Petite chronique cinoche pas chère du dernier Michael Moore.

La semaine dernière, on est allés voir Sicko avec quelques copains. Pour ceux qui ne lisent pas la presse, il s'agit du dernier long métrage de Michael Moore dans lequel il évoque les travers du système d'assurance-maladie américain. Pour ceux qui ne savent pas qui est Michael Moore, il est grand temps de lire la presse un minimum. Bon, pour vous faire un avis en une phrase : c'est pareil sauf que c'est pas la même chose. Vous voilà bien avancés. Développons.

Sicko est similaire aux précédents films de Michael Moore, parce qu'on y retrouve, outre sa bonne bouille et la jovialité habituelle avec laquelle il se filme, la mauvaise foi et les exagérations dont il est coutumier. Pas de demi-mesure, on voit le pire du système américain (du type qui se suture tout seul dans son garage à celui qui doit choisir lequel de ses deux doigts on lui recolle) mis face au meilleur des systèmes canadiens, anglais, français et cubains (des soins « gratuits » aux urgences où l'on est pris en charge sans attente).

Au demeurant, le manichéisme de la démonstration est assumé et revendiqué par Moore, au titre que c'est le seul raisonnement que la majorité de ses concitoyens comprend. C'est d'ailleurs un des points faibles du film : il est avant tout destiné au public américain, et toutes les comparaisons qui sont faites ne sont valides que par rapport à un référentiel américain. Quand Moore va trouver des expatriés dans un bar en France et que ceux-ci lui expliquent, tout ravis, que la fac et les soins médicaux sont « gratuits », c'est vrai par rapport aux références américaines, où la fac coûte effectivement des dizaines de milliers de dollars par an et les soins sont mal remboursés. Quand il interroge un couple français qui gagne la bagatelle de 6 000 euros par mois, c'est parlant pour un Américain, parce que ça correspond grossièrement au revenu moyen d'un couple. Au moins une partie des exemples choisis pour le film sont biaisés dans cette optique et risquent donc de paraître absurdes au spectateur non averti.

Passé cela, Sicko est différent des précédents films de Michael Moore parce que cette fois-ci il ne va pas chercher des boucs émissaires à qui mettre le nez dans leur caca devant la caméra. Il se dirige plus vers les témoignages et l'observation de comment les choses sont faites chez le voisin. C'est sans doute moins cocasse (encore que) mais ça donne un petit peu plus de matière à réflexion. C'est là que se développe ce qui est à mon avis le discours principal qu'on peut retenir du film, au-delà des exemples volontairement extrêmes et radicalement opposés : ce qui est devant nous, c'est tout simplement un choix de vision du monde, savoir si on veut privilégier chacun-pour-soi ou tous-pour-un.

Alors sans doute que c'est beaucoup de film pour dire juste ça, sans doute que le discours est très subjectif et les exemples grossiers et réducteurs du point de vue du public français, sans doute qu'il aurait été honnête de dire que chez nous aussi il y a des problèmes quand même... Mais à mon avis ça n'enlève rien à la pertinence du sujet de fond, et c'est fait dans la joie et la bonne humeur malgré tout et rien que pour ça le film mérite d'être vu.

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