L'homme qui plantait des arbres

Toujours à la pointe du progrès, je vous parle aujourd'hui d'un texte écrit en 1953 et mis en images en 1987.

Et c'est seulement aujourd'hui que j'en ai pris connaissance, avec ma famille, tous bouches bées devant la beauté de ces mots.
"L'homme qui plantait des arbres" est une nouvelle de Jean Giono, que l'auteur a décidé de mettre dans le domaine public afin que sa diffusion soit aisée. Traduit dans des dizaines de langues et ne lui rapportant aucun droit, Jean Giono avouait que c'était le texte dont il était le plus fier.

C'est l'histoire simple d'un homme qui plante des arbres dans une région déboisée, voire désertifiée (si tant est que ce mot existe !). Par son action désintéressée et courageuse, pendant de longues années, il parvient à reboiser un territoire qui était devenu aride et difficile, le rendant ainsi agréable, et prolifique.

Résumé comme ça, ça semble tout plat et inintéressant, mais tout est dans le choix des mots, et la poésie des phrases.

Je traversais ce pays dans sa plus grande largeur et, après trois jours de marche, je me trouvais dans une désolation sans exemple.

Ca n'a l'air de rien, mais les sonorités de cette fin de cette phrase provoque en moi une sensation étrange. "sans exemple", ce n'est pas souvent qu'on entend cette expression. On s'attendait à un "sans précédent" banal. Ou à un pauvre "immense" ou "sans borne". Mais là : "sans exemple". C'est juste le mot parfait.
Bon ok, je m'extasie pour un rien. Mais j'ai d'autres extraits qui me font frémir :

Les plus solides qualités craquent sous cette perpétuelle douche écossaise. Les femmes mijotent des rancoeurs. Il y a concurrence sur tout, aussi bien pour la vente du charbon que pour le banc à l'église, pour les vertus qui se combattent entre elles, pour les vices qui se combattent entre eux et pour la mêlée générale des vices et des vertus, sans repos.

Le vent aussi dispersait certaines graines. En même temps que l'eau réapparut réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre.

Voilà, c'est simple, mais c'est beau, je ne sais même pas comment l'expliquer.

Vous ajoutez à cela la voix de Philippe Noiret qui conte la nouvelle sur des images animées. Vous obtenez un court métrage qui a laissé mes gosses sans voix, comme s'ils comprenaient qu'on n'interrompt pas Philippe Noiret qui récite du Jean Giono.

C'est sur le standblog que j'ai eu connaissance de ce court métrage, Tristan Nitot y compare l'action de ce berger planteur d'arbres, ainsi que celle de Giono, avec l'action des défendeurs de la cause du logiciel libre. C'est un peu tiré par les cheveux, mais je vous laisse lire ses arguments qui ne sont pas dénués d'intérêts.

Et puis donc, je vous invite à visionner ce court métrage. Trente minutes de douceur et de paix.

Commentaires

1. Le vendredi, 18 avril 2008, 10:22 par Bagheera

Je l'ai vu avec mes élèves il y a quelques années, après avoir lu le texte avec eux. Très enrichissant!

2. Le vendredi, 18 avril 2008, 22:08 par 101

Je l'ai lu à mon fils, un soir d'été, il avait 4 ans. Je m'en souviens encore. Ca fait partie des livres que je ne regrette pas de lui avoir lu. Auj. c'est un garçon super (pas seulement à cause de cette histoire!)

3. Le samedi, 19 avril 2008, 00:04 par Filou

Très belle histoire effectivement que je découvre là par cet article.
Pardonnez mon inculture mais... je n'ai pas saisi comment l'eau "réapparaissait" ? Je ne comprends pas comment les arbres peuvent avoir ce pouvoir par leur simple présence.
Merci encore pour ces 30 minutes apaisantes.

4. Le samedi, 19 avril 2008, 13:13 par Merome
Filou : Je ne suis pas spécialiste, mais j'imagine que l'eau s'infiltre mieux dans la terre lors que le sol est "travaillé" par les arbres. Les racines s'enfouissent au plus profond, les feuilles qui tombent créent une couche d'humus qui retient la pluie plus longtemps. Et puis la pluie reste également dans les feuillages. Un forestier te dira qu'aller en forêt le lendemain d'une pluie conséquente équivaut à un jour de pluie normale.
Les arbres donc, pour toutes ces raisons, ralentissent l'écoulement de l'eau, retardent son évacuation et drainent beaucoup mieux les précipitations...

Si un spécialiste peut confirmer ce que je dis comme ça, au jugé...

D'ailleurs, vous êtes-vous déjà posé la question d'où venait l'eau des rivières qui coulent un peu partout ? Cela me surprend toujours la quantité d'eau que l'on trouve continuellement dans les petits ruisseaux qui descendent de la moindre petite colline, parfois plusieurs jours ou semaines après la dernière pluie... C'est quand même drôlement bien foutu la nature...
5. Le samedi, 19 avril 2008, 23:32 par Filou

Ce sont les eaux souterraines ça.
www.brgm.fr/AgendaNews/dc...
devrait t'intéresser.

Le problème que j'ai relevé par rapport au film c'était surtout qu'avant les plantations du vieillard il n'y avait pas d'arbres et pas d'eau. Comment les chênes ont-ils poussés sans eau au départ ? c'est ça qui me perturbe un peu, ou en tout cas qui reste flou dans le film. Je veux bien qu'il les arrosait ou peut-être même qu'un chêne n'a pas grand besoin en eau pour naitre ou même encore que les faibles précipitations étaient bien suffisantes pour l'éclosion des arbres mais ça reste flou je trouve.

6. Le dimanche, 20 avril 2008, 09:01 par Merome
Filou : Euh... Ça reste une fiction, hein, le truc de Giono ?! C'est probablement romancé et pas tout à fait réaliste. Si tu y attendais un mode d'emploi pour planter des chênes, c'est raté...
7. Le lundi, 21 avril 2008, 02:18 par Filou

Ah ouais mais ça j'aime pas les parties floues dans un court ou long-métrage, à fortiori quand il veut donner une leçon.

8. Le lundi, 21 avril 2008, 06:30 par Marzi

"D'ailleurs, vous êtes-vous déjà posé la question d'où venait l'eau des rivières qui coulent un peu partout ? Cela me surprend toujours la quantité d'eau que l'on trouve continuellement dans les petits ruisseaux qui descendent de la moindre petite colline, parfois plusieurs jours ou semaines après la dernière pluie.."
=> ah oui, moi, je me la pose cette question ! Chez moi, je suis en "haut du village". Légerement au dessus, il y a un champ de paysan, mais sur une surface limité. Eh bien pourtant, je récupere, d'abord dans le drain de la maison puis dans un puit perdu, une sorte de source, grosse comme un robinet d'eau, qui coule sans cesse... en avril dernier, après un mois sans pluie, ca coulait toujours au même débit, invariablement...

9. Le lundi, 21 avril 2008, 08:10 par Merome
Filou : Ne vois pas des donneurs de leçons partout. L'intérêt du texte est ailleurs.
Marzi : Ça doit te donner vachement envie de pisser, toute cette eau :)
10. Le lundi, 21 avril 2008, 09:52 par marzi

Merome : surtout, c'est cet eau qui évacue mes urines.

11. Le mardi, 22 avril 2008, 02:35 par Filou

Tiens c'est la période de rafraichissement de bannières pour un peu tout le monde apparemment ^^
(ouais rien à voir avec le sujet initial et alors ? :-P)

12. Le mardi, 22 avril 2008, 22:30 par les arbres sont en fleurs ...

Salut Filou ! je vous trouve un tantinet nerveux... il faut dormir la nuit... smile... les arbres sont si beaux en ce moment n'est ce pas ? ...

13. Le mercredi, 23 avril 2008, 04:04 par Filou

Encore moins de rapport avec le sujet initial xD

Moi nerveux ? thoo c'po mon genre ^^
Je me résume à 2 états (ouais ca fait typiquement le gars simplet, soit): blasé ou passionné.
Blasé, je ne dis rien, déçu par la tournure que prennent les choses sur lesquelles je ne peux avoir de l'influence. Passionné, je dis alors bien tout ce que je pense, de la façon la plus claire qu'il soit, convaincu que je puisse faire bouger les choses dans le bon sens. Quand ça marche pas... blasé ^^

A bon entendeur.

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