Analyse socio-économique de la crise financière

Par un éminent spécialiste et blogueur omnipotent : moi.

Je ne vous cache pas que je suis sans doute un des plus mal placés pour commenter l'actualité secouée par la crise financière mondiale. Je n'y connais rien, pas plus que je n'y comprends quelque chose. J'ai déjà un mal fou à gérer convenablement mon propre budget et à comprendre le fonctionnement d'un bête crédit... Tout ça pour dire que je ne prétends pas faire la leçon aux plus grands spécialistes qui se sont sans doute penchés sur la question depuis longtemps et dont les actions ont abouti à ce qu'on connaît actuellement.

N'empêche, c'est un beau bordel, apparemment, et on a du mal à s'empêcher de penser qu'au moins en partie, cette merdasse était évitable. Les apprentis banquiers qui jouent du crédit pour se prendre un méchant retour de bâton bien placé, on les retiendra. La politique du toujours plus fort, toujours plus loin, toujours plus vite, indépendamment du fait que c'est d'emblée un concept idiot, cela nécessite également qu'on pose des limites à ne pas franchir.
Si j'ai bien tout compris au problème des subprimes, les limites ont été largement ignorées, franchies et on s'en est moqué gaillardement quand il s'agissait de faire du pognon basé purement et simplement sur du vent.

Si au moins, les banquiers avaient seulement voulu extorqué le peu qu'ils n'avaient pas aux crevards qui voulaient accéder à la propriété (les cons), on se serait dit : bon, ils veulent juste s'en mettre encore un peu plus dans les fouilles, c'est de bonne guerre. Mais là, ils ont voulu multiplier le pactole en spéculant comme des cons sur ce non-argent des pauvres. Après coup, comme ça, c'est proprement hallucinant.
Halluciné, je le suis régulièrement en voyant sur quelles fondations fragiles toute notre économie est basée. Tout cela ne tient debout que tant que de plus en plus de monde devient bête à manger du foin. Si tout d'un coup, le consommateur réfléchit, ou si la masse critique nécessaire à l'équilibre du système est déjà trop blasée pour avoir envie de s'acheter un troisième écran plat, tout se casse la gueule. Et violemment.

Ce qui est pathétique dans cette histoire, c'est le sauvetage in extremis des banques américaines par un bon vieux coup de pouce de l'Etat. L'Etat, qui dans les jours fastes n'est là que pour empêcher de s'enrichir en rond, celui qui fait payer trop d'impôts, qui empêche la libre entreprise par trop de régulation et de contrôles et de contraintes administratives, l'Etat, cette fois, met la main au porte monnaie, non pas pour permettre aux endettés jusqu'au coup de finir de payer leur crédit sans vendre un rein, mais pour sortir les banquiers de la merde dans laquelle ils se sont mis gaiement.

Pendant ce temps, on apprend que nous avons dépassé le 23/09/2008 la capacité de la Terre à nous supporter. C'est à dire que tout ce que nous allons encore consommer, polluer, gaspiller jusqu'à la fin de l'année ne sera pas régénéré par notre planète. C'est un peu comme si votre compte en banque était totalement à sec le 20 du mois, et qu'il faille attendre une dizaine de jours pour remplir le frigo. Moi je dis qu'écologiquement, on n'a pas fini de payer des agios.
D'autant que les émissions de CO2 excèdent largement les prévisions les plus pessimistes du GIEC, ce qui signifie que le changement climatique qui nous guette n'a jamais été aussi menaçant.

Suis-je seul à considérer que tout cela est intimement lié ? Est-ce que ça ne saute pas aux yeux que notre façon de fonctionner et totalement absurde et suicidaire ? Tels des drogués qui cherchons la limite de l'overdose, on se shoote à la surconsommation tout en sachant qu'un jour ou l'autre, notre cerveau va nous ruisseler par les oreilles. C'est de l'inconscience pure et simple. De la bêtise tellement humaine.

Commentaires

1. Le dimanche, 28 septembre 2008, 08:33 par Arnaud

Quelques petites précision :
- Tu n'es pas obligé de prendre un emprunt pour acheter ton troisième écran plat ou de changer ton tel tous les mois. Le problème c'est bien la spéculation sur l'argent surtout. Donc comme tu le dis sur du vent. En revanche, si on se base sur le matériel, c'est un peu différent.

- Aux USA, l'état c'est aussi les contribuables, Donc ce sont les contribuables qui remboursent les erreur des banquiers. Pour info, la banque Barclays qui a racheté, la banque Lehmann Brothers vient d'embaucher des golden boys (des spéculateurs) à des salaires de plus de 15 millions de dollars par an. On n'apprend pas dans le monde des affaires. l'ultime finalité, c'est le pognon à tout pris

- D'après des éminents spécialistes (comme on dit chez moi "à dire d'expert"), on a dépassé la capacité de la terre à nous supporté. Mais dans l'article, ce n'est pas la première fois. Ca arrive tous les ans. Simplement cette année, c'est la première fois que c'est si tôt.

- Enfin, que fais-tu avec ta petite famille pour réellement changer ta façon vivre ? 6 kg de CO2 juste pour le plaisir de jouer un soir, est-ce vraiment utile pour la planète ;) Mais il est clair que ce n'est pas si facile de ne pas appliquer ce que l'on dénonce à grand cri.

2. Le dimanche, 28 septembre 2008, 09:59 par Raffa

Coucou Merome, non tu n'es pas seul ;)

@Arnaud"D'après des éminents spécialistes (comme on dit chez moi "à dire d'expert"), on a dépassé la capacité de la terre à nous supporté. Mais dans l'article, ce n'est pas la première fois. Ca arrive tous les ans. Simplement cette année, c'est la première fois que c'est si tôt."

Plus exactement c'est *TOUS LES ANS* plus tôt (premier dépassement en 86). Et le problème est bien là. La nouvelle c'est que rien ne change malgrè les discours, le greenwashing, la crise financière prévisible dès début 2007 et les alertes environnementales, on continue à foncer droit dans le mur (autrement dit à être pire tous les ans). On aimerait que le jour du dépassement recule et soit tous les ans plus tard jusqu'à revenir à la situation d'avant 86. Mais on grignote, on grignote...

Et chacun de ces dépassements s'ajoutent à ceux des années précédentes. SI on continu, en 2050 on aura +/- 35 ans de dette écologique (de productivité de la planète). En sachant que si toutes les terres était recouvertes de forêt, la planète serait capable de supporter 50 ans de dettes écologiques avant de prendre de nouveau 50 ans pour reconstituer le capital perdu (sans aucune consommation donc). Mais en l'occurrence nous savons que la terre n'est pas recouverte de forêt, ne risque pas de l'être en 2050, et pour ce qui est de la consommation...

3. Le dimanche, 28 septembre 2008, 11:28 par Merome
Arnaud : je ne suis pas un exemple. J'ai dû sortir cette phrase un bon millier de fois. Cependant, dire que je n'agis pas serait mentir aussi. Je ne vais pas refaire la liste de tout ce que j'ai changé dans ma vie pour m'approcher des idées que je défends. Mais, sauf à me marginaliser totalement, ainsi que mes enfants, ce que je ne souhaite pas, je reste obligé de me plier aux contraintes socio-culturelles de mon pays. Tiens, l'autre jour, j'évoquais avec des collègues mon souhait, à terme, de diminuer mon temps de travail, plutôt que de demander une augmentation. Eh ben l'accueil a été plutôt froid. "Tu peux pas", m'a-t-on dit simplement.

Sinon, j'ai ma gelée de coings qui cuit et faut que je trouve une recette sur le net pour les choux de Bruxelles cueillis dans notre jardin. On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a...
4. Le dimanche, 28 septembre 2008, 14:25 par Tonytheo

Allez, encore quelques décennies et l'homo sapiens aura fait un passage éclair de 50 000 ans sur la terre... ^^

5. Le dimanche, 28 septembre 2008, 21:32 par Arnaud

merome,

je sais bien que tu as changé dans tes comportements, mais qu'est ce que cela représente par rapport à ton impact antérieur ? 1 %, 2 % 10% 20 % ? Qu'elle est la valeur qu'il faudrait atteindre ?
Ne serait-ce pas la marginalisation finalement la solution ?
Si nous sommes tous marginaux, en fait, nous devenons tous normaux ! mais c'est vrai c'est "la mondialisation" et surtout déjà et d'abord avec mon voisin. Donc je veux bien faire des efforts mais que cela ne me mette pas trop en porte à faux.
Comment faut-il de surface pour vivre ? une voiture est-elle vraiment nécessaire ?... Des gens réussissent à vivre avec très peu de choses, pas choix ou par force, alors pourquoi pas nous ?
Je regardais une émission sur Rome ("l'empire") cet après-midi sur la chaine planète et on se rend bien compte qu'on en est là pas à cause des 50 dernières années mais que c'est simplement le propre de l'homme d'être si peu soucieux de son entourage. Neron aurait dit, le jour où il est entré dans son palais qu'il a fait construire après avoir fait brulé Rome (grâce à un tas d'esclave, un peu d'histoire ne fait pas de mal), "enfin une maison digne d'un être humain". Combien y avait-il selon lui d'être humain à l'époque? Si on regarde bien, l'homme n'a pas changé en plus mauvais, simplement il semble qu'il y ait pls "d'êtres humains".

Raffa, toutes les questions que je pose à merome nous sont toutes destinées ! Ce n'est surement pas en bloguant ou commentant qu'on prend le bon chemin (vu ce que cela coute comme énergie !)

Merome, raffa, je ne me considère pas parfais, mais ce sont bien ces questions là qui sont au coeur du débat et je peux vous dire qu'on n'est pas près de gagner et que oui on va dans le mur et que oui, on va le prendre ce mur et que non, ca ne changera pas l'homme. On ne regarde que très peu dans le passé et pourtant il a tant de chose à nous apprendre.

6. Le lundi, 29 septembre 2008, 08:27 par Merome
Arnaud : "je ne me considère pas parfais" => effectivement, parce que déjà l'orthographe :) Sinon, je pense que le côté "marginalisation" est un des points sur lequel on doit travailler, et internet aide beaucoup à ça. Aujourd'hui, je suis seul à venir au boulot en vélo électrique. Je me sens moins seul de savoir que d'autres en France et dans le monde font ça depuis longtemps et y trouve leur compte. Leur expérience et leur témoignage m'a permis de franchir le pas. En bloguant, je témoigne à mon tour, et je permets peut-être à tel ou tel quidam qui passe par là, de se sentir un peu moins seul quand il agit de telle ou telle manière. Ainsi, de fil en aiguille, les prises de consciences et les gestes quotidiens se multiplient, et la marginalisation est de moins en moins pesante pour tous.
Une fois qu'on a fait la plupart des gestes écologiques à notre portée sans se marginaliser, on a tout intérêt à débattre et témoigner avec ceux qui ont encore une marge de manoeuvre. C'est à mon sens plus efficace que de faire le truc de plus qui nous fait gagner 3g de CO2 ou 1 litre d'eau par an. D'autant que si nous nous marginalisons, on devient beaucoup moins crédible aux yeux des autres, et l'effet de contagion est beaucoup moins important. "Regarde-le, lui, il n'a plus de voiture, mais il ne voit plus personne et ne fait rien de ses week end..." Je pense qu'il faut réussir à éviter ça, et prouver, dans un premier temps, qu'on peut faire de grandes choses, sans toucher aux grandes lignes de notre mode de vie.

Raffa indique que le premier dépassement de ressources était en 1986. Je n'ai pas souvenir que cette époque où j'avais 11 ans était précisément l'âge de pierre. Le "retour à la bougie" comme on entend partout, c'est surtout une bonne excuse pour ne rien faire...
7. Le lundi, 29 septembre 2008, 13:19 par Etheriel

Juste comme ça, en passant: en 1986, on n'était même pas 5 milliards sur Terre.

8. Le lundi, 29 septembre 2008, 13:40 par Merome
Etheriel : En 1986, il n'y avait pas de panneaux solaires ou presque, les voitures consommaient 8 à 10 l / 100 km ... Il n'y a pas que la population qui a évolué. La technologie aussi. Si l'évolution technologique avait été mise au service de l'écologie, au lieu du profit, elle aurait sans doute largement limité les dégâts actuels.
9. Le lundi, 29 septembre 2008, 21:12 par Cheuz

"Ce qui est pathétique dans cette histoire, c'est le sauvetage in extrémis des banques américaines par un bon vieux coup de pouce de l'Etat."

ouais bah non finalement le congrès US a refusé de donner ce coup de pouce :o(

pour moi l'une des raison du pb (car ça serait trop simple s'il y en avait qu'une )
c'est que l'économie américaine est uniquement basé sur le crédit, tout (je généralise mais c'est pas loin d'être vrais) les américains vivent a crédit il font tous leur achat a crédit bah a force le système ne peut plus suivre quand le machine se grippe

et le résultat c'est que mes belles actions se cassent la gueulent :o((

10. Le mardi, 30 septembre 2008, 22:01 par Tonytheo

Je vais reprendre la première et la dernière phrase de Cheuz qui résume pas mal son mal-être ^^

"Ce qui est pathétique dans cette histoire, c'est que mes belles actions se cassent la gueulent"

11. Le jeudi, 2 octobre 2008, 13:43 par Denzel

Note pour plus tard: ne plus investir dans la bourse :'(

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