Au dernier salon international du jeu, à Essen en Allemagne, un jeu en particulier a fait sensation, car il était présenté par Miss Canada elle-même. Les ludophiles qui sont aussi des esthètes ont immédiatement été attiré par le beau plateau de jeu et le matériel qui était présenté sur le stand !
Photo : Bruno Faidutti
Photo : Tric Trac
Container est un jeu édité par Valley Games qui se trouve être un éditeur un peu controversé. Il semble en effet que leurs jeux et surtout la distribution de ceux-ci aient été quelque peu chaotique, pour des raisons diverses, pas toujours de leur ressort, apparemment.
Je me suis procuré Container d'occasion, auprès d'un joueur qui l'avait acheté à Miss Canada Essen, et c'était une version "collector", fournie avec des containers en résine (au lieu de containers en bois peint dans la version classique). Eh bien ces containers en résine sont inutilisables ! Parce que leurs couleurs ne correspond pas aux couleurs des cartes, pas du tout ! Heureusement, j'ai aussi les containers en bois, et je peux donc quand même jouer...
Des containers en résine qui ne correspondent pas aux couleurs "normales" des containers en bois peint !
Photo : Boardgamegeek
Rarement la lecture des règles d'un jeu m'a donné autant envie. C'est simple, c'est limpide, et ça laisse présager beaucoup de stratégies possibles.
Vous jouez donc le rôle d'un homme d'affaires, qui contrôle à la fois l'industrie, la distribution et le transport de marchandises. Cinq matières premières sont présentes dans le jeu.
Les matières premières sont d'abord produites par des usines, et stockées dans des centres de distribution (magasins d'usine).
Photo : Boardgamegeek
Les marchandises sont ensuite achetées pour être placées dans des entrepôts, pour être vendues dans un magasin de port.
Photo : Boardgamegeek
Un porte-containers va charger ces marchandises et les transporter par voie maritime sur "l'île étrangère", dont chaque secteur est géré par un joueur.
Photo : Boardgamegeek
A la fin du jeu, ce sont les containers présents sur la section du joueur qui détermineront sa fortune finale. Le plus riche gagne.
Ce qui est original dans le mécanisme, c'est que l'on ne peut pas contrôler l'ensemble du processus. On ne peut acheter ce que nos propres usines produisent. On ne peut transporter par bateau ce que nos entrepôts stockent. Et finalement, on ne peut que dans des conditions peu avantageuses acheter sa propre marchandise transportée par bateau.
Conséquence : il faut jouer avec les autres, inévitablement. S'ils ne vous achètent rien, vous n'aurez jamais d'argent liquide. Si vous ne leur achetez rien, vous n'aurez jamais rien à revendre en faisant un bénéfice, ou bien rien au final sur votre portion d'île. Si vous produisez les matières dont vous avez besoin
La simulation économique du jeu est réputée pour être assez rigoureuse. Partant avec $20 chacun, les joueurs vont devoir attendre une vente sur l'île pour récupérer des liquidités, par un astucieux système de subventions. Autrement dit, il peut être dangereux de dépenser trop d'argent en début de jeu, au risque de provoquer la faillite de son entreprise. Si tous les joueurs jouent (mal) ainsi, c'est le jeu entier qui se "plante", faute de liquidités en circulation.
Photo : Boardgamegeek
La réalisation graphique du jeu est assez inégale. Le style est sobre et les fonds de plateau sont mats, ce qui donne un côté sérieux, pas désagréable du tout, à mon goût. Par contre, le choix des couleurs est assez curieux. Les bateaux en résine ne correspondent pas aux couleurs des cartes (apparemment, le cahier des charges n'a pas été respecté par la boite qui a produit les objets en résine). Mais en plus de cela, les couleurs des marchandises sont parfois proches. Il est pourtant simple de choisir cinq couleurs bien distinctes. Là, nous avons un beige, un marron, un orange, un blanc et un noir, dont les différences ne sautent pas directement aux yeux.
A part ce défaut de coloris somme toute surmontable, le jeu m'attire vraiment. C'est tout à fait le style que je recherche. Les actions s'enchaînent avec une certaine logique mais il faut sans cesse réadapter sa stratégie par rapport au jeu des autres. Réajuster ses prix aussi, pratiquer le dumping si nécessaire, pour attirer le client dans son magasin, ou au contraire vendre hors de prix quand on a le monopole d'une marchandise, surtout quand cette marchandise ne nous intéresse pas.
Photo : Boardgamegeek
Car, j'ai oublié de le dire, mais la valorisation des caisses est différente pour chaque joueur, et elle est secrète. Pour tel joueur, les caisses noires valent $10, pour les autres, ce sera $2 seulement. Autre chose sournoise : la marchandise la plus représentée sur l'île à la fin du jeu est jetée à l'eau ! Inonder le marché de produits coûteux n'a donc aucun intérêt, il faut vendre et acheter de tout, et à toutes les phases de jeu.
Un jeu que je recommande à ceux qui aiment la gestion dans un thème contemporain. Ça nous change des baillis, des empereurs, des condottieres, des sorciers et autres chevaliers.
Commentaires
Ça a l'air bien sympa, en effet. Dès que Miss Canada vient chez toi, je suis partant pour jouer avec
Et toi qui critiques Monsanto
A noter la faillite rapide d'Arnaud, qui commente juste ci-dessus, on l'a maintenu sous perfusion pendant un bon bout de temps avant qu'il ne trouve lui-même et tout seul l'issue du tunnel. Sa grosse erreur : avoir acheté dès le début sa propre cargaison, se privant de l'arrivée d'argent frais subventionné.
Ce jeu est juste excellent !
Je reconnais mon erreur !
J'ai voulu dès le début avoir les 5 types de cargaisons pour ne pas avoir à courir après ensuite. Très mauvaise stratégie ! Ma voisine de droite a elle passé presque toute la partie sans acheter une seule cargaison et pourtant à la fin, elle fini avec les 5 types et avec en main une masse d'argent considérable. D'ailleurs, elle a fait une erreur, elle aurait du garder tout son fric au lieu sur la fin d'acheter des containers. Je pense qu'elle n'était pas loin de la victoire.
Tout cela pour dire que j'attends une revanche avec impatience. Mais pas le 5/4 car ce jeu ne plaira pas à ma femme, je pense.
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