Retrouve-moi, rue des étoiles... montantes

En octobre 2008, je vous parlais de l'album de Grégoire, premier du genre a être produit par les internautes, à travers MyMajorCompany.

Depuis octobre 2008, de l'eau a coulé sous les ponts, l'album a un peu tourné en boucle chez moi, ravissant parents et enfants, et on entend d'autres titres sur les ondes, comme "Rue des étoiles", qui donne le titre à cet article.

Ceux qui se foutent de ma vie peuvent aller directement au compte rendu du concert qui est ci-dessous après le titre en gras...

Ainsi, la semaine dernière, quand je me suis levé avec l'idée bizarre de voir ce qu'il y avait comme concerts dans le coin, et que je suis tombé sur Grégoire à Strasbourg, et qu'il restait des places, je n'ai pas trop hésité. Surtout à 27 euros la place.
À quelques jours seulement du spectacle, acheter les places sur internet me faisait un peur, allais-je les recevoir à temps ? Mais c'était sans compter la technique moderne qui permet d'imprimer soi-même ses billets à domicile, avec un code barre dessus qui permet de valider votre entrée. À peine une demi-heure après avoir simplement envisagé de voir un concert prochainement, je me retrouvais avec mes deux places pour Grégoire en main, un dimanche matin, miracle de la technologie.

C'était donc hier soir, ouverture des portes à 19h00, concert à 20h00. N'étant pas de ceux qui veulent absolument être au premier rang pour toucher l'artiste (ou voir sous sa jupe, si c'est une artiste), on avait décidé de partir vers 16h45, pour pouvoir, après deux bonnes heures de trajet, pique-niquer rapidement avant l'ouverture des portes, tranquille.
C'était sans compter le bouchon de 5 km à Sélestat, qui nous a bloqué 50 minutes. Et c'était sans compter non plus la difficulté pour trouver des places autour de la Laiterie, plein centre ville à Strasbourg. On a repéré l'endroit et commencé à chercher une place vers 19h30. On a tourné, retourné, nous nous sommes éloignés, perdus... Si bien qu'à 20h00, heure théorique de début du concert, on était encore dans l'auto, en train de finir de déglutir un sandwich en toute hâte.
Puis enfin, une place s'est libérée devant nous, que j'ai occupée dans un créneau admirable dont je me suis étonné moi-même. On a couru jusqu'à la salle, bien stressés par une petite heure de bouchon et une recherche de parking dans une ville hostile et quasi-inconnue. Vive la campagne.

20h15, nous arrivons devant la salle, en se disant que le retard habituel des manifestations de ce genre pourrait nous sauver la mise. Mais non, le concert est bel est bien commencé, et comme il n'y a pas de première partie, c'est déjà "Rue des étoiles" que nous entendons.
Après avoir fait vérifier nos billets self-made, on entre dans la fournaise d'une salle beaucoup trop petite pour le nombre de places vendues, mais, par chance, on n'est pas si loin que ça de la scène, et même pas mal placé du tout. Il faut dire que dans une salle de 1200 personnes, on est toujours relativement près de la scène.

Le concert

Il y a deux ans, Grégoire était encore un parfait inconnu qui composait sans doute dans son coin, sans se douter de la fulgurante ascension que l'internet lui permettrait. Au contraire de pas mal d'artistes, je pense, qui doivent galérer un bout de temps avant de trouver la bonne recette, il a dû griller un peu les étapes, passant de l'anonymat total au succès national.
Du coup, il arrive sur scène devant nous, sans nous connaître, sans connaître son public. Le public non plus ne le connaît pas, sauf à travers une dizaine de chansons qui véhiculent, bien sûr, quelques messages auxquels on adhère, démontrent une façon de voir les choses qu'on partage sans doute un peu. Mais j'imagine le doute de l'artiste avant d'entrer en scène : Et si c'était que des crétins boutonneux d'internet qui venaient me voir, juste parce que c'est fun et qu'ils ont investi dans la production de mon album ? Et si c'était que des fans de Goldman frustrés et attirés par la présence du fils Goldman derrière MyMajorCompany ? Et si c'était juste des gens qui ont appréciés une chanson sans écouter les paroles et ne connaissent pas les autres ? Bref : et si ce public n'était pas MON public ?
Du coup, cette première tournée (c'était le 15eme concert hier soir) avec seulement une dizaine de chansons à jouer, c'est surtout un premier contact pour confirmer qu'il y a bien un truc qui se passe entre l'artiste et le public.

Grégoire a tenu, on dirait, à affirmer les messages qu'il envoie dans ses chansons. La tolérance, le partage, l'humilité, la générosité... Et il apparaissait donc proche du public, et humble. Heureux d'être là, comme un gosse qui savoure son rêve qui se réalise. Un peu tendu et intimidé sans doute, il ne regarde pas les gens dans les yeux, et plongent les siens dans les projecteurs pour être bien sûr de ne pas capter un regard dans la salle qui demande plus qu'il ne saurait donner aujourd'hui.
Sur ce point, j'ai toujours été fasciné par les concerts de Goldman, qui lui, au contraire, s'attache à capter les regards des premiers rangs. Il disait d'ailleurs que c'était plus facile, l'âge venant, de ne pas être déconcentré par eux, car il ne distinguait plus les détails des visages !

La playlist du concert n'est guère surprenante puisque les onze chansons de l'album y sont passées, il faut dire qu'il est rempli de tubes, vraiment de grande qualité, à mon sens. Nous avons eu droit quand même à quelques nouveautés : deux chansons composées "il y a un mois", et donc jouées "brutes de décoffrage" voix + piano ou voix + guitare. Une chanson sans doute plus ancienne qu'il avait gardée dans un tiroir. Difficile d'analyser ces trois nouvelles chansons à la première écoute et avec des arrangements sommaires, mais cela me semble quand même un ton en dessous de ce qu'il a fait sur ce premier album.

Nous avons eu droit également à une reprise. Devinez quoi ? Du Goldman évidemment, avec la chanson On ira. On est vraiment dans la continuité de l'esprit Goldman et ce n'est sans doute pas pour rien que je me suis retrouvé dans cette salle hier soir.

Grégoire a fait monter une gamine de 5/6 ans sur scène pour chanter avec lui "Toi+Moi", il a fait de grands efforts pour toucher de la main une autre qui était un peu plus loin dans le public (générosité)... Il a balancé dans le public ces serviettes-éponge, en prenant garde de bien les distribuer dans la salle (partage), il s'excusait chaque fois qu'il lançait des vannes rigolotes sur ses musiciens ou le public (humilité)... Et le public, en retour, l'applaudissait quand il faisait tout ça, portait à bout de bras la petite fille pour qu'elle touche l'artiste, et lui tendait la serviette-éponge qu'elle convoitait au lieu de la garder comme un trophée... Bref, le public était bien à l'image de Grégoire, respectueux et généreux, simple et sympa (je ne dis pas ça pour moi !).

Au final, j'ai passé un bien agréable moment, et découvert en vrai un artiste qui me semblait déjà bien prometteur. Je suis bien content d'avoir été le voir dans une si petite salle, avant peut-être qu'il ne devienne vraiment célèbre. C'est sûr, je vais suivre de près la sortie de son prochain album.