Quelques nouveaux éléments de réflexion sans véritable objectif.

Hier soir, comme 20 millions de mes compatriotes, j'étais devant ma télé pour voir LE match. Et j'ai trouvé ça plutôt passionnant, aussi bien sur la forme que le fond et je suis heureux que nous ayons été si nombreux à nous y intéresser.
Pour ceux qui sortent d'un coma profond de plusieurs moi et qui je sais, sont nombreux à lire régulièrement ce blog, je rappelle que la Présidentielle 2007, c'est des centaines de sondages, un Sarkozy qui dominent les médias (dans tous les sens du terme), une Ségolène "cruchifiée", un Bayrou qui a pris Moïse en pleine face, des votes utiles par paquet de douze et à la fin : sarkozy qui l'emporte pour 5 ans au moins.

A partir de là, la stratégie des deux candidats était évidente à pronostiquer :

Stratégie de Ségolène :
Après des mois à se battre contre son propre camp puis contre le camp d'en face et les médias qui n'ont cessé de la faire passer pour quelqu'un qui n'avait pas le niveau, Ségolène devait hier soir montrer ce qu'elle avait dans le ventre. Montrer qu'elle connaissait les dossiers, qu'elle savait prendre le dessus, qu'elle avait un caractère, de la poigne. Et puis, comme elle est en position de challenger, tous les sondages la donnant perdante à quelques jours du second tour, elle se devait d'attaquer fort, de dévorer son adversaire pour devenir ... Sarko-phage.

Stratégie de Nicolas :
Dans des circonstances exactement inverses, Nicolas était en position de favori, avait tout à perdre dans le débat, a une réputation de nerveux, excessivement habile avec les médias. Il devait, lui, surtout ne pas s'énerver, auquel cas il serait passé pour un effroyable macho, il devait trouver des points communs avec le programme ennemi et souligner subtilement les différences, tout en expliquant que l'autre point de vue était respectable, même s'il ne le partageait pas.

Bilan :
Nous avons assisté à un débat inversé ou chacun, ayant consciencieusement travaillé ses points faibles, s'est retrouvé avec les défauts de l'autre. Ségolène était agressive, cassante, sûre d'elle, menait le débat. Nicolas était calme, posé, introverti, voire mou. Pour les comateux qui découvraient les deux candidats à cette occasion, cela devait faire bizarre.

Concernant l'impact de l'émission sur les indécis, il est difficile de se prononcer. Les journalistes tiennent à répéter, pour que le suspens reste entier jusqu'à dimanche soir, c'est leur fond de commerce, que le duel était équilibré. Ce qui est surtout intéressant, à mon sens, c'est d'analyser la vision qu'on eu les électeurs de la candidate socialiste, pour évaluer la possibilité d'un coup de théatre au second tour.

Pour quelques-uns, la surprise a dû être grande : alors que les médias véhiculaient à son égard une image assez peu encourageante, ils ont découvert une femme pugnace et déterminée. En revanche, Nicolas n'a pas joué son meilleur tennis, comme disait Henri Leconte, ce qui ajoutait sans doute à l'idée que l'image des médias avaient été quelque peu déformée. Sans compter l'insistance des regards de Nicolas vers les deux journalistes. On aurait dit qu'il cherchait le soutien de leur part qu'il a toujours eu dans les émissions jusqu'ici. L'approbation sans condition à ses plus grosses bêtises populistes !

Pour d'autres, notamment dans son camp, déjà très pessimistes sur les compétences de la candidate et l'issue du scrutin, ils ont dû se conforter dans l'idée qu'elle n'était pas à la hauteur, confondant la part du nucléaire dans le mixt énergétique français avec sa part dans la consommation d'électricité, avançant des idées de taxes sans assiette ni taux, des difficultés d'expression... Une idée sans doute renforcée par la capacité naturelle de Nicolas à simplifier le discours à l'extrême de façon à ce qu'il soit immédiatement compréhensible et efficace.
Inutile de parler de ceux qui étaient déjà complètement hostile à Ségolène, il va de soi qu'ils ont pu trouver dans l'émission tout plein de bonnes raisons de ne pas changer d'avis, tout comme l'ont fait les anti-sarko à propos de Nicolas.

Au final, que va-t-il se passer ? Sauf surprise, qui ne sera possible qu'avec une forte mobilisation des électeurs de gauche et du centre, Nicolas va logiquement l'emporter. Mais l'impact de l'émission se fera peut-être sentir un peu plus tard, pour les législatives, ou la personnification est moindre, et où les idées enfin débattues hier soir auront fait leur petit bonhomme de chemin. Ce qui pourrait nous amener à une situation inédite et pas forcément souhaitable : la cohabitation d'entrée de jeu pour un nouveau Président.

Une vidéo me semble résumer assez bien l'ensemble de cette campagne qui se termine. Celle-ci.

Commentaires

1. Le jeudi, 3 mai 2007, 19:58 par Etheriel

La grande question des legislatives est: "comment vont faire les brillants mecs de gauche pour nous expliquer qu'il faut voter socialo" ? Parce que là, la technique de diabolisation de Nicolas, ça ne marchera plus aussi bien ! Va falloir la jouer projet contre projet, mauvaises idées contre bonnes idées. Ca risque d'etre un peu moins facile que l'unique programme "eh, votez pas pour Sarko, c'est un facho"...
Ah mais si, ca va etre tout simple en fait: suffira de dire "ne donnez pas tous les pouvoirs au vilain Sarkozy, donc votez pour nous". Joli programme :)

2. Le jeudi, 3 mai 2007, 20:51 par Merome
Il y a eu diabolisation de Sarko, mais il y a eu aussi cruchifixion de Ségo. Donc, les deux effets vont s'annuler, à mon avis.
3. Le vendredi, 4 mai 2007, 10:44 par Bob

Je n'ai pas vu le débat, j'avais mieux à faire ce soir-là. De toute façon ça fait longtemps que je sais contre qui je vais voter dimanche :p

4. Le vendredi, 4 mai 2007, 19:39 par Arnaud

Bob,

Contre Ségolène ;)

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1. Le vendredi, 4 mai 2007, 17:09 par Weblog des Dahus

Les erreurs et incohérences de M. Sarkozy

J'en ai assez d'entendre à la radio à longueur de journée, les mêmes réactions offusquées des soutiens à N. Sarkozy, suite au débat de mercredi. Et cette manie des journalistes à résumer

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