Évangile de la décroissance selon Saint Merome



Lorsqu'on parle d'écologie et plus généralement des problèmes de société, on en vient rapidement à prophétiser et donner la leçon.
C'est un écueil auquel, malheureusement, je n'échappe pas, et il n'est sans doute pas inutile que je l'évoque dans un article.

Figurez-vous que j'exècre toute forme de religion. Catholique de naissance, je me suis petit à petit éloigné de toute croyance quand j'ai commencé à lire et m'intéresser à l'actualité politique et sociale. Aujourd'hui, je vois les religions comme de fabuleuses machines à formater les cerveaux et ce n'est ni les prises de positions de Benoit XVI, ni les intégristes islamistes qui me font changer d'avis.
Ceci étant dit, je respecte la foi des autres, que je ne saurais réduire à l'idéologie sectaire des représentants de la religion qu'ils ont choisie.

Cet avant-propos introduit assez bien le contenu que je voulais donner à cet article : je ne tiens pas, sous aucun prétexte, à reproduire, même à ma modeste échelle, un quelconque schéma de formatage des cerveaux avec les idéaux que je défends.
Mon propos est même tout à fait inverse : je tiens, plus que tout, à ce que chacun puisse librement faire les choix qui lui semblent les meilleurs. Et je crois donner des outils pour ça, comme dans mon article précédent.

La première chose à faire quand vous lisez un article sur ce blog, c'est de le remettre en cause. Je ne prétends pas détenir la Vérité, même si, sans doute puisqu'on me le dit, le ton que j'emploie tend à le faire penser.
En vérité, je vous le dis (!) : je doute chaque jour de ma légitimité et de mes prises de position. Et j'avance, je me corrige à chaque commentaire qui vient contredire mes propos. C'est pour ça que si souvent, j'appelle vos remarques, car je le crois sincèrement : elles ont autant voire plus d'intérêt que mon propre texte qui n'apporte que du grain à moudre.

Nicolas Hulot, Yann Arthus Bertrand ainsi que la plupart des écologistes ou idéalistes, auxquels je ne saurais par ailleurs me comparer, se retrouvent dans la même situation : conscients des défauts importants de notre civilisation, ils proposent des pistes, ébauchent des modèles, ou simplement montrent ce qu'ils estiment être la réalité. Ce faisant, ils s'exposent aux mêmes critiques, et se voient renvoyer les mêmes reproches. Pourtant, je crois qu'ils sont utiles, même lorsque les incohérences entre leur propos et leur mode de vie sont manifestes.
Parce qu'on s'accommode trop bien de ce conformisme qui nous invite à ne pas changer d'avis et ne rien faire. Parce que la réalité, telle que nous la percevons, est forcément partielle et tronquée. Parce qu'il y a des idées, des théories, que nous ne pourrons pas voir germer dans nos cerveaux si quelqu'un n'y sème pas la petite graine.

Je sais, pour le vivre chaque jour, comme il est inconfortable et déplaisant de devoir remettre en cause sans cesse son schéma de pensée. Je suppose, sans prétention, que certains lecteurs du blog ont ressenti plus ou moins consciemment cela. Même quand parfois (qui a dit souvent ?), je disais n'importe quoi.
Auprès de ces lecteurs, je tenais à m'excuser.

Ainsi soit-il.

Commentaires

1. Le lundi, 6 septembre 2010, 12:33 par Tassin

Tu écris vraiment des articles passionnants Mérome.
On s'y identifie très souvent. La remise en question est quelque chose que je suis enclin ou contraint de faire plusieurs fois par jour. Et c'est vrai que ce n'est pas forcément très reposant. Toujours chercher des informations, les analyser, les comparer,les remettre en cause, formuler un nouveau point de vue corrigé...
Et c'est pas près de s'arrêter. Le jour ou ça s'arrête : vous avez arrêté de penser par vous même et ne faites plus que suivre les idéologies des autres. Que ce soit des gouvernants ou d'opposants.
Merci pour tes petits billets dans lesquels beaucoup doivent se reconnaitre au moins en partie.

2. Le lundi, 6 septembre 2010, 13:35 par Carine

Je suis d'accord avec Tassin, sur l'intérêt de tes articles et avec son point de vue.
Je pense aussi que même si comme tu le dis la démarche peut-être désagréable, il est nécessaire de savoir se remettre en question et reconsidérer sa façon de penser. C'est le signe que nous savons faire preuve d'esprit critique et que nous sommes capable de progresser et d'évoluer dans nos opinions et dans notre vision du monde.

3. Le lundi, 6 septembre 2010, 18:08 par François

Je viens régulièrement lire ce blog et j’aime y lire tes articles : brefs, incisifs et pertinents. Je m’y retrouve très souvent mais jamais je n’y participe.
Sauf aujourd’hui.

Je suis d'accord avec toi sur le fond de l'article : toujours se remettre en cause, ne jamais se cantonner dans ses certitudes.
C'est une démarche intellectuelle parfaitement louable !

Par contre je ne suis pas du tout d'accord avec toi sur ton introduction et certaines analyses.
Sur le sujet des religions tu dis respecter la foi des autres (et c'est intellectuellement et humainement respectable !)
Pourtant tu attaques violemment les religions (exécrer=haïr-détester-abominer) que tu cantonnes à de vulgaires doctrines qui lavent (formatent) le cerveau.
Ton mot est trop fort. Je doute que tu respectes quelqu'un si tu haïs ses convictions.

Car crois-tu que quelqu'un qui a la foi en quelque chose ne se remette pas en question, même au quotidien ?
Crois-tu qu'un musulman ou un chrétien ne se remette jamais en cause, qu'il ne cherche pas, n'analyse pas, qu'il n'est qu'un mouton d'une doctrine ou d'une croyance ? Un croyant est un éternel chercheur et certainement pas quelqu'un qui n'a que des certitudes !

Tu réduis les croyants (quels qu'ils soient) à de à pauvres légumes de doctrines basées essentiellement sur ce qui est relayé par un bon vouloir de la presse ou par certaines personnes de leur confession (comme Benoit XVI, ou les intégristes islamistes que tu cites)
Mais c'est tellement plus croustillant et même percutant pour la presse de parler d'un attentat islamiste que de parler de l'aide d'un village très pauvre musulman à des plus miséreux qu’eux et ce sans prosélytisme.

Une religion n'empêche en rien de penser par soi-même !
Je trouve que l'analyse est très caricaturale.
Ainsi (je force évidemment l'analyse) tout intellectuel athée (qui ne touche pas à la religion et qui n'a pas été "formaté" comme tu dis) serait le seul à percevoir une analyse ou des idées pour notre civilisation et être constructif ?
Car même toi, ton analyse est basée sur une éducation que tu as reçue et des pensées que tu t'es aussi forgée, développées (d'après tes propos une éducation judéo-chrétienne). Tu as fait des choix à des moments. Tu as écartés des idées, tu t’es consolider d’autres.
Pourtant inconsciemment tu as eu une éducation de notre société, de tes parents, amis...
Le brin de religion qu'on t'a inculqué ne t'a pas empêcher de réfléchir comme tu le fais à présent ? Tu t'en trouve salis ?

Toute personne qui que cela soit - pour son bien et pour le bien de l'homme - doit se remettre en cause et apporter des idées du moment que c'est pour le bien de l'homme et de ce (et ceux) qui l'entourent.

Enfin pour terminer je te rejoins complètement dans ce que tu as écrit précédemment.
Entre ce qui est relayé par les médias, journaux, télé, Internet...etc... Il faut savoir discerner.
Un individu doit tout au long de sa vie faire preuve de choix et de discernements.
En permanence.
Se remettre en cause est preuve de sagesse.

4. Le lundi, 6 septembre 2010, 19:55 par Merome

Tiens François, ça fait plaisir de te lire ici ! Alors, oui, mon argumentation sur les religions est un peu courte, pour la simple raison que ce n'est qu'un sujet secondaire de cet article. Peut-être un jour développerai-je tout ça dans un vrai article, mais dans l'immédiat, je vais préciser un peu ma pensée dans ce commentaire.%%%

En fait, je crois que la foi est quelque chose de tellement personnel, qu'on ne peut pas faire une catégorisation aussi nette que les religions le laissent penser. On n'est pas catholique comme on prend sa carte au PS ou à l'UMP. Je connais pas mal de catholiques et pas un ne définit sa croyance de la même façon. Entre les grenouilles de bénitiers qui ne manquent pas une messe mais ont une langue de vipère dès leur sortie de l'Eglise, ceux qui ne vont pas à la messe mais qui sont de "vrais chrétiens" (si tant est qu'il y en ait des faux), ceux qui croient en Dieu, mais rejettent les idées du Pape en bloc et s'asseyent sur le "protocole" (carême, vendredi saint, ...).%%%

Tu connais les religions certainement bien mieux que moi et je suis sans doute dans l'erreur sur pas mal de points, mais telles que je perçois les religions, elles n'apportent rien. Sauf des contraintes, une idéologie prête à penser, des questionnements parfois décalés ou désuets... Bien sûr, cela ne t'empêche pas, à titre personnel, de t'écarter de la ligne idéologique, quand tu es assez fort psychologiquement pour le faire. Je connais des gens qui ne laveront pas leur linge le vendredi saint ou ne mangeront pas de viande, et c'est plus une superstition qu'une croyance car ce n'est rattaché à aucune valeur, aucune éthique particulière.%%%

Quand on peut "forcer" tout un peuple à abandonner un plaisir ou un confort, arbitrairement, c'est de la manipulation. Quand c'est pour des raisons scientifiques (changement climatique, ...), c'est de l'écologie ! :)

5. Le lundi, 6 septembre 2010, 21:52 par Stef

La religion n'a que l'image qu'elle mérite aprés des siècles de catastrophes qu'elle a provoquée. J'ai un profond respect pour tout ceux ayant une foi profonde et surtout pour un certain sens des valeurs universelles (compassion, honnêteté, respect...), mais il faut être d'une incroyable mauvaise foi pour ne pas admettre que ça n'a rien a voir avec la grande majorité des religions. Leurs gourous (Papes, curés, imams and co, le terme "gourou" me semble le plus généraliste et le mieux représentatifs) s'attribuent le droit de juger leurs pairs par rapport a ces valeurs mais la secte qu'ils représentent ne les repectent (ces valeurs) quasiment jamais. La religion n'a presque toujours été qu'un instrument de pouvoir pour manipuler et apaiser le peuple.
Désolé d'englober tout le monde mais participer a une religion, c'est se rendre complice de ses crimes...

Et désolé d'insister sur cette dérive du sujet, c'était ineluctable vu le titre et le sous-titre de l'article (tres bon au passage). :)

6. Le mardi, 7 septembre 2010, 00:57 par Fil

Et puisque c'est ça j'y vais aussi de ma contribution hors sujet avec cette chanson fort à propos ! http://www.deezer.com/listen-459933...

Comme quoi Merome tu vois l'écologie on s'en fout, on préfère parler religion sur ton blog :D

7. Le mardi, 7 septembre 2010, 08:37 par Merome

Aucun doute que la religion est un bon sujet de polémique. C'est peut-être pour ça que je ne l'ai pas encore abordée dans un billet spécifique, je crains les réactions et la stérilité du débat. Chacun ressent ça de manière beaucoup trop personnelle. Et expliquer à un croyant (peu importe ce en quoi il croit) qu'il est manipulé par des gourous, il n'y a aucune chance que ça soit compris d'autant que la plupart du temps c'est faux. Chacun s'accommode de la religion et la tourne à sa sauce au point d'un faire une ligne de vie tellement personnelle qu'on ne peut pas en faire une critique sans blesser profondément, ce que je ne souhaite pas.

Même les curés que je connais ne sont pas d'accord en tout point avec le Pape. Mais ils le défendent quand même. Il y a aussi des gens qui sont capables d'expliquer la pédophilie des prêtres, presque de l'excuser, sans que ça ébranle leur foi chrétienne. L'histoire des religions est entâchée de tant de trucs de ce genre que je ne peux pas en faire abstraction. Mais d'un autre côté, les croyants sont souvent des gens admirables et tellement loin de tout ça que je ne peux pas leur en vouloir et ne cherche même pas à les convaincre. C'est en cela que je dis respecter leur foi.

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