Jean-Claude Convenant dans le texte.

Comment se faire entendre des gens qui n'ont pas lu/vu/écouté tout ce que vous avez lu/vu/écouté ? Ces derniers mois, j'ai fait le forcing sur certains thèmes en m'enfilant un paquet de vidéos/reportages/conférences pendant l'heure de midi. Quand je me retrouve à parler de ça en société, je suis confronté à un épineux problème : comment résumer tout ça en quelques mots sans être pris pour un fou ? Et problème connexe : comment m'assurer que ce n'est pas moi qui suis fou ?

D'autant plus que les références que je peux avoir ne me sont d'aucun secours. Parlez à votre concierge ou à votre boulanger d'Etienne Chouard, de Bernard Friot ou de Maitre Eolas, ça ne va pas beaucoup l'avancer.
Le plus difficile, c'est quand on touche au vocabulaire qui a été dévoyé. Par exemple, le mot démocratie a été relié au suffrage universel et à l'élection depuis des décennies. Prétendre l'inverse provoque au mieux de la résistance de l'auditoire, au pire une totale décrédibilisation.

Ça me fait penser à cette scène anthologique de Retour vers le futur :

"Vous n'êtes pas encore prêts pour ce genre de musique, mais vos enfants vont adorer"

Mon référentiel est maintenant totalement différent, et peut-être faux ! Mais comment le savoir ?

Commentaires

1. Le vendredi, 7 octobre 2011, 13:26 par simplementNat

Bonjour,

Je me pose également les même questions.

Ma position est qu'il ne faut pas essayer de convaincre car toute personne est naturellement convaincu que le système est bon. Je préfère essayé de lui insinuer le doute, de le faire réfléchir sur les problème réelle.... mais ça demande du temps.

2. Le vendredi, 7 octobre 2011, 14:11 par Raffa

"Le plus difficile, c'est quand on touche au vocabulaire qui a été dévoyé."

Oui merome je te rejoins bien : le plus difficile aujourd'hui, et de plus en plus, c'est bien de contrer la "novlangue" et de se faire comprendre quand le sens des mots et des concepts changent ou a été récupéré, n'est pas le même pour tous et que, manifestement, la langue, et surtout ses subtilités, s'appauvrit.

Faire attention à cela et prendre la précaution de bien définir le sens des mots et concepts qu'on utilise est plus qu'utile, en matière de débat d'idée mais aussi de simple communication entre nous.

3. Le vendredi, 7 octobre 2011, 15:24 par JeffRenault

Comme simplementNat, je pense qu'il vaut mieux insinuer le doute et laisser la personne mener sa propre réflexion, exercer son esprit-critique, plutôt que chercher à la convaincre au risque de la braquer.

Sortir des certitudes distillées par la pensée unique n'est pas facile, je ne le sais que trop pour avoir suivi moi-même ce chemin.

Reste ce précieux conseil de Platon : “Si l’on interroge les hommes en posant bien les questions, ils découvrent d’eux mêmes la vérité sur chaque chose.”

4. Le vendredi, 7 octobre 2011, 16:00 par Merome

@Jeff et Nat : poussez les autres à s'interroger, je suis bien d'accord, mais encore faut-il qu'ils prennent le temps de le faire. Dans un repas de famille ou lors d'un échange de mails, c'est quelques paroles échangées seulement, et souvent suivies d'aucun effet. Au quotidien, tout le monde subit la propagande médiatique, ou simplement vaque à ses occupations sans avoir le temps de pousser la réflexion plus loin.

Même avec des gens très proches de moi, avec qui je passe beaucoup de temps, je suis obligé de redonner le pédigrée des références citées plus haut à chaque fois. Et je vois que je lasse, j'emmerde ou je ne convainc pas plus que je ne suscite le désir d'aller plus loin.

5. Le vendredi, 7 octobre 2011, 16:13 par plhoste

@Merome, Jeff, Nat : mêmes interrogations. La seule chose que je puis faire, est de montrer aux gens qui me connaissent que j'ai radicalement évolué (vu l'ampleur du changement, radical n'est pas exagéré) puis de les laisser décider eux même si je suis devenu taré, ou si des fois, il aurait pas un peu raison le ptit père. Le seul fait de donner cet exemple (quite à passer, dans un premier temps pour un fou au repas de famille) génère le doute positif. Le doute, même léger, est une faille suffisante pour que se développe une idée, une fois la personne et la société prête.

Je suis également convaincu que dans tout phénomène de société, il y a une masse critique de gens à atteindre avant q'une idée parvienne à se faire entendre (cf. Jorion). C'est une fonction croissante du nombre d'individus qui la défendent et de la force de l'idée. L'effet boule de neige opère alors sur tous les non convaincus qui se sont autorisés à douter un tant soit peu. La démocratie par tirage au sort (puisque c'est l'un des points auxquels Merome fait allusion) est une idée très forte. Elle a sa chance.

Et si c'est idiot, quelqu'un parviendra bien à argumenter dans ce sens. A ce jour, je n'ai rien lu de convainquant contre, mais je ne demande pas mieux.

6. Le lundi, 10 octobre 2011, 10:08 par Lilian

Perso j'ai remarqué 2 choses :
- il est très difficile de convaincre quelqu'un pendant une discussion. Un peu comme si chacun jouait son jeu avec ses cartes et ne peut pas accepter que l'autre lui apporte quelque chose de nouveau (moi le premier)
- au contraire, il est beaucoup plus simple d'être convaincu (ou de convaincre) par la lecture d'un article ou d'un livre ou encore par une émission radio ou documentaire vidéo.

Au niveau masse critique, il y a effectivement un point à atteindre, pas forcément les 50,1 % de la population, mais un nombre suffisant minimal qui fait basculer le reste (et les medias avec).

7. Le lundi, 10 octobre 2011, 12:41 par Tassin

C'est bien pour ça que quand quelqu'un autour de moi aborde un sujet politique, la plupart du temps je me tais, car je ne les vois pas prêts à entendre ce que j'ai un dire. Je pense que c'est un tord et j'essaye de "vulgariser" mon discours pour pouvoir le faire entendre dans ces moments là.

Le problème c'est que bien souvent, tu te retrouves à devoir justifier chaque point du raisonnement de telles manières qu'il est difficile d'arriver au bout.
Surtout qu'en général tu te retrouves seul contre tous, au boulot par exemple.

8. Le mercredi, 12 octobre 2011, 07:57 par JeffRenault

@plhoste > Bien entendu, quand on a déjà appliqué dans son quotidien, comme toi, les principes que l'on veut transmettre, ça donne une base :)

@Lilian, Tassin > Oui, une discussion ressemble bien souvent à un échange au tennis. Chacun renvoie la balle à son interlocuteur, mais que lui transmet-il réellement sinon une opportunité de placer à son tour ses arguments ? C'est en tous cas ce qui se passe quand on s'exprime par affirmations. En s'inspirant de Platon que je citais dans ma première intervention, et en utilisant le mode interrogatif au lieu du mode affirmatif, j'ai constaté que les personnes se montraient plus perméables à d'autres arguments que les leurs. Pas nécessairement sur l'instant, mais ils revenaient vers moi, de leur propre initiative, au cours d'une rencontre ultérieure. Essayez, vous serez surpris comme je l'ai été. Attention : ce n'est pas évident tant nous sommes habitués à des joutes basées sur l'affirmation.

9. Le mercredi, 12 octobre 2011, 08:09 par JeffRenault

@Merome > Même si les effets du mode interrogatif restent modérés, la graine du doute est semée et, bien que ridiculement modeste en regard de l'afflux des informations formatées des mass-médias, elle ouvre les esprits et autorise une ingestion plus circonspecte, voire critique. Le doute, c'est le début de l'esprit-critique. Faire naitre le doute, c'est déjà un grand pas.

10. Le samedi, 15 octobre 2011, 12:23 par Changaco

@Merome:
On a déjà discuté de ça plusieurs fois sur HFR, je me souviens bien avoir écrit qu'une opposition divisée sur les solutions à apporter a peu d'espoir de réveiller le peuple et quasiment aucun espoir de le convaincre.

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1. Le lundi, 2 juillet 2012, 13:55 par Pearltrees

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