C'est un vieux slogan qui figurait sur les autocollants écolos qu'on voyait derrière les deudeuches des derniers hippies de mon enfance...

Et c'est l'occasion de donner mon avis sur cette épineuse question qui divise les anciens écolos (plutôt contre) et les nouveaux (plutôt pour), à la lumière des propos d'Hubert Reeves, dont je suis en train de lire le bouquin fort intéressant (Mal de terre).

Il y a donc débat sur cette question du nucléaire civil en France, car il assure actuellement 88% de notre production, sans dégager trop de CO2. Or, le problème écologique le plus médiatique (ce qui ne veut pas forcément dire le plus grave, ni le plus urgent), aujourd'hui, c'est celui du réchauffement, causé par les gaz à effet de serre, dont le CO2 est l'un des plus virulents abondants.
Dans les années 70, le problème était tout autre : notre empreinte écologique était encore faible, les pollutions étaient encore raisonnables et localisées. Les écolos de l'époque n'ont par conséquent pas pu laisser passer l'idée du nucléaire, qui apportait son lot de nuisances et de risques majeurs jusqu'alors inconnus, avec le succès qu'on sait.

Outre son côté "propre" par rapport aux énergies fossiles, le nucléaire offre également l'avantage de garantir l'indépendance énergétique de la France. Un avantage non négligeable sachant que les prochaines décennies vont vraisemblablement se jouer autour des enjeux énergétiques. Et en plus, tout cela nous donne un kWh pas cher du tout, le bonheur.

Mais...

On ne sait toujours pas que faire de nos déchets radioactifs. La matière première n'est pas, elle non plus, inépuisable. L'exploitation de cette technologie est complexe, coûteuse, aujourd'hui rendue possible par l'investissement massif de fonds publics qui rendent la chose possible et rentable. Qu'en sera-t-il demain ?
C'est cette énorme incertitude que soulève Hubert Reeves dans son bouquin : si aujourd'hui nous avons les moyens de gérer nos déchets, avant de les traiter peut-être un jour ; si aujourd'hui nous pouvons nous permettre de démanteler les centrales vieillissantes pour en construire de nouvelles ; que se passerait-il si la France, l'Europe traversait soudain une crise économique de grande ampleur. Rien ne nous met à l'abri d'une telle éventualité. Et même, l'épuisement des autres ressources en augmente le risque. Que ferait alors un gouvernement sans moyen, avec des problèmes sociaux évidents à régler de toute urgence, que ferait ce gouvernement de ses vieilles centrales à l'abandon ? Même en toute bonne foi, aura-t-il les moyens d'éviter une catastrophe ?

Comme souvent en politique, les dirigeants se contentent de faire confiance, ou pour dire les choses plus crûment, de refiler la patate chaude aux générations futures. La dette, le réchauffement climatique, les déchets nucléaires, tout ça, nos descendants sauront bien s'en dépatouiller ? On peut légitimement se poser la question...

Alors bien sûr, le nucléaire nous permet aujourd'hui d'envisager une baisse des émissions de CO2 qui nous permettra (peut-être) de respecter nos engagements de Kyoto sans sacrifier notre niveau de confort. Mais il est contre productif au regard de la diminution nécessaire et inévitable de nos besoins énergétiques dans les décennies à venir, avec ou sans nucléaire.
Il faut se rendre à l'évidence : nous consommons plus d'énergie que la planète ne peut nous en offrir. L'électricité pas chère nous évite de penser à ce que l'on consomme, nous habitue à gaspiller nos kWh dans des appareils en veille et des frigos américains.

Aussi, je suis favorable à une volonté d'abandon progressive du nucléaire. Profitons de la chance d'avoir cette ressource aujourd'hui pour éviter que la diminution nécessaire de consommation ne soit trop brutale, mais surtout, arrêtons de charger les générations futures de nos problèmes actuels. Maintenons nos centrales jusqu'à la fin de leur durée de vie, et investissons massivement dans les énergies renouvelables, et dans la sobriété de nos appareils et de leurs utilisateurs.

Commentaires

1. Le mercredi, 11 avril 2007, 22:50 par Nuke Nike tout?

Euh
l'indépendance énergtique ? Késako ?

Bah en france on connait pas, le nucléaire n'est pas la solution étant donné qu'on importe maintenant la quasi-totalité de la matière fissible.
Donc l'argument habituel du lobby pro nuke est un peu faiblard à mon gout. D'ailleurs si on reprennait aujourd'hui l'exploitation dans le massif central (principalement), on ateindrait des débits d'extraction qui nous permetrait de tenir quelques années tout au plus...

______________

Le nucléaire ne change rien à Kyoto, de toute façon on a construit nos centrales avant d'avoir ratifié le traité. Donc si on avait fait des centrales à carbon à la place ça n'aurait pas changé grand chose. Voire le contraire si on remplacerait aujourd'hui nos centrales à charbon (celle qu'on a pas construit) ce serait encore plus facile de respecter kyoto. Je suis cynique oui je sais.


NB le CO2 étant au contraire un des gaz a effet de serre les moins virulent le problème vient plus de son abondance et du cycle long....

Accessoirement le nuke est un choix commercial de la france pour exporter son électricité et sa technologie (et faire croire aux italiens, belges, allemands qu'il sont sortis du nuke), et attirer les entreprises avec une électricité presque deux fois moins chère.... On est loin de kyoto chez EDF.

2. Le jeudi, 12 avril 2007, 08:05 par Merome
Nuke Nike tout : Merci pour tes précisions. "Virulent" n'était effectivement pas le qualificatif approprié pour le CO2.
3. Le jeudi, 12 avril 2007, 09:26 par marzi

"et des frigos américains" : peux-tu ajouter le bilan energetique de ton frigo et de ton congélateur et le comparer à celui d'un frigo américain qui combine les deux ?

4. Le jeudi, 12 avril 2007, 11:55 par Merome
Marzi : c'est juste un exemple. Au contraire de moi, qui n'en suis pas un.
5. Le jeudi, 19 avril 2007, 12:32 par Nonmerci

Le nucléaire ne représente que 16% de l'énergie consommée en France, l'électricité n'en est qu'une petite partie.

La filière nucléaire produit aussi du CO2, lors de l'extraction du minerai, du broyage, du transport ... Cette production de CO2 sera de plus en plus importante à mesure que le minerai disponible est de plus en plus pauvre en uranium et plus difficile à extraire.

Et les réserves d'uranium sont limitées, même en payant très cher. En voulant dix fois plus de réacteurs dans le monde, les réserves seraient déjà épuisées avant qu'ils ne soient tous construits.

Un autre sujet intéressant ici
travail-chomage.site.voil...

A partir de 2007 ou 2008, la production mondiale de pétrole va décroître à un rythme de plus en plus important.

Et nous aurions une production mondiale limitée à 80 % dans 12 ans et à 50 % dans 20 ans de celle d'aujourd'hui. Les réserves de pétrole ont été surestimées.

Le nucléaire, les piles à combustible et les agro-carburants sont des solutions bien illusoires (il faudrait déjà 3 à 4 fois la surface agricole de la France pour le carburant).

6. Le mardi, 29 mai 2007, 21:38 par Energie Vertes

Oui , il va vraiment falloir s emettre aux économies d'énergie ! Repenser notre façon de consommer et de nous déplacer !

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