Episode 10 : Les cahiers et les classeurs

Avant de mettre les cahiers et au feu et la maîtresse au milieu, quels souvenirs gardons-nous précisément des cahiers de toutes sortes qui ont pesé dans nos cartables ?
Petit tour d'horizon...

Le cahier du jour :
A l'école primaire, le travail quotidien était consigné dans le fameux cahier du jour. Le lendemain, il aurait dû s'appeler le cahier de la veille, mais non, tous les jours, c'était le cahier du jour. Incroyable. C'était un petit cahier avec un protège-cahier (bleu !), c'était celui des dictées, du calcul et des petits travaux de tous les jours. Dans la marge, en rouge, il y avait des bien, des très bien et des "abien". Dans le pire des cas, un "vu" du plus mauvais effet. Mais c'était pas très grave, l'important était de ne pas se louper sur le cahier mensuel.

Le cahier mensuel :
Puis venait le moment des évaluations. Mensuelles ? Ou trimestrielles ? Je sais plus, mais le cahier lui était qualifié de mensuel. Il était vert ou orange et contenait les compositions, ou "compotes" sur lesquelles on était noté pour de vrai. Des notes qui donnaient lieu à un classement que l'on pouvait annoncer à ses parents, comme cette petite fille :
Papa, tu connais la dernière ? C'est moi.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser un cahier mensuel dans lequel on oublie sa règle ne devient pas pour autant un cahier menstruel.

Le cahier de poésie :
Dans le cahier de poésie, on essayait d'écrire un peu mieux que dans les autres. Déjà on centrait le titre, ce qui n'était pas une mince affaire, et ensuite, une majuscule à chaque phrase, des strophes où il faut aller à la ligne "comme au tableau", et à la fin l'auteur : Maurice Carême.

Le cahier de brouillon :
Espace de liberté dans un monde rigide, le cahier de brouillon était un défouloir typographique. C'était là qu'on faisait grandir les tâches d'encre sur le buvard rose en laissant notre pointe de plume appuyée. Le cahier était d'ailleurs fabriqué avec du papier recyclé dans une qualité qui aurait été refusée par Moltonel. Sur la quatrième de couverture, il comportait les tables de multiplications jusqu'à 10, ça pouvait toujours servir.

Le cahier de texte :
J'ai déjà consacré un article complet à ce modèle-ci... Je ne m'y étendrai donc pas plus longtemps.

Les protège cahiers :
Pour reconnaître les cahiers par leur couleur, on les habillait avec des protège cahiers qui sentaient bon le pétrole. Il y en avait de toute couleur et de plusieurs textures. On y glissait la couverture du cahier délicatement, de manière à arracher en trois jours la languette qui faisait tenir le tout. Les protège cahiers finissaient en vrac au fond du sac.

Les étiquettes à mettre sur les cahiers :
Pour mettre son nom sur le cahier, on avait des étiquettes à coller qui étaient super chouettes ! Bon, c'était impossible à coller droit, et une fois qu'on essayait de redécoller, c'était mort. Mais même de travers, c'était fun. On marquait notre nom dessus en essayant de centrer la chose là aussi, mais allez centrer du texte sans traitement de texte et en maîtrisant l'écriture depuis 2 ans à peine !

Plus tard, au collège, des cahiers spéciaux font leur apparition, je me rappelle de ceux-ci :

Le cahier à spirale :
Celui-ci a été étudié spécifiquement pour empêcher tout soulignage, la règle étant bancale sur la spirale métallique du milieu. Ce n'est pas son seul avantage : la spirale est à la base de nombreux trucs rigolos qu'on pouvait faire quand on s'ennuyait en cours. Comme introduire son crayon de papier à l'intérieur, écarter les spires de la spirale avec une pointe de stylo, déchirer des pages très facilement pour faire des pliages de toutes natures...

Cahier Yeka :
Formidable invention d'un nostalgique du verlan, le cahier yeka était un classeur souple, qui pouvait contenir jusqu'à une ou deux feuilles volantes, pour les modèles les plus costauds. Une fois enfoui au fond du sac, les anneaux métalliques minuscules se trouvaient écrasés entre deux manuels d'Histoire-Géo, empêchant toute exploitation de son contenu. Vraiment, une grande invention plébiscitée par les profs et les parents d'élèves !

Cahier de sciences nat :
Plus délicat à trouver dans le commerce, le cahier de sciences naturelles, avec une page à carreaux suivie d'une page à dessin. La page à carreaux servaient à écrire la leçon, et bien évidemment sur la page blanche, on essayait de reproduire tant bien que mal les os humains, les drosophiles, et il fallait écrire en script, pour une raison qui m'échappe encore aujourd'hui.

Cahier d'EMT :
EMT pour "Education Manuelle et Technique", le cahier d'EMT se voulait donc "technique", il fallait donc qu'il soit plus grand que les autres, de préférence plus grand que le cartable, de manière à ce que les coins soient bien cornés. D'ailleurs, mes profs d'EMT s'appelaient "Cornu", le couple. L'homme nous faisait cours en atelier, puis de l'informatique ("avance tortue"...), la femme nous prenait au second trimestre pour la cuisine, puis la couture. Que de moments passionnants quand j'y repense !
Et donc, le cahier d'EMT, à petits carreaux pour pouvoir plus facilement dessiner des cotes justes à cinq millimètres près, était sans doute le plus mal tenu de tous, mal écrit à cause des petits carreaux, avec des tâches de beurre fondu à cause de la cuisine et des traces de doigts issus de nos manipulations de feuilles de métal pour réaliser des bougeoirs style contemporain peints couleur fuschia (pour la fête des pères).

Le cahier de liaison :
Celui-là était fourni par l'administration et il valait mieux ne pas le perdre. Etaient consignées dessus toutes les absences, les heures de colle, les notes, ... C'est sur celui-ci que l'on était bien obligé d'apprendre à imiter la signature de ses parents, quand on n'avait oublié de faire signer le troisième enterrement de la même grand-mère ou la fausse rougeole. Il contenait également le règlement intérieur que l'on ne lisait que lorsqu'on devait le recopier 50 fois pour des raisons diverses...

Est-ce que j'en ai oublié ?

Commentaires

1. Le mercredi, 20 juin 2007, 20:58 par Etheriel

Le cahier mensuel, j'avais pas... C'etait le "cahier de contrôle". Avec la meme finalité :)

2. Le jeudi, 21 juin 2007, 12:53 par Arnaud

Moi, je ne me rappelle pas des cahiers du jour et mensuel. En revanche, j'avais le cahier de calcul, le cahier de français, le cahier de dictée,... Avec tout plein de couleurs différentes.

3. Le jeudi, 21 juin 2007, 13:39 par Filou

"le cahier menstruel" --> MDR ! énorme ^^

très bon article...une fois de plus...
que de souvenirs :-) les tables de multiplication derrière le cahier de brouillon ca se fait toujours ou pas ? à mon époque (y'a 8/10 ans...déjà !! :-o) oui

4. Le jeudi, 21 juin 2007, 14:33 par marzi

"très bon article...une fois de plus..."
=> Mérome, c'est toi qui a créé le pseudo "Filou" pour t'autocomplimenter ? :)

Même remarque qu'Etheriel pour moi. Et puis, histoire d'être de bonne foi, "très bon article", il m'a bien fait rire, plus que les précédents de la série!

5. Le jeudi, 21 juin 2007, 17:34 par Merome
Un truc qui m'échappe vraiment : chaque fois que je bâcle un article ou bien que je suis déçu par mes propres écrits, il y a un commentaire pour dire que c'est génial. Inversement, quand je fais un truc bien recherché, avec des références importantes, et que je trouve bien écrit, personne ne bronche.
Cela m'encourage à garder toujours les premiers jets et à écrire à l'instinct, un défaut que j'avais sans doute déjà trop :/
6. Le jeudi, 21 juin 2007, 23:21 par bouchon

... et le cahier de musique?... Le mien était très rempli puisque notre prof du collège suivait à la lettre le programme (à notre grand désespoir)

7. Le vendredi, 22 juin 2007, 00:01 par Stef

Merome je pense que ton esprit raisonnable logique et cartésien revient formater de façon trop conventionnelle à la relecture ton talent naturel d'écriture et ton style realistico-sarcastique :)

8. Le vendredi, 22 juin 2007, 08:01 par Merome
Stef : C'est pas faux.
bouchon : Ah oui, je l'avais oublié le cahier de musique. Et les heures passées à tenter de faire une clef de sol qui ressemble à quelque chose !

J'aurais pu aussi faire une allusion aux intercalaires, puisque je parle aussi de classeurs. Et aux oeillets qui permettent de réparer une feuille déchirée au niveau des trous. Voilà, si je m'étais relu, j'aurais ajouté ça :)
9. Le vendredi, 22 juin 2007, 11:12 par Stef

Le vendredi 22 juin 2007 à 08:01, par Merome : C'est pas faux.
C'est "cartésien" ou "formater" le mot que tu comprend pas ? ;)

10. Le samedi, 21 juillet 2007, 16:04 par Massu7

Ah et que dire sur nos pots de colle avec la petite spatule qui sentait bon la rentrée des classes ... on en trouve plus des masses aujourd'hui ... peut être sur nostalgie blogoshop ? !

@ +

Massu7

11. Le samedi, 19 septembre 2009, 17:54 par gene

merci pour ces jolis petits passages de souvenirs, mais savez-vous de quand date le carnet à spirale, impossible de trouver

merci d'avance

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