Le 48.000.000 ème pouvoir

Il y a peu, je vous expliquais mon point de vue sur les sphères de pouvoir et notamment, la sphère médiatique, dite "quatrième pouvoir", mais à mon sens la plus importante pour nous car d'une part, c'est celle dont on peut le plus facilement se soustraire (en n'écoutant/lisant/regardant plus les médias dominants), et d'autre part, parce que nous pouvons, tous, à notre échelle, recréer une sphère d'influence.

Et mon échelle, justement, je viens d'y ajouter un barreau. Parmi mes bonnes résolutions, j'avais émis le souhait d'écrire plus souvent et plus pertinemment sur le blog. Je m'y suis efforcé avec plus ou moins de réussite, et, hasard ou pas, j'ai attiré l'attention de nouveaux lecteurs. Cela a commencé, je crois, par la publication sur Del.icio.us de mon article "La connerie repeinte en vert", par Le Monolecte.
Article qui fut repris dans la sélection du Portail des copains, une lettre d'informations des gens du rezo, que je suis depuis plusieurs années déjà et où je n'osais espérer apparaître un jour en tant que contributeur.

Là-dessus, une journaliste de Libération me contacte pour me demander l'autorisation de publier mon article sur le "Contre journal" et me demande de décrire le blog et son auteur. Je me plie volontiers à l'exercice, et je reçois une semaine plus tard une demande similaire, mais cette fois de l'hebdomadaire "Vendredi" et pour l'article "Dévaluation des évaluations" (paru également sur le portail des copains). J'accepte encore une fois, et je fonce vendredi dernier chez mon marchand de journaux pour voir ce que ça donne, et effectivement, mon article y figure :

(notez la coquille "s'intéressant à politique")

Et aujourd'hui, un commentaire me laisse penser que Libération a publié l'autre article, ce que je peux vérifier en allant dans la partie "Contre journal" du site Libération. J'ignore par contre si l'article est paru d'une façon ou d'une autre sur papier. Si des lecteurs sont au courant, je suis intéressé par la réponse.

Voilà donc mon modeste blog propulsé (certes, tout aussi modestement) dans les médias dominants que je passe mon temps à critiquer. Il y a là matière à réfléchir un peu. Que cache cet engouement soudain de la presse écrite pour le Net ? Car au-delà de mon blog, l'hebdomadaire Vendredi et le Contre journal de Libé sont sur une même ligne : dénicher les articles issus de la blogosphère pour alimenter des rubriques que de vrais journalistes seraient tout à fait capables de produire eux-mêmes.

Les intermittents du blog dont je fais partie ont quelques différences majeures avec les journalistes de la presse traditionnelle. Notre activité étant totalement désintéressée, et non lucrative, nous n'avons aucun intérêt personnel dans les choses que nous commentons. Cette sincérité ne peut être aussi totale lorsqu'une rédaction sélectionne les articles et qu'un financeur permet à un journal de tourner.
L'absence de ligne éditoriale, la possibilité de parler de tout et de n'importe quoi garantit notre indépendance vis à vis des grands groupes qui contrôlent la plupart des médias.
La réactivité du net, et la facilité de publication nous apporte la spontanéité qui fait défaut à la presse écrite qui ne peut, par exemple, traiter au journal du matin une nouvelle qui est tombée dans la nuit, et fait également défaut au journal télévisé qui est contraint de limiter les informations qui ne sont pas soutenues par des images.

Sincérité, indépendance et spontanéité, c'est, je pense, ce que viennent chercher les gens de la presse écrite dans nos blogs. Je pense néanmoins, sans cracher dans la soupe des deux journaux qui ont bien voulu publier mes articles, qu'ils oublient l'essentiel en ne reprenant ni les liens ni les commentaires qui ponctuent les articles et leur donnent toute leur saveur et tout leur intérêt. Un blog cite ses sources qui sont immédiatement vérifiables, un faux argument est immédiatement repris par un commentateur qui le relève et le démonte. En une lecture, on a plusieurs points de vue et on peut en faire une synthèse, on peut approfondir le sujet...

Même si pour l'instant ces deux publications ne semblent pas attirer des foules supplémentaires sur le blog, je suis la preuve vivante que n'importe qui peut, à son niveau, toucher un public et transmettre des idées en ne partant de rien. C'est par ce bout là que je m'emploierai à démêler l'inextricable paquet de nœuds qu'ils ont fait de notre société, et qui sait, peut-être avec vos commentaires et votre attention, on pourra assister au début d'un petit quelque chose qui va dans le bon sens.

Et puis, s'il y en a :