Il y avait longtemps que je ne vous avais pas causé de mes souvenirs scolaires.
Deux fois principalement, au cours de ma scolarité, j'ai été en face de profs particulièrement bizarres qui ont déclenché des réactions remarquables dans l'assistance potache de laquelle je faisais partie.
La première fois, ce fut en classe de 3ème, un prof de français remplaçant, jeune débutant, s'est retrouvé en face de nous autres, agressifs adolescents en plein âge bête.
Bon, il y a mis un peu du sien en se présentant à nous dans une tenue que je saurais à peine décrire aujourd'hui : un pantalon bleu vif sur des chaussures rouges, une chemise verte avec un blouson jaune. Je crois qu'il ne manquait pas une des couleurs primaires et cela m'a immédiatement fait penser à la palette d'habillement du clown.
On ne juge pas sur la mine (sauf quand on a 14 ans), mais quand le mec s'est mis à parler, on a tout de suite senti la faille. C'était un faible. Pas sûr de lui, un peu gauche, pas d'expérience, limite timide, rougissant, ... Le groupe classe l'a ravagé en quelques semaines. Même ses énervements nous semblaient drôles. Jusqu'à ce qu'un jour nous déclenchâmes une mini-révolte à base de lancer de boulettes de papier mâché contre le tableau, les murs, le plafond, et aussi de projection d'encre sur les mêmes supports.
Evidemment, dès le lendemain, c'est le principal du collège qui vint nous faire la leçon, et on a dû nettoyer la salle qu'on avait salopée.
En 1ère, soit deux ans plus tard, c'est un prof d'anglais qui fut la victime de notre intransigeance scolaire. Celui-ci était un peu plus âgé et semblait avoir traversé un certain nombre d'épreuves psychologiquement douloureuses. Il évitait de nous regarder dans les yeux, et était infoutu de se faire entendre et respecter. Il menait ses cours dans l'indifférence générale, pendant que nous, au fond de la classe, jouions au tarot ou discutions de choses et d'autres. Je vous laisse imaginer les dégâts d'un an sans cours de langue. Il m'a fallu deux ans pour m'en remettre et je n'ai compris l'intérêt des verbes irréguliers qu'en 2ème année de DUT.
Avec le recul, et mes propres numéros se trouvant parfois en face de profs du même acabit, je ne sais toujours pas quelle est la bonne conduite à tenir. Bien sûr, officiellement en tant que père, je réprouve toute idée qui amènerait à moins travailler en classe sous prétexte que le prof n'est pas bon, mais je ne peux m'empêcher de me revoir à cet âge, avec le même bagage intellectuel, et surtout avec la même impuissance des élèves face à un prof. Comment juge-t-on un prof quand on est élève ? A qui dénonce-t-on les dérives, les faiblesses, les manques ? Quelle oreille adulte est attentive au commentaire : "Ce prof là ? Il est nul, on fait rien de bien avec" (à prononcer avec la voix chevrotante respirant l'intelligence de l'adolescent moyen).
Une autre façon de voir les choses est de se dire que cela fait partie de la vie. Les incompétents, les bizarres, les nuls, on en croise finalement tous les jours. Il faut bien faire avec.
Commentaires
Très pertinente conclusion !
Quand t'as de la maturité, du recul, de l'expérience, tu composes avec les incompétents : tu préviens leurs bourdes, tu anticipes leurs manquements, tu compenses leurs insuffisances. Je sais faire ça depuis la Fac ou j'ai vite compris qu'en 2h de cours merdique j'étais capable d'intégrer parfois bien plus de connaissances dans les bons bouquins de la matière. Ca m'a bien aidé, y compris dans ma gestion professionnelle de maintenant, à l'image de ta conclusion.
Mais a l'age scolaire tu subis tout ça. Comme ton prof d'anglais de 1ere j'ai malheureusement une bonne liste de boulets... Entre ceux qui ont fait la moitié/quart/dizième du programme, ceux qui n'ont rien fait de l'année, ceux qui ont passé leur temps a raconter leur vie, j'ai l'impression d'avoir eu un enseignement avec pas mal de lacunes. Je ne remercie pas ces profs en tout cas, ni le système éducatif qui permet de laisser sévir ces gens pendant des années en connaissance de cause !
@Stef : cela dit, pour tempérer ton commentaire sur le système éducatif qui permet ça, je suis aujourd'hui encore régulièrement des formations (et même, j'en donne, c'est dire !), et je constate que la plupart des formateurs, payés pour 2 jours l'équivalent d'un mois de prof, sont soit incompétents, soit fainéants, soit absolument pas pédagogiques. Étant de nature plutôt autodidacte, c'est une plaie à chaque fois que je dois me former à quelque chose par les méthodes "traditionnelles".
Et du coup, réflexion parallèle qui rejoint ma conclusion : est-ce que l'apprentissage n'est pas autant dans le groupe que forme la classe que dans l'enseignement et le cours lui-même, à l'échelle macroscopique. Autrement dit, bien sûr que j'ai perdu une année d'anglais en 1ère, mais qu'est-ce que j'y ai gagné en relationnel avec mes codétenus ? Et est-ce que, dans l'ensemble d'une scolarité, ce n'est pas quelque chose d'utile ou de souhaitable, finalement ?
Qu'on puisse voir quelques points positifs comme tu le soulignes, pourquoi pas, mais aller jusqu'à "utile ou souhaitable" je ne crois pas.
Je constate un peu la même chose que toi pour les formations. Apres avoir assisté a tout ce qui se faisait en début de carrière, j'essaye maintenant de sélectionner les sujets et les intervenants mais même en matière de santé il est difficile d'avoir une info pertinente ET objective...
Comme on dit quelqu'un qui parle de ces souvenirs n'a rien d’intéressant a dire....
@lavéritévrai : c'est intéressant, ça dis-donc, comme commentaire, tu peux développer ?
Vu les fautes énormes, ne l'encourage pas à écrire, pitié...
Je suis sûre que lavéritévrai voulait simplement t'encourager à poursuivre tes billets critiques sur notre société actuelle
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