Un titre à la "Achille Talon" pour faire le point sur les substituts possibles au pétrole pour les transports

Comme je le disais dans un de mes précédents billets, après l'or noir, va arriver la merde, de la même couleur. Aucune énergie de substitution ne pourra remplacer toutes les propriétés fantastiques du pétrole (si l'on exclut les problèmes de pollution qu'il engendre dans le même temps).

Le gaz naturel, qui est le plus proche voisin du pétrole, se fait lui aussi rare et les réserves sont estimées à 60 ans environ. Inutile de compter là-dessus.
Les bio-carburants sont une vaste supercherie destinée à subventionner nos agriculteurs pour qu'ils polluent davantage et continuent de massacrer les sols.
Le nucléaire, en tant que carburant direct d'un véhicule, il ne faut pas y compter avant un bout de temps.
L'hydrogène, que tout le monde a présenté comme l'avenir tout proche avec la fameuse pile à combustible qui ne rejette que de l'eau est simplement introuvable à l'état naturel et sa production nécessite plus d'énergie qu'il n'en produira jamais, (edit : en plus de poser des problèmes de stockage et de sécurité, ainsi que d'approvisionnement en matériaux rares nécessaires pour fabriquer les piles à combustibles) : inutile.
Le charbon et le bois sont assez peu utilisables dans les véhicules particuliers, à moins d'avoir un tender à l'attache remorque et deux trois gosses pour pelleter tout ça dans une machine à vapeur.
Les véhicules solaires restent des prototypes de labo, et soumis aux aléas climatiques. Pas la peine d'imaginer rendre visite à mémé un jour de pluie.

Reste l'électricité, et donc le nucléaire de façon indirecte, en tout cas en France, mais aussi la possibilité de remplacer cela par autre chose, de l'éolien, du solaire, de l'hydraulique, de la force marémotrice, que sais-je encore ?

Mais là, l'inconvénient est tout autre : l'électricité ne se stocke pas. Ou mal. Sitôt produite, elle nous échappe, se perd dans les fils et les bobines, se gaspille dans telle ou telle batterie, qu'elle soit au plomb ou à autre chose. Qui plus est, la batterie s'use dans le temps, son rendement diminue et son recyclage est problématique. J'ajoute qu'une batterie efficace est très lourde, ce qui pose des problèmes épineux d'autonomie et de rendement global.

Ce tour d'horizon étant fait, les choses sont claires : dès qu'on n'aura plus de pétrole, il va falloir revoir les exigences à la baisse. Et même si on y arrive sans heurts, il restera à faire le meilleur choix parmi les quelques énergies disponibles.

D'emblée, il semble plutôt raisonnable d'utiliser directement l'énergie disponible ou produite plutôt que de chercher à la transformer ou la stocker, avec les pertes que ça engendre. Pourtant, à la seconde lecture et avec un peu de recul, je ne suis plus si sûr de ça. Car au-delà du rendement brut de tel ou tel mode de déplacement, c'est son "utilisabilité" qui sera déterminante. Et c'est là que l'air comprimé intervient. L'air comprimé n'est pas une énergie primaire. On ne trouve pas quelque part sur la planète, à l'état naturel, d'air comprimé. Il faut se le comprimer nous-mêmes, l'air, et pour cela dépenser de l'énergie (d'une autre source).
Par contre, l'air comprimé se stocke, et pas trop mal. C'est même une technologie que l'on maîtrise à peu près bien, depuis longtemps, et qui n'est pas très coûteuse. Nombres de bricoleurs du dimanche utilisent régulièrement un compresseur et des outils à air comprimés qui fonctionnent fort bien. C'est un équipement qui est accessible au particulier. L'air comprimé ne nécessite par ailleurs pas de batterie qui pollue, juste un entretien sommaire, cela n'occasionne pas de rejets polluants autre que ceux de la source d'énergie qui l'a produit.
On peut très facilement imaginer une voiture à air comprimé qui se recharge chez soi en quelques heures avec un compresseur, ou bien en quelques minutes à une station service qui dispose d'un matériel plus industriel. Cela ne changerait pas grand chose à la facilité actuelle avec laquelle nous faisons le plein.

Figurez-vous que les constructeurs automobiles sont sur le coup. Ce n'est pas quelque chose que je sors de mon chapeau. Par exemple, qui pensez-vous être le leader dans ce domaine ? General Motors ? Volkswagen ? PSA ? Ford ? Mercedès ? Porsche ? Non, non, le constructeur qui est le mieux placé dans ce domaine qui pourrait être la technologie de demain c'est ... Tata Motors un constructeur indien. Et ils ont choisi MDI, un constructeur de moteur à air comprimé français, pour équiper leur "City Car" qui fonctionne à l'air :



Bien sûr, il n'y a pas que des avantages à l'air comprimé et cela n'empêche pas que cela nécessitera une réduction importante de nos exigences en terme de déplacements individuels :
Le rendement reste inférieur à celui d'un moteur électrique, mais c'est à mettre dans la balance avec les problèmes de recyclage des batteries. Il est par ailleurs assez difficile de connaître les rendements exacts de chaque type de moteurs. On sait que le moteur thermique qui est aujourd'hui la norme a un rendement pourri, ce qui ne l'empêche pas d'être le plus utilisé, précisément en raison de son "utilisabilité".
L'autonomie est réduite de moitié, avec 400 km environ pour les modèles actuels. Mais une prise de courant en quelques heures ou une station service équipée en quelques minutes suffisent à repartir pour un tour.
Quid des crash-tests et de la sécurité à bord avec ce type de bombes ambulantes ?
Les fuites d'air, le bruit du compresseur lors du chargement, les performances, l'équipement des véhicules pourront-ils atteindre le niveau de confort suffisant pour que cela soit utilisable ?

Cela reste à prouver. Mais pour avoir beaucoup lu de débats sur ce sujet, l'air comprimé est une alternative tout à fait crédible

Commentaires

1. Le mercredi, 19 septembre 2007, 22:54 par hx

La voiture à air comprimé n'est pas une bombe ambulante. Il faudrait pour cela un combustible! Ce n'est que de l'oxygène sous pression! Nous sommes entourés d'oxygène. L'hydrogène est bien plus dangereux car lui peut bruler avec l'oxygène de l'air.
Ajoutons que l'absence de batterie est un point fort car le développement des voitures à air comprimé ne provoquera pas de tensions sur le marché des matières premières, contrairement aux voitures électriques qui risqueraient de provoquer une hausse du prix du lithium.

2. Le jeudi, 20 septembre 2007, 08:07 par Merome
hx : à partir du moment où il y a compression, il y a un petit risque d'explosion, non ? Genre une cocotte minute...
3. Le jeudi, 20 septembre 2007, 08:46 par Marzi

Je comprends pas : l'air comprimé, c'est d'la balle, même si pour comprimer l'air, il faut de l'énergie (electrique, d'une autre source, genre le nucléaire puisque lui ne pourra pas véhiculer directement la voiture). Et ca se stocke facilement.

Par contre, la pile à combustible, ca, c'est de la merde, inutile. Pourtant, ca me semble comparable : il faut de l'energie (electrique, d'une autre source, genre le nucléaire puisque lui ne pourra pas véhiculer directement la voiture). Et ca se stocke facilement.... même si pour des raisons sécuritaires, c'est bien plus compliqué à faire dans une voiture. Mais on y arrive(ra)..


Je ne suis pas assez compétent poru dire ue je suis sur et certain que la pile à combustible est meilleure que l'air comprimé. Mais je ne suis pas assez compétent, et je doute que le sois, pour dire que l'air comprimé, c'est mieux.
Pi maintenant que Sony fait fonctionner ses lecteurs MP3 au sucre, on est sauvé...

4. Le jeudi, 20 septembre 2007, 09:40 par Merome
Lu sur un forum (c'est comme vu à la télé, c'est un gage de qualitaÿ !) : "Pour l'instant l'hydrogene est produit en énorme majorité à partir d'hydrocarbures... Pour rester propre il faudrait faire une electrolyse de l'eau avec de l'électricité "propre", et là premiere perte 60% de rendement sur l'opération, puis le comprimer ou le liquefier et là 2eme perte, pour comprimer à 300 bars on consomme 20% de l'énergie stockée, pour le liquéfier 50%. Si on rajoute à ça les problemes de fuite (plus petite molécule existante) et d'explosion..."

Un point complet sur la pile à combustible ici
On y lit (entre autres) : "la pile à combustible nécessite actuellement pour sa fabrication des métaux rares, par exemple du platine, pour lequel un seul pays assure 70% de la production mondiale : l'Afrique du Sud."

L'air comprimé, tout le monde peut le fabriquer dans son garage sans risquer l'explosion. C'est pour cela que j'insiste sur l'utilisabilité de la solution.
Ceci dit, tu as raison : l'hydrogène, comme l'air comprimé, demande à la base une consommation d'énergie supérieure à la production finale d'énergie. Ce qui donne un rendement global médiocre, malgré l'utilisation d'un moteur mieux foutu que le moteur thermique.
5. Le jeudi, 20 septembre 2007, 09:59 par Marzi

J'ai surtout raison qd je dit que toi et moi ne sommes pas assez compétent pour dire que tel ou tel solution à l'étude actuellement est meilleure que l'autre, visiblement. Et encenser "tata moteur" est une belle anerie (d'autant qu'en parallèle, ils vont démocratiser la voiture en inde et ailleurs à des couts du genre 3000$, ce qui va bien plus niquer la planête que les 78 caisses à air comprimé qu'ils commercialiseront en même temps.

6. Le jeudi, 20 septembre 2007, 10:00 par marzi

Rahhhhhhhhh, pourquoi c'est toujours une fois que j'ai posté que je me décide à me relire et voir que je fais d'enormes fautes d'orthographes..

7. Le jeudi, 20 septembre 2007, 10:18 par Merome

Je pense que personne ne vient ici en pensant que je suis compétent dans les domaines que j'aborde !
Cela ne nous empêche pas d'en discuter. Le message caché de cet article (il y a toujours un message caché que je dévoile au bout de quelques commentaires :) ) c'est que les solutions les plus médiatisées (bio carburants, pile à combustible, ...) ne sont pas toujours les plus crédibles. Ce sont celles qui bénéficient du meilleur lobbying, ou du meilleur merchandising.
La Toyota Prius est un excellent exemple des fausses bonnes idées qui marchent.

8. Le jeudi, 20 septembre 2007, 16:35 par Olivier

Je pense que l'avenir est peut être dans les algues oléagineuses. Un rendement hallucinant, une période de croissance courte, possibilité de les faire poussuer verticalement et non plus horizontalement. Seul soucis, faut les "booster" en C02. L'après petrole va certainement obligé à revenir au charbon et au bois notamment pour la production d'électricité primaire. c'est fortement inevitable. DOnc autant recupéré le CO2 sortie de l'usine. Ainsi avec la meme quantité de CO2, 2 utilisations (electricité + carburant). Et ceci surement avant de pouvoir récupéré directement le CO2 dans l'atmosphere

9. Le vendredi, 21 septembre 2007, 13:09 par Arnaud

Ce qui serait bien avant de poster pour dénigrer ou encenser une technologie, c'est peut être de faire ce que tout chercheur doit faire avant de se lancer : une bibliographie. En d'autres termes, un état des lieux exhaustif sur le sujet.

Ici, c'est plutôt le contraire, on lit un article et hop, on croit tout savoir !

Un exemple, j'ai lu récemment dans Sciences et Avenir que les chercheurs s'étaient trompé sur leur estimation de captation et de relargage du CO2. En effet, il ont sous estimé le pouvoir des forêts tropicales à absorber du CO2 (elles relargueraient moins que prévu) et ont surestimé le pouvoir des zones tempérées. Tout cela car ils ont sous estimé les courant aériens et leur pouvoir de déplacement des masses d'air.
Ceci n'est qu'un article. tout cela pour dire que le réchauffement de la planète est très complexe comme peut l'être le développement de la pile ou moteur à air comprimé.

Maintenant pour en revenir à l'air comprimé, c'est peut être une bonne idée et pourquoi pas sur un VAAC ? (Vélo assisté par air comprimé)

10. Le vendredi, 21 septembre 2007, 13:43 par Marzi

Mérome en a un. Qd sa femme lui fait un cassoulet.






Ok, ok, je sors...

11. Le samedi, 22 septembre 2007, 10:25 par Cheuz

vive le pétrole ;op

bah quoi c'est très propre le pétrole aussi surtout quand c'est moi qui fait les études pour les raffineries :o))

C'est quoi tout ces gens qui souhaite mettre fin a mon taf :o)

12. Le lundi, 1 septembre 2008, 13:44 par Christian de Lille

Et pourquoi pas coupler des panneaux photovoltaïques avec un compresseur d'air. Idée: produire de l'air comprimé lors de l'ensoleillement; restituer cette énergie la nuit pour s'éclairer, voire se chauffer si la quantité stockée est suffisante. Est-ce que c'est jouable ?

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