Episode 11 : Le parfum de la maîtresse

Parmi les souvenirs scolaires les plus présents à l'esprit de chacun de nous, il y a tout ce qui touche à l'odorat. Il suffit d'entrer dans une salle de classe, même vingt ans après, pour être saisi par cette odeur caractéristique et somme toute agréable, composée d'un savant mélange de différentes fragrances dont j'ai déjà parlé dans ces colonnes :

D'abord, il y a le parfum de la maîtresse. Ce qui est étrange avec les odeurs, c'est qu'on ne sait pas qu'on s'en rappelle. Je ne peux pas vous le décrire, ce parfum, mais si je croise quelqu'un qui le porte, je le reconnais aussitôt, et chaque bouffée me fait perdre dix ans et revoir ma boîte de bons points.

Ce parfum se mélange à l'odeur du vieux parquet de bois, qui grince sous les pas et glisse sous les chaises. Une odeur de chêne et de cire, exaltée en hiver par le feu de bois qui gronde dans le poële en fonte, au fond de la classe.

Moins noble, l'odeur pétrole des protège cahiers était tout aussi agréable. Ça sentait le neuf, la rentrée, et les beaux cahiers blancs immaculés.
Lors des travaux manuels, c'est la peinture à l'eau qui couvrait nos mains et nos blouses qui s'engouffrait dans nos narines encore fines et sensibles.

Près du tableau noir, c'est la poussière de craie qui nous enfumait, et lorsqu'il fallait taper les brosses, nos poumons devaient s'en payer une bonne tranche. C'était toujours plus agréable que l'immonde soupe froide et multicolore dans laquelle trempait l'éponge.

Dans les trousses, les cartouches d'encre sentaient le plastique et l'effaceur sentait ... bizarre. Les stylos et les gommes, s'ils n'étaient pas parfumés à la fraise, ne sentaient rien. Au contraire de la colle en pot, qui sentait fort l'amande, on en a déjà parlé ici.

Plus tard, au collège, c'est le gymnase et son lino super synthétique qui revient en souvenir avec l'odeur des vestiaires après une heure de basket.

Ce n'est qu'une bête énumération sans réflexion profonde. Je suis certain qu'elle a rappelé à vos bons souvenirs un certain nombre d'anecdotes et de plaisirs scolaires qu'il me semble important de ne pas oublier.

J'en ai raté ?

Commentaires

1. Le dimanche, 30 septembre 2007, 09:27 par Bob

Je conteste : la gomme a, très clairement, un parfum qui lui est propre. Surtout la rose et bleue, celle qui supprimait le papier en même temps que le texte, et qui possède un fort relent de caoutchouc. Quant à la colle, on ne peut pas oublier l'odeur de la colle en tube à vis jaune, avec le bout qu'on tourne et dont on pouvait faire sauter le fond pour le remplir avec les billes des cartouches d'encre.

Il y a l'odeur agressive du "blanc", l'infâme correcteur liquide avec son micro-pinceau applicateur qui bavait, collait, faisait des pâtés immondes sur lesquels il était impossible de réécrire proprement (justifiant parfois une seconde couche, ce qui ne faisait rien pour arranger les choses), et finissait invariablement par sécher alors que le flacon était encore plein aux deux tiers.

Il y a l'odeur des copeaux de bois dans le réservoir du taille-crayons, celui qu'on retrouvait, tôt ou tard, répandu dans la trousse ou dans le cartable, ou dans les deux à la fois.

Il y a l'odeur du film plastique dont on emballait les livres en fin de vie, à moitié en lambeaux et prêtés par le collège, tentant vainement de confectionner une couverture qui tienne correctement au bouquin. Avec au final deux résultats possibles : la couverture trop serrée, qui empêche le livre de se fermer, et qui finit par céder sous la force, ou la couverture trop lâche, qui essaye de s'en aller toute seule, et qui finit par céder parce qu'un des coins trop grands s'est accroché dans une attache du cartable.

Mais je crois que rien ne vaut l'odeur enivrante de la machine à polycopiés, celle avec laquelle on faisait le journal de classe pour la fête des mères... et, par transition, celle des polycopiés eux-mêmes.

2. Le dimanche, 30 septembre 2007, 10:54 par Merome
Les polycopiés ! J'ai oublié les polycopiés ! Honte à moi...
3. Le dimanche, 30 septembre 2007, 12:24 par Bob

Tu me conjugueras "je ne dois pas oublier les polycopiés" à tout les temps de l'indicatif.

Tiens, voilà le sujet du prochain épisode ;)

4. Le dimanche, 30 septembre 2007, 13:51 par Raf

Ah l'odeur d'alcool des polycopiés ronéotypés, quand je pense que nos enfants ne connaîtront pas ça! Ce qui me revient c'est surtout le geste, dès que la maîtresse les avait distribué, tous les élèves s'empressaient de les monter à hauteur du nez histoire de se faire un petit shoot histoire d'être inspiré pour l'interro!

5. Le dimanche, 30 septembre 2007, 18:31 par bagheera

Le mien c'est orange-vanille ^^

6. Le lundi, 1 octobre 2007, 17:25 par Nath

Je dois bien avouer que des années plus tard je suis toujours à la recherche du parfum que portait mon prof de français de 4ème...
J'aimais tellement son parfum que je faisais en sorte d'être juste derrière lui quand il venait nous chercher pour nous emmener dans la classe... (et non, je n'étais pas amoureuse !)

7. Le mardi, 2 octobre 2007, 09:28 par Steh

Amoureuse d'un parfum alors?

8. Le mardi, 2 octobre 2007, 11:42 par Nath

Oui, je crois qu'on peut dire ça comme ça ^^
Mon mari n'est pas jaloux heureusement ! Il est même prêt à le porter si j'arrive à le retrouver...

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://merome.net/blog/index.php?trackback/366