Comme bon nombre d'entre vous sans doute, j'ai profité des vacances pour bouquiner un peu plus que d'habitude. Comme d'habitude je ne bouquine pas du tout... Là j'ai carrément acheté un livre. Des années que cela ne m'était plus arrivé, me contentant de prendre un truc à la bibliothèque de temps en temps.
Bon, c'était dans une petite supérette de vacances, il n'y avait pas énormément de choix, mais je ne m'en suis pas si mal tiré. Le parfum d'Adam est un roman d'espionnage qui traite d'une forme de terrorisme bien particulière qui, paraît-il, se développe dangereusement : le terrorisme écologique ou "écoterrorisme".
Déçus par des organisations écologiques trop molles à leur goût, des "écologistes" extrêmistes forment un groupuscule terroriste avec en tête une idée bien éloignée de l'écologie telle qu'on l'entend habituellement : supprimer les pauvres de la surface de la planète.
Deux agents secrets théoriquement rangés des voitures remontent à la source et reconstituent le puzzle pièce par pièce pour découvrir une opération terroriste de grande ampleur et tout à fait diabolique qu'il leur faut faire capoter.
Le roman, écrit par un médecin et diplomate fort bien documenté, s'appuie sur un certain nombre d'idées écologistes radicales qui fleurissent dans les mouvements extrêmistes qui ne sont finalement pas toujours très loin des grandes organisations écologiques qui ont pignon sur rue.
L'une de ces idées est de considérer que le problème écologique est arrivé quand l'homme a pu s'affranchir de réguler sa population pour survivre. Tant que les ressources nécessaires à la survie des hommes étaient considérées comme limitées, la population humaine se régulait d'elle-même. Avec l'agriculture, puis l'industrialisation de celle-ci, ces ressources sont devenues, en apparence au moins, illimitées, provoquant une augmentation importante de la population mondiale.
Et l'idée sous-jacente consiste à maintenir par la force la population sous un seuil acceptable, quitte à se réjouir des catastrophes naturelles, des guerres, des génocides, ou même à provoquer épidémies et accidents divers pour réguler la population.
De telles idées extrêmes ne peuvent germer que dans des cerveaux malades et égoïstes. Car si l'on considère que la surpopulation est à la base du problème écologique, la première solution qui vient à l'esprit est le suicide, pas l'homicide. Il n'y que des solutions violentes et inhumaines pour faire baisser la population. Aucun critère, aucun classement ne peut être établi pour décider de la vie ou de la mort d'autrui.
Bien sûr, on peut encourager et aider les pays en voie de développement à maîtriser leur démographie, mais en aucun cas, nous ne pouvons leur imposer. Allez expliquer à une seule femme qui désire un enfant de ne pas en faire ! Ce n'est pas exactement comme arrêter de fumer ou se passer de sucre dans le café !
Dès lors, il faut se rendre à l'évidence, nos leviers d'action sur la démographie mondiale sont très faibles. A l'échelle individuelle, ils sont carrément inexistants. Aussi, lorsqu'on montre du doigt les Indiens ou les Chinois plutôt que de s'occuper de nos 4x4 ou de nos usines qui fument noir, c'est juste une diversion. C'est une façon de se disculper du problème. C'est un peu comme si l'on accusait le soleil de provoquer l'effet de serre pour ne pas réduire nos émissions de CO2.
Le livre aborde donc ces réflexions d'une façon assez adroite et crédible, tout en étant assez intéressant du point de vue de l'action. Ce fut une lecture assez plaisante malgré les 750 pages du livre de poche ! Un record pour moi, vous vous rendez pas compte !
Commentaires
Aucun levier d'action ? Et si on instaurait un "malus" annuel pour chaque gosse ? 100 le premier, 200 le deuxieme, 400 le troisieme, ...
Que la possibilité d'avoir des enfants soit conditionnées par les revenus ? Quelle horreur.
Bon, ben méthode chinoise: politique de l'enfant unique. Voilà, le levier existe, contrairement à ce que Merome nous explique.
Au niveau individuel ? Ben vas-y, influence la démographie indienne, je te regarde. Même au niveau diplomatique, on a qu'une influence ultra mince. Alors toi et moi, dans tout ça... (on n'apparaît pas).
Tiens marrant, je l'ai lu aussi pendant les vacances. Je suis un peu de ton avis, ça se laisse bien lire, mais je dois avouer que l'intrigue aurait pu être un peu mieux ficelée (le dénouement notamment est un peu vite expédié). On sent que le thriller n'est pas le genre de prédilection de l'auteur (par ailleurs Prix Goncourt pour Rouge Brésil en 2000 et des bananes). Reste malgré tout la réflexion de fond qui est intéressante, notamment parce qu'elle présente une écologie très radicale qu'on n'est pas habitué à voir en France et qui existe pourtant dans d'autre pays.
Si nous n'arrivons pas, par l'intermédiaire de nos dirigeants, à influencer la démographie indienne/chinoise/..., et qu'elle continue d'exploser, alors j'ai un scoop pour toi: tu pourras toujours venir en VAE au boulot et chier dans la sciure pour économiser l'eau, ca ne changera rien à la catastrophe écologique vers laquelle nous nous dirigeons. Mais bon, tu le sais déjà, on en a déjà parlé tellement de fois...
Pourquoi vouloir réguler les naissances ???
Il faut faire à l'ancienne : une bonne vieille guerre et nous voila reparti comme en 40 (si je puis dire).
Sinon on peut également envisager de coloniser la lune ou une planete lointaine pendant que wall-e nettoie la Terre
La discussion continue ailleurs
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