Sauver la planète : une hypocrisie

On a pris la sale habitude de se poser en défenseur de la Nature. Comme si elle avait besoin de nous.

Il y a des tas d'incertitudes au sujet du réchauffement climatique et des autres cataclysmes écologiques qui nous guettent, mais s'il y a bien une chose de certaine, c'est que la planète survivra à l'espèce humaine. Il peut bien faire 80°C même en hiver sur toute la surface du globe, cela ne va pas rendre la Terre cubique ni la faire fondre ou se vaporiser dans l'espace. Elle restera là, et regardera moisir les cadavres de nos enfants.

C'est sûr que dit comme ça, c'est tout de suite moins réjouissant. Le problème se pose pourtant bien en ces termes : si nous devons adopter un comportement responsable, ce n'est certainement pas pour faire plaisir aux arbres et aux rivières, mais juste pour faire survivre l'espèce humaine. C'est égoïste au final, comme démarche, mais en se disant qu'on "sauve la planète", on se donne un rôle de justicier qui nous flatte bien, sans nous faire trop peur, et qui préserve notre envie de commander un écran plasma au Père Noël.

L'argument est à double tranchant et il est souvent utilisé par les "sceptiques" pour expliquer qu'il n'y a rien à faire, que la Nature se chargera de réguler tout ça. C'est vrai que c'est ce qu'elle a toujours fait, depuis des milliers d'années, la concentration de CO2 a varié, la température a suivi, avec des extrêmes dans les deux sens. De mémoire d'homme, même, ou dans une Histoire pas si lointaine que ça, on a des exemples de phénomènes extrêmes à côté desquels la tempête de 1999 faisaient figure de légère brise.
J'entendais récemment qu'au temps de Louis XIV, on avait pu traverser la Seine à pied, car elle était gelée.
On m'a raconté des chutes de neige en plein été, des sécheresses mémorables, des inondations catastrophiques qui ont toutes eues lieu au siècle dernier.
J'entends, ces derniers jours, dire que le réchauffement climatique n'est décidément pas assez prononcé vu comme on se les gèle.

C'est oublier la fréquence et la vitesse d'évolution de ces phénomènes. C'est ce qui différencie la météorologie de la climatologie. Un phénomène exceptionnel et ponctuel est certes embêtant, mais il n'a pas de conséquences graves au niveau de la survie des espèces. Il peut faire -40°C cette nuit, cela va sans doute faire mourir quelques personnes qui n'ont pas de toit, cela va poser un problème de chauffage à ceux qui sont logés, mais ce seront des cas isolés.
En revanche, si la température moyenne en hiver monte, ne serait-ce que de quelques degrés, là, alors que ce sera plutôt plus agréable pour nous, ce sera potentiellement cataclysmique.
Cela signifie que certains oiseaux ne vont plus migrer. Que les larves d'insectes vont éclore plus tôt, et se décorréler de la naissance de leurs prédateurs. Tout un éco-système qui s'est régulé pendant des siècles, modifié en quelques années parce qu'on a pris notre 4x4 pour amener les gosses à l'école. Ce rythme là, la Nature ne pourra, ne peut déjà plus, le suivre. Et nous, prétentieusement, on continue de croire que si, parce qu'on continue de croire que l'on est au-dessus de tout cela, hors de la Nature, qui constitue donc l'Environnement.

Cessons donc de nous boucher les yeux et sauvons notre peau et celle de nos enfants avant d'essayer de sauver la planète. On a déjà fort à faire.
Au fait : un emballement du réchauffement n'est pas à exclure. Joyeux Noël.

Commentaires

1. Le samedi, 22 décembre 2007, 17:34 par Bob

Joyeux Noël à toi aussi Merome :)

2. Le samedi, 22 décembre 2007, 21:46 par Stef

2 sujets tristes (mais néanmoins agréables a lire) et un posteur qui prend mon identité pour insulter les gens, c'était sympa la visite de ton blog aujourd'hui...

Joyeux Noël a tous quand même. :)

3. Le dimanche, 23 décembre 2007, 02:57 par Arnaud

Voici un article moins provocateur, plus réaliste !

Bien que l"nature" se chargera de réguler aussi. Les insectes survivront (plus de prédateurs), les prédateurs mourront (pas d'insectes) ou trouveront autres choses.

"Avec toute notre intelligence" et étant tout en haut de l'échelle de l'évolution, nous sommes tellement spécialisés que nous sommes l'espèce qui s'adapte le moins facilement.

Voilà pourquoi le réchauffement climatique est un très gros problème pour l'espèce humaine !

Si ils sont assez nombreux en individus, les autres espèces sauront s'adapter aux nouvelles conditions (que nous leur imposons) très rapidement. Il suffit de voir les coyotes ou les ours blancs (qui s'adaptent à la vie en ville). Bien sur qu'un grand nombre d'espèces resteront sur le chemin ; mais une fois le ménage réalisé (cela s'appelle la sélection naturelle), la diversification reprendra le dessus (avec peut être l'apparition d'une nouvelle espèce humaine. Néendertal refera peut être surface, lui qui a disparu pour des raisons encore assez floues.

Sur ce, joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d'année.

4. Le dimanche, 23 décembre 2007, 07:43 par jcm

N'est-ce pas un faux débat ?

Car quand je lis ou j'entends "sauvons la planète" je traduis toujours "nettoyons la poubelle", la poubelle dans laquelle nous vivons et que nous nommons "planète".

La poubelle qui nous empoisonne à petit feu, que nous ne cessons pourtant pas de remplir.

La montée progressive dans nos consciences de l'idée que nous ne pourrons pas survivre si nous continuons à nous comporter comme nous le faisons pose des problèmes qui peuvent sembler insolubles à la plupart.

L'utilisation de "sauvons la planète" me semble une façon de masquer partiellement ces problèmes en minimisant nos responsabilités, c'est effectivement moins dur que "nettoyons la poubelle" qui nous désigne comme de puissants saligauds !

Minimiser serait une tentative plus ou moins consciente de nous exonérer des responsabilités qui nous incombent.

"Sauver notre peau" ne se fera pourtant pas sans "nettoyer la poubelle" c'est à dire en "sauvant la planète" dans la mesure où elle est le cadre et le support indispensable de nos vies.

Mais "Sauver notre peau" a cette dimension égoïste qui pourrait faire penser que nous pourrions nous en tirer "seuls contre le reste", c'est à dire en continuant à dévaster notre "environnement".

Ce serait une erreur que de le penser, alors pour moi il ne s'agit ni de notre peau en toute priorité ni de cette évasive "planète" mais de la POUBELLE dans laquelle nous vivons, sur laquelle nous posons nos rutilants artifices destinés à nous faire plaisir tout en masquant plus ou moins la crasse...

5. Le dimanche, 23 décembre 2007, 20:40 par marzi

Etheriel : c'est toi qui a du déclencher cet article :D Tu vas arreter de nous l'enerver, notre mérome ?

6. Le samedi, 29 décembre 2007, 10:39 par Marc

Allez lire ça:
Al Gore hors de prix : une vérité qui démange...
www.notre-planete.info/ac...

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