L'habit ne fait pas le moine, mais il y contribue.

Je suis entré dans la vie active en 1997. Depuis, j'observe le monde du travail avec circonspection et je me rends compte que partout, et en toutes circonstances, c'est la posture qui prime.
Je ne parle pas spécifiquement de mon unique expérience à moi, mais aussi de ce que je peux voir ou entendre des autres. Partout, ceux qui présentent bien, qui savent se vendre, réussissent mieux que les gens talentueux qui sont humbles.
L'humilité n'est pas une valeur qui permet de réussir. C'est d'ailleurs vrai en dehors du monde du travail, dans la relation avec ses voisins, son beau-frère ou son garagiste, si vous montrez que vous doutez ou que vous ne savez pas, cela dénote une faiblesse que votre interlocuteur s'empressera d'utiliser pour vous ridiculiser ou prendre l'ascendant, parfois même sans malice.

Je ne sais pas si on enseigne ça aux médecins, mais j'ai déjà remarqué ceci : un médecin est toujours catégorique sur son diagnostic. L'effet placebo étant souvent aussi important que les éventuels médicaments qui sont prescrits, il doit vous assurer qu'il sait ce que vous avez et comment le soigner.
Si l'on peut comprendre cette attitude d'un médecin qui influe l'efficacité de sa thérapie, elle est beaucoup moins excusable de la part des chefaillons d'opérette, ceux qui pullulent dans les entreprises privées ou publiques, petites ou grosses. Sous prétexte de ne pas perdre la face devant leurs subalternes, ils peuvent affirmer n'importe quoi, sans jamais afficher un quelconque doute. Pire : c'est souvent à ce comportement particulier qu'ils doivent leur accession à cette place !

Vous ne verrez pas un homme politique, un consultant ou un commercial douter une seule seconde. Ils ont fait de leur aplomb un métier, et c'est en général leur seule compétence réelle. Si vous êtes en face de quelqu'un qui présente ce trait de caractère, soyez bien sûrs qu'il cache de grosses lacunes et de larges incompétences.
Souvent, cette volonté de prendre le dessus sur son interlocuteur est appuyé par un code vestimentaire très étudié : un beau costard, une marque ostentatoire qui indique de manière subliminale le prix du vêtement, des lunettes de soleil négligemment laissées dans les cheveux,... Une (im)posture.

Il y a plein de chomeurs et de rmistes bourrés de talents qui pourraient avantageusement prendre la place de ces stars du "paraître" qui hantent les couloirs des PME comme ceux des boîtes du CAC 40. Il faudrait pour ça que le monde devienne plus simple et plus sobre. Il sera alors bien plus efficace.

Commentaires

1. Le samedi, 14 août 2010, 20:34 par Etheriel

On a en effet déjà discuté de ce sujet : gros +1 !

2. Le samedi, 14 août 2010, 21:06 par Le Monolecte

Ben, si tu as la recette pour devenir quelqu'un de sûr de lui qui arrête de tirer le diable par la queue, j'achète.

Je vais avoir 40 ans, je sais que je sais faire plein de trucs et que je vaux forcément quelque chose, mais du point de vue de mon entourage, je suis une ratée parce que mon plus grand talent prouvé jusqu'ici, c'est de gagner des clous!

Sinon, d'accord avec tout ce que tu dis.

3. Le samedi, 14 août 2010, 21:36 par Fred., de L.

C'est un peu caricaturale, surtout sur la fin, mais oui, ce genre de comportements existent, et pas forcément que chez les consultants. Je dois en gérer au quotidien, et je t'assure que ces gens qui oublient l'humilité se le mangent tôt ou tard au prix fort : il annonce une connerie : il a la possibilité de faire, de préférence seul, pour ne pas avoir la possibilité de rejeter la faute de l'éventuel échec sur les autres (on vient d'en virer un de cette trempe là... ce n'était JAMAIS de sa faute quand ça allait mal...). Mais j'avoue avoir parfois du mal à rebondir quand un de ces spécimens s'attaque à moi frontalement comme tu le décris.

Coucou Monolecte :-) Tu te souviens que ?

4. Le dimanche, 15 août 2010, 09:11 par Merome

@Monolecte : non seulement je n'ai pas de recette, mais je ne pense même pas qu'il faille changer. C'est à la société de changer pour que la comm' prenne moins d'importance, pour que l'esbroufe soit un délit et que l'on ne mesure pas la performance à la couleur de la cravate ou la longueur du CV.

Une fois que j'ai dit ça, ça fait une belle jambe aux chômeurs. Mais c'est surtout aux autres, et à moi-même, que je m'adresse. Ceux qui sont en place, et qui perpétue plus ou moins consciemment cette habitude de choisir ce qui est le mieux présenté, ce qui fait le plus classe, plutôt que ce qui est efficace.

5. Le dimanche, 15 août 2010, 11:46 par Eric

Il y a un peu une contradiction entre vouloir être humble et vouloir dominer les autres. Que celui qui désire dominer et réussir arrête d'être humble, sinon c'est aussi une posture!

6. Le lundi, 16 août 2010, 21:06 par Eric T.

100% d'accord avec toi Jérôme, j'ai la chance de travailler sur un gros projet à Montréal pour une société Française et je vois ce genre de comportement sans arrêt.

Plus les projets sont gros, plus les égos prennent de l'ampleur et on assiste alors au fameux, "ce n'est pas de ma faute, c'est lui qui n'a pas fait son travail".

Après on se demande pourquoi les gros projets sont constamment en dépassement de coût.

L'égo a un prix et il coûte cher à la société.

7. Le mercredi, 18 août 2010, 19:06 par totobo

Coucou Mérome,

Voilà bien des lustres que nous n'avons pas échangé.

J'aime bien la fraîcheur toujours aussi naïve, quoique censée, de vos propos.
Le comportement de l'homme que vous pointez était probablement encore plus marqué dans le temps où le niveau général de connaissance était encore bien plus bas.
Allez, soyez un peu optimiste et regardez très loin devant vous, à une échelle de temps où l'extrapolation du présent à votre échelle de temps n'est plus valable...

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1. Le jeudi, 21 juin 2012, 18:27 par Pearltrees

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