L'orchestre joue encore

En 2006, je finissais le bouquin de Nicolas Hulot éponyme, et je le trouvais un peu mou du genou. J'avais été par contre agréablement surpris par le Pacte écologique, et son ton plus incisif et activiste. C'est donc en toute confiance que j'ai pris mes billets pour voir Le syndrome du Titanic, le film, c'était cet après midi.

Eh bien, je suis déçu. Voire très déçu. À mon sens, le film est raté. Déjà, il met des heures à commencer, ou plutôt, il ne commence jamais. Des images, même pas belles (au contraire des films de Yann Arthus Bertrand), mises bout à bout, avec de temps en temps, un commentaire qui ne s'y rattache pas forcément. Et qui plus est, quel commentaire !

Sous le prétexte, sans doute, de ne pas donner de leçons (à moins que ce ne soit pour ne froisser personne ?), Nicolas Hulot reste dans un registre purement philosophique, totalement inaccessible au spectateur moyen que je suis. Des phrases de trois kilomètres, blindées de gros mots incompréhensibles.et tellement éloignées de la réalité et même, des propres images du film !

Des images qui dépeignent un monde socialement au bord du gouffre, totalement fou, cruel. La critique est d'ailleurs bien plus sociale qu'écologique (une des grandes découvertes de Hulot, je pense, ces dernières années : les problèmes écologiques et sociaux ne font qu'un), mais jamais elle n'est franche, en plus d'être totalement décousue. On passe des mines de fer gigantesques aux Etats Unis, aux bidonvilles africains, en passant par les discothèques de Tokyo. Il faut deviner la raison de chaque image. Si l'on n'est pas un peu informé, on loupe des trucs, comme cette piste de ski artificielle à l'intérieur d'un bâtiment, montrée de l'intérieur, puis de l'extérieur, sans commentaire. On ne comprend pas si on ne l'a pas déjà vue ailleurs.

Parfois, l'image contredit le commentaire, ou laisse carrément perplexe sur l'intention de l'auteur. Ces jeunes japonais dans une discothèque, qui dansent dans des déguisements très "mangas", ou ce gars qui joue à un jeu vidéo : des jugements de valeur ?

Le documentaire n'est pas du tout pédagogique, ni accessible. il n'y a pas de plan, il n'y a pas même de tentative d'explication. Le constat est brut et c'est au spectateur de se demander ce qui a conduit à pareil enfer sur Terre. Il n'y a pas non plus de solution, pas mêmes des pistes, si ce n'est un vague commentaire sur l'énergie solaire qui pourrait couvrir tous nos besoins, théoriquement.

J'ai en revanche apprécié l'une des scènes du film. Au beau milieu d'une longue série d'images sur ces gens qui vivent, partout dans le monde, dans la rue, ou dans une "cage", dans leur voiture, ... Zoom sur des gens qui ont dormi dans la rue, sur et sous des cartons ; l'air égaré, ils s'éveillent doucement, le plan s'élargit, ils sont des centaines dans cette rue, à avoir dormi à la belle étoile, on compatit jusqu'à se rendre compte qu'ils attendent l'ouverture d'un magasin, sortie mondiale de l'Iphone 3G... Je n'ai pas senti le coup venir. Bien vu.

Le reste du film n'est pas digne d'intérêt, et c'est dommage. Une belle occasion manquée de faire prendre conscience à plus de monde les tenants et aboutissants des enjeux qui nous attendent. Le film est élitiste, philosophique, presque pompeux. Il a raté son coup.

Commentaires

1. Le dimanche, 11 octobre 2009, 21:19 par Fil

J'ai vu aussi le film, mercredi.
Et moi, sans le déclarer comme exceptionnel. Je l'ai bien aimé. LA raison est simple : il m'a fait réfléchir, énormément, au futur de la Terre, celui des Humains et au mien.

Et c'est ce qui manque à énormément de monde je crois : la réflexion. Est-ce parce qu'ils ne le veulent pas ou ne le peuvent pas... un peu des deux. Mais voir ce film, lorsqu'on est pas un activiste écolo (et donc déjà au fait de beaucoup de choses), oblige, ceux qui le peuvent, à réfléchir. Les autres n'en ressortant de toute façon, pas plus bêtes que quand ils y sont entrés.

Le ton décousu que tu relève est voulu je pense. Il y a un ensemble en danger : l'Humanité (et par extension le Vivant dans sa globalité). Et dans cet ensemble d'humains, il y a énormément (beaucoup trop ?) de diversité. Tellement qu'on y comprend rien et par conséquent on ne peut parvenir à tout comprendre, à tout analyser dans son ensemble pour trouver de solutions viables à l'échelle de la Terre. C'est pas le film qui est bordélique, c'est juste l'Humain.

2. Le lundi, 12 octobre 2009, 17:28 par Calcoran

Pour le coup, je suis plus proche du ressenti de Fil que du tien, Merome.

Même si je suis d'accord avec un certain nombre des critiques que tu fais, je trouve que le constat s'impose de lui même, et au final je pense effectivement que ça fera réfléchir pas mal de monde. En tout cas ceux qui n'ont pas déjà une conscience écologique, mais qui n'ont pas non plus d'a priori négatif sur Hulot. Ca fait déjà pas mal de monde, je pense :) .

3. Le lundi, 12 octobre 2009, 18:33 par lolita

le film a été pour moi un boulversement il nous fait bien comprendre l'état du monde dans lequel on vit ; de la misère , de la soufrance . il nous fait prendre cosciense de la gravité , il nous remet a notre place ;il faut que tous les gens peuplant cette planète prenne enfin le temps de comrendre le problème ensemble on peut y arriver et c'est ça qu'il faut apprendre.
le monde ne tourne pas rond ! !

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