Difficile de dire ce qui différencie aujourd'hui la gauche de la droite. Tentative d'explication.

Je ne sais pas vous, mais moi, je me suis totalement désintéressé de la vie politique depuis les dernières élections nationales. Au point même que j'ai oublié de voter dimanche pour les cantonales partielles qu'il y avait dans mon village.
Sarkozy, omniprésent dans les médias, nous chante le même refrain volontariste et efficace depuis plusieurs années maintenant. J'ai l'impression d'en avoir fait le tour et j'attends maintenant les résultats concrets.

Un sentiment qui est largement causé également par la platitude des opposants. Entre ceux qui se sont faits "rachetés" sous prétexte d'ouverture, ceux qui s'autodétruisent pour des querelles de pouvoir, ceux qu'on n'entend plus du tout, ceux qu'on aimerait entendre, mais qui ne disent plus rien ou à qui on ne laisse pas la parole... Et je ne parle même pas de l'inutilité des journalistes qui regardent bêtement le doigt du Chef de l'Etat qui indique la direction , sans aucun esprit critique, aucune répartie. Bouh que c'est désolant.

En vérité, je crois que cette période de flottement est liée à des circonstances socio-économiques assez particulières, c'est là qu'intervient ma théorie fumeuse que tout le monde attend avec impatience pour pouvoir me la démonter dans les commentaires ou au contraire me dire que c'est d'une banalité affligeante et que je découvre l'eau chaude.

Jadis, il y avait l'homme. Au centre de toute richesse, et de toute énergie, donc de toute production. Impossible de "créer de la richesse" sans faire appel à l'humain et son travail. Les choses étaient alors dramatiquement simples : il y avait les exploiteurs (sans forcément de péjoration là-dedans) et les exploités. La lutte des classes était aussi simple : les riches contre les pauvres, plus les pauvres sont pauvres, plus les riches sont riches, et vice versa. Donc chacun a intérêt à défendre ses intérêts. Tout se vend comme des petits pains, puisque le niveau de confort est encore rudimentaire, il s'agit donc simplement de produire en grand nombre, pour vendre et toucher le pactole maximum.

Puis arrive le pétrole. Son énergie bon marché, pratique, transportable, ... Et là, tout change. Produire en masse n'est plus un problème. Il n'y a même plus besoin des hommes pour ça. Par contre, vendre devient difficile, car le marché arrive à saturation. L'industriel n'a plus alors d'intérêt à exploiter son manoeuvre : c'est un client potentiel. Les salaires montent. Les classes dites "moyennes" s'installent. Les pauvres peuvent se payer des salons de cuir pour regarder des DVD sur leur écran plasma. Le travailleur n'a plus d'intérêt à défendre son bifteck : il risque d'être remplacé par un autre ou une machine, ou simplement de rendre son entreprise non concurrentielle, et à terme de la faire couler. Tout le monde est dans le même bateau. Il n'y a plus à lutter. Ce qui ne veut pas dire que tout le monde est content.

La fin de la gauche que l'on observe tient là-dedans. La gauche ne défend plus les intérêts de personne.

Un troisième round arrive avec la fin du pétrole. Après deux ou trois générations épargnées, il va falloir se remettre au boulot et retrouver l'énergie humaine que le pétrole ne nous apportera plus. Ça ne se fera pas sans mal. D'autant que cela ira de pair avec des circonstances environnementales difficiles. Le véritable nouveau clivage, il est là. Soit on s'y prépare à l'avance pour que cela se fasse en douceur, soit on attend le clash, inévitable, et brutal.

A ma connaissance, pas un homme politique, pas même José Bové , ne se positionne ainsi. C'est dommage. Et pour nous électeurs, c'est rageant.

Commentaires

1. Le jeudi, 27 septembre 2007, 16:05 par Bob

C'est d'une banalité affligeante. Félicitations néanmoins pour ta découverte de l'eau chaude, tardive certes mais cependant si émouvante.

Bon, ça c'est fait. Maintenant vous pouvez faire des vrais commentaires :)

2. Le jeudi, 27 septembre 2007, 17:09 par Merome
Bob: au lieu de railler, va donc contredire Oliv qui vient de poster un commentaire sur l'article des libertés individuelles.
3. Le jeudi, 27 septembre 2007, 17:37 par Bob

Bah qu'est-ce que tu veux que je lui réponde à part que son commentaire est un troll de base et qu'il revienne quand il aura un truc argumenté à fournir ?

Bon cela dit, je trouve qu'il y a quelques énormités dans ton article (le patron qui n'a plus intérêt d'exploiter son manœuvre ? Ils ont l'air sympa sur ta planète :) ), mais là tout de suite j'ai pas le temps (tm)

4. Le vendredi, 28 septembre 2007, 08:45 par Merome
Bob : C'est le propre de mes articles de contenir des énormités. Je suscite le commentaire, moi :) M'enfin, je maintiens : aujourd'hui, dans l'ensemble, personne n'a intérêt à ce que les gens soient pauvres. C'est pour ça qu'on a des aides et des allocations dans tous les sens. Si on peut se permettre d'avoir plein de chomeurs et de rmistes, c'est parce qu'ils consomment eux aussi, avec les allocs qui leurs sont versées. On les maintient sous perfusion, juste pour qu'ils aient suffisamment de tension pour avoir envie d'acheter le dernier téléphone portable qui fait machine à pain, dès fois qu'ils reçoivent un appel d'un improbable employeur qui aurait besoin d'eux.

Sans ça, chomeurs et rmistes seraient laissés sans revenu aucun, si on n'avait pas besoin d'eux pour consommer. Enfin, on s'écarte un peu du sujet.
5. Le vendredi, 28 septembre 2007, 09:51 par Bob

Oui mais entre "pas intérêt à ce que les gens soient pauvres" et "pas intérêt à exploiter", il y a une grosse marge. Le nivellement par le bas des salaires et des conditions de travail auquel on assiste depuis un certain temps me semble être le parfait contre-exemple de cette idée. Un cynique te dira que c'est justement pour faciliter le maintien des gens sous perfusion que c'est intéressant d'exploiter les employés...

Je pense que tu as raison quand tu dis que la gauche (par quoi j'entends pour ma part essentiellement le PS – l'extrème gauche c'est un autre problème) ne défend plus les intérêts de personne – à part peut-être les siens.

Là où je crois que tu fais erreur, c'est quand tu dis que c'est parce qu'il n'y a plus rien à défendre... Quand tu vois des offres d'emploi qui demandent des jeunes de 25 ans avec 10 ans d'expérience pour les payer au SMIC, ça laisse songeur.

Il y a quelques jours, j'ai fait un article sur Sicko : le film est justement une occasion de constater que note système d'assurance-maladie, apparemment source de tous les maux si j'en crois ma radio, n'est quand même pas si mal que ça comparé à ce qui se fait ailleurs (ce que confirment mes copains expatriés), et mériterait mieux que ce qui est en train de lui arriver.

6. Le vendredi, 28 septembre 2007, 14:54 par Merome
La droite promet, bien autant que la gauche, la revalorisation des salaires. Ce n'est pas un clivage. Tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut que tout le monde gagne plus. Avant, si l'ouvrier gagnait moins, automatiquement le patron gagnait plus, c'était un vrai levier d'action. Aujourd'hui, c'est bien plus compliqué : l'ouvrier qui gagne moins consomme moins, et comme tout est basé sur la surconsommation...
7. Le vendredi, 28 septembre 2007, 19:30 par dudu

bonsoir a tous SI quelq'un a un poele de marque EDILKAMIN MODELE IRIS OU ROSE 8.3KW j'aimerais avoir ces commentaire(consomation efficatité et bruit)Merci d'avançe.

8. Le vendredi, 28 septembre 2007, 21:08 par land

Il y a les classes moyennes et les "vraiment pauvres", ceux qui voudraient bien mais peuvent point se payer le salon en cuir et l'écran plasma. Il y a aussi des gens qui ne sont pas d'accord pour que tout le monde gagne plus (car certains gagnent bien assez, voire trop)et si les patrons n'ont plus d'intérêt à exploiter leur employés, on se demande bien à quoi ça sert que le MEDEF se décarcasse...

9. Le vendredi, 28 septembre 2007, 21:44 par Filou

sisi y'en a encore qui veulent que certains gagnent moins : les anti-peintres :-D

10. Le lundi, 1 octobre 2007, 10:01 par Merome

Un lien en lien :
www.la-sociale.net/articl...

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