Titre à double entrée...

Les Enfoirés se produisent tous les ans depuis 2002 dans une grande ville de France (2002 : Marseille - 2003 : Lille - 2004 : Toulouse - 2005 : Paris - 2006 : Lyon - 2007 : Nantes), bien que la qualité du spectacle varie selon les années, il faut avouer que le plateau d'artistes présent fait envie, pour peu qu'on apprécie un chouilla la variété francophone.

Cette année, enfin, en janvier 2008, cela se passera à Strasbourg, à deux heures de chez moi. Aussi, l'occasion était belle pour tenter d'avoir des places, même si je savais de certaines sources bien informées que ce n'était pas de la tarte tous les ans.
Me croyant plus malin que les autres, je fus sans doute l'un des premiers à voir que le site des enfoirés avait mis en ligne les dates des concerts et les points de vente des billets. Malheureusement, ça ne me donnait aucune avance sur l'achat des billets eux-mêmes, qui sont distribués dans un nombre réduit de points de vente et à une date fixée au-delà de laquelle il est bien évidemment impossible de trouver une place sauf à l'acheter à prix d'or sur e-bay.

Et le jour de vente des billets, c'était ...aujourd'hui.
Déjà, ça m'arrangeait pas des masses, j'avais une formation de prévue aujourd'hui (une formation que j'assurais en tant que formateur !), et puis en semaine, c'est toujours moins facile de s'organiser avec les enfants. Enfin, on est tous à la même enseigne, me dis-je. J'ai choisi le point de vente le plus proche de chez moi (Carrefour Mulhouse) me disant au passage qu'il était aussi le plus éloigné de Strasbourg et dans une plus petite ville, donc vraisemblablement moins attirant pour la masse.

Les hostilités étaient censées commencer à 9h00, mais prévenant, j'ai repéré l'ouverture du magasin à 8h30, et je me suis donné une marge de sécurité d'une demie-heure.

Lever à 6h45, comme tous les jours, mais au lieu d'enfourcher mon vélo 30 minutes plus tard, je prends cette bonne vieille auto qui pollue et me lance sur l'autoroute pour 35 minutes selon ViaMichelin.
Une heure et quelques bouchons plus tard, je suis sur place et constate avec effroi que le Carrefour est déjà ouvert, 1/4 d'heure pourtant avant l'ouverture officielle. Damned, on m'aurait menti ?

Toujours confiant, pourtant, j'entre dans le magasin non sans avoir pensé à mon portable et mon portefeuille, évitons la gaffe au dernier moment.
8h15, avec 3/4 d'heure d'avance, je prends place dans la file qui est déjà consistante, mais raisonnable. C'est l'agence de voyages Carrefour qui se charge de faire la billeterie, le rideau de fer est tiré, l'ambiance ... ensommeillée.

Les employés de carrefour regardent incrédules la file s'allonger, personne ne semble même savoir ce qu'il va se passer. 9h00, le rideau s'ouvre et on se dit, bêtement, que c'est dans les premiers instants que tout va se jouer. On ne sait pas le nombre de places en vente, si elles sont déjà affectées par site, ni quelles seront les plus prisées, même si on se doute que le samedi soir ne fera pas long feu. Là encore, je suis confiant : je cherche à avoir un dimanche après midi, le plus pratique pour gérer les enfants. Qui diable irait voir les enfoirés un dimanche après midi ?

9h15, absolument rien n'a bougé. Personne n'est capable de dire si un seul billet a été vendu. Il y a 2 à 300 personnes devant moi. Si en un quart d'heure aucun billet n'est vendu, combien de temps vais-je rester dans cette foutue file, qui s'allonge de minutes en minute.
9h30 : j'ai avancé d'une demi-pointure, quelques informations filtrent. Une seule caisse. 3 à 5 minutes par personne. 6500 places en vente (ici ? au total ? combien ?). Les agents de sécurité arrivent en renfort, ils découvrent le problème, et ne peuvent que se résigner devant le manque d'organisation total de la direction de Carrefour. Pas de barrières. Pas assez de caisses. Pas d'informations. Peu de personnel, et le peu qui est présent est inefficace ou inutile.
Les esprits s'échauffent. Il est 10h00, certains ont fait 300 bornes, ils attendent depuis 6h00 du matin, toujours pas l'ombre d'une info ou même d'un client qui part avec ses billets. Tout le monde se met à soupçonner une entrée dérobée sur la droite, qui court-circuite la file. D'inévitables resquilleurs font mine de traverser la file pour aller aux toilettes, puis restent au milieu, ils ont juste gagné 2h d'attente.

11h00 : A la fatigue et l'énervement s'ajoute la faim. Les gens s'organisent. Les téléphones portables chauffent. Les étudiants négocient les cours séchés avec leurs parents. Les employés téléphonent à leur patron. Les parents font garder les enfants par les papys mamys.
Le directeur du magasin (j'imagine) contemple la scène avec agacement. Quelques-uns de ses employés bullent sur les balcons qui surplombent la foule qui couvre maintenant toute la galerie du magasin. Il les envoie ailleurs. Il donne des consignes à la sécurité. Peu de temps après "Reculez s'il vous plait". Il en a de bonnes lui ! Reculer où ?

12h00 : Plus de places pour le samedi, ni pour le vendredi, ni pour le dimanche après midi. On a fait 10 mètres environ. Certains me doublent. J'en double d'autres. La foule avance parfois bizarrement. La chaleur monte, les moins solides psychologiquement craquent. Soit ils sortent de la file sous les encouragements de leurs voisins. Soit ils s'énervent contre les coudes du voisin qui poussent. Certains sont à deux doigts d'en venir aux mains. Finalement, ils jettent l'éponge.

13h00 : j'évalue à 30 le nombre de personnes devant moi. Cette fois, j'ai la certitude d'avoir des places, même si je ne sais pas pour quel jour. 30 personnes, à trois minutes par personnes, ça fait encore une heure et demie, il commence à se faire faim et soif, et le dos est en compote.

Au fur et à mesure de l'approche de la caisse, on se rend compte de la désorganisation totale. Une seule caisse, on le savait. Mais un terminal pour carte bleu à l'autre bout du local. Le liquide aussi. Une dame qui fait les aller-retours à chaque paiement ! Elle prend trois ou quatre cartes bancaires, les passe une par une, et avec le ticket de CB on prend ses billets. Cela n'avance pas. C'est complètement rageant. Il reste un millier de places à vendre, une queue incroyable, et on se demande comment tout cela va se terminer.

On apprend qu'à Strasbourg, à la FNAC, il y avait à peine 40 minutes d'attente et 5 caisses. Dans un autre patelin alsacien, il n'y avait pour ainsi dire pas d'attente... grr

Après près de 6 heures de promiscuité, les liens se nouent. Je trouve une bande de joyeux drilles venant de Dijon, je plaisante avec eux. On essaie de se convaincre l'un l'autre de quitter la file (pour gagner une place). On peste sur l'organisation. On se lamente de notre dos et de notre estomac. Le temps passe plus vite.

14h00 : je suis devant la caisse, je prends 4 places (maximum autorisé) pour le dimanche soir. C'est un soir d'enregistrement télé, le billet précise "pour public chaleureux et... patient". Encore de bons moments d'attente en perspective... Vous allez voir qu'avec ma chance, je vais me taper une gastro ce jour-là...

Carton rouge à l'organisation de Carrefour. Visiblement totalement débordée et inconsciente. Ils ont quand même distribué quelques bouteilles quand les vieux ont commencé à tourner de l'oeil. Certains attendaient dans la file avec des bébés. Avec une organisation efficace, ils seraient sortis dans l'heure. La plupart ont dû pourtant abandonner.

Enfin, j'y ai gaspillé une journée de congé, mais pas de regret. J'espère que le spectacle sera à la hauteur. Je l'ai bien mérité.

Commentaires

1. Le mardi, 27 novembre 2007, 18:51 par Etheriel

Ca me rappelle la préfecture :)

2. Le mardi, 27 novembre 2007, 20:10 par Merome
Précisément ! C'est bien connu, les employés de Carrefour sont fonctionnaires...
3. Le mardi, 27 novembre 2007, 23:23 par Stef

On dirait le sketch de Dany Boon a la poste. Il est célèbre mais je met le lien s'il y en a qui ne connaissent pas encore ;)

www.dailymotion.com/video...

4. Le mercredi, 28 novembre 2007, 11:12 par Nath

Je suis impressionnée par ta patience et ta pugnacité Merome !
J'espère également que le spectacle sera à la hauteur !

5. Le vendredi, 30 novembre 2007, 15:30 par Tonytheo

ET bêh, chapeau pour la patience.
Je n'aurai pas tenu 2h (et je note large) ^^
Y'a plus qu'a espéré que "pestacle" vaudra le cout :P

6. Le lundi, 3 décembre 2007, 08:43 par Marzi

"Précisément ! C'est bien connu, les employés de Carrefour sont fonctionnaires..."
Non, c'est pour ca que tu peux aller acheter les billets à la fnac strasbourg ou dans un petit village d'alsace... tandis que ma carte grise à la préfecture, la, j'ai pas le choix..

7. Le lundi, 3 décembre 2007, 19:55 par Merome
Tu peux aussi te passer voiture et donc de carte grise. C'est à peu près aussi intelligent que de faire 100 bornes de plus (évidemment sans le savoir à l'avance), pour éviter de faire la queue.

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