants, tes neveux, tes nièces ?
C'est important, que dis-je, c'est capital que chacun comprenne bien son rôle et ses responsabilités dans cette gigantesque mascarade. Car si tout cela est possible, c'est bien à cause de toi et moi. De notre passivité, de notre apathie.
Commentaires
Le plus déprimant, dans cette histoire d'essayer d'informer les autres, c'est l'impression de toujours devoir reprendre à 0.
A la pause j'ai passé un quart d'heure à essayer d'expliquer à des collègues que la voiture électrique et la pile à hydrogène, ce n'est pas ça qui sauvera le tout voiture (je n'ai même pas essayé de leur faire remettre en question la voiture, on n'en est pas là). L'hydrogène, je pensais que tout le monde s'était rendu compte que c'était un faux espoir. Côté positif, ce sont des ingénieurs, quand on leur parle de densité énergétique, ça leur parle, on peut parler chiffres. Côté négatif, ce sont des ingénieurs, ils ont une foi en béton dans la technique et la science salvatrices.
Autre exemple, sur le sujet NDLL d'un forum bien connu. Voir un intervenant que j'avais tendance à apprécier et à considérer informé prédire la croissance de l'aviation civile sur la base de "quand il n'y aura plus de pétrole, on utilisera des agrocarburants" ... ben pfffff .... je pensais, là aussi, naïvement, qu'à peu près tout le monde en était revenu, des agrocarburants.
Et le problème, à toujours devoir reprendre à 0, on ne fait que démolir des écrans de fumée, et on n'arrive jamais aux vrais problèmes qui nous plombent.
Merveilleux billet Merome !
Calcoran : : attention, il est tout aussi faux de dire "la science ne sauvera PAS le monde" que "la science sauvera le monde". On ne peut pas savoir, c'est une question en suspens.
Par contre, c'est d'un point de vue stratégique qu'il faut réfléchir : comme on ne peut pas être assuré de la possibilité que la science nous sauve, il ne faut pas compter dessus et envisager d'autres solutions.
Pour l'histoire des agrocarburants, attention aussi : les agrocarburants à l'ancienne, on en est revenu ! Le colza, c'est has been.
Mais quand on voit que les constructeurs d'avions envisagent une solution 100% algues généralisée d'ici très peu de temps ( http://www.edubourse.com/finance/ac... ), on ne peut pas utiliser l'argument de la rareté du pétrole.
D'autant plus qu'un argument bien plus pertinent reste, lui, non résolu par cette avancée scientifique/technique : on va continuer à consommer de la matière organique (formée de carbone) et tout relâcher dans l’atmosphère sous forme de CO2 ! Et là, il y a un problème à moyen terme !
Bravo pour ce billet !
Il n'y a pas que NDDL, il y a aussi Lyon Turin.
Un article que j'ai bien aimé :
http://lesactualitesdudroit.20minut...
Krka
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ton interjection de la fin.
Tu sembles dire qu'il faut parler discuter, faire prendre conscience, éveiller... Ceci est vrai mais plus que tout il faut montrer qu'on peut faire autrement. Ensuite seulement si les gens te demande pourquoi tu peux leur expliquer tout le reste. Il faut donner envie d'autre chose. C'est en cela que le capitalisme a su s'imposer par une révolution culturelle silencieuse. Il n'a jamais expliqué ses mécanismes, il a séduit, il a donné confiance... il a été malin. et la plupart des gens n'ont même pas eu conscience de devenir capitaliste.
Traité les gens d'ahuris parce qu'ils ont été au Maroc pour les vacances alors qu'on fait soit même un post sur sa nouvelle super voiture mi-pétrole mi-nucléaire est un peu illégitime. Nous sommes tous pétris de paradoxes qu'il nous faut assumer et qui feront que les autres ne voudront pas nous écouter et n'accepterons pas de se laisser convaincre. Il faut donc donner envie de faire différemment, et pour cela le capitalisme a défini des outils: le marketing, la publicité, les médias de masse. Il suffit de retourner ses outils pour construire un protosystème attractif vers lequel les hommes iront naturellement lorsque celui ci ce sera cassé la gueule... et nous savons tous les deux qu'il se brisera bientôt.
Alors le temps presse, construisons ce que demain sera plutôt que de perdre du temps à être sûr qu'hier est dépassé.
Bonne journée
Antoine
@Antoine : A mon sens, il est impossible de faire désirer un autre modèle alors que le système vante chaque jour ses avantages. Concernant ma "super voiture", je tempère un peu tes propos, relis l'article, il est ponctué de phrases qui sont sans équivoque sur mon avis sur la question ("cette voiture n'est guère plus écologique qu'une autre", "c'est potentiellement plus émetteur de CO2 qu'une voiture normale", "c'est donc presque toujours une mauvaise idée, écologiquement, de changer de véhicule pour émettre moins de CO2." ...) Et puis ce n'est pas MA voiture, elle est en location.
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