Démocratie participative / représentative

Sommes-nous bien représentés ?

Tiens, il y a longtemps qu'on n'a pas parlé de politique, ici...

Maintenant que le suspense insoutenable des candidatures majeures est levé, et qu'on sait que Ségolène va se disputer avec Nicolas (qui l'eut cru ?) pendant quelques mois, interrogeons-nous, si vous le voulez bien, sur la démocratie elle-même, ou plutôt l'idée que l'on s'en fait, et la direction qu'on aimerait qu'elle prenne.

Nous sommes aujourd'hui dans une démocratie représentative. C'est à dire que nous élisons des gens censés nous représenter au niveau de la commune, du département, de la région, de l'Etat. Mes cours d'instruction civique sont bien loin, mais je crois pouvoir dire également qu'il y a deux catégories principales d'élus, ceux élus au suffrage direct, et ceux élus au suffrage indirect, et donc des petits et des grands électeurs.

Ce modèle de démocratie a bien des qualités puisqu'elle permet à tout un chacun d'exprimer son opinion, à bulletin secret, tout en évitant la plupart des dérives populistes ou clientèlistes. Surtout, il faut bien voir que cette organisation était la meilleure (ou l'une des meilleures) possible à une époque où les médias n'existaient pas ou peu, où la conscience de la chose politique était assez peu développée, et la préoccupation des gens ailleurs.

Les temps changent. La télé a bouleversé le PPF (Paysage Politique Français) depuis trente ans, permettant aux opinions les plus diverses d'être diffusées jusqu'au fin fond des campagnes les plus reculées, permettant, enfin, aux gens de Trifouilly-les-oies, un patelin de 80 habitants de l'arrière-pays poitevin, de ressentir les joies de l'insécurité et des voitures brûlées des banlieues.
Aujourd'hui, c'est internet qui casse à nouveau tous les schémas établis, en permettant à des groupes d'anonymes de découvrir qu'ils ont les mêmes opinions et de les diffuser eux-mêmes, à moindre frais, aussi bien, parfois mieux, que ne le feraient Le Monde, TF1 et RTL réunis.
Parallèlement, fort logiquement, les consciences des électeurs évoluent, mais bizarrement, les élus d'aujourd'hui, qui sont aussi la plupart du temps les candidats de demain, eux, n'ont pas beaucoup changé.

A vrai dire, ce n'est pas directement leur faute, je crois. Nos modes de scrutins les ont tenus à l'écart de la vie des gens, et de leurs besoins réels.

Prenez la présidentielle, par exemple, est-ce le meilleur candidat pour la majorité des français qui va l'emporter ou celui qui aura fait la meilleure impression, sur des critères qui sont finalement assez loin de la politique ? Il, ou elle, va donc être élu(e), très bien, mais va-t-il(elle) faire un(e) bon(ne) président(e) ? Permettez-moi d'en douter.

Pour fréquenter de près certains élus (indirects, les pires !), j'étais effaré l'autre jour encore lors d'une réunion professionnelle, de voir à quel point, même à l'échelon local, leurs préoccupations sont bien loin de la vie des gens. Il s'agit de faire de la comm', d'attirer les entreprises sur son territoire, de flatter l'électeur pour garder sa voix. Le fonctionnement des collectivités, qui est assuré par les fonctionnaires (d'où leur nom), leur est souvent parfaitement étranger. Le code des marchés publics ? Ils en ont une vague idée. Les moyens mis en oeuvre en interne pour coller à toutes ces règlementations ? Le cadet de leur soucis !

Ces constats m'inclinent à penser, de plus en plus, que la démocratie représentative a vécu, et qu'elle est aujourd'hui bien vieillote pour notre société devenue "de l'information". Les élus ne sont pas spécialistes en tout.
Tenez, la plupart d'entre vous, qui lisez ces lignes, sont autrement plus calés en nouvelles technologies de l'information et de la communication que Nicolas ou Ségolène. Aucun doute là-dessus. Et pourtant, qui va décider de l'avenir de la loi DADVSI ? Ben en fait, ni vous, ni eux pour tout dire.
Comme ils se savent bien incompétents dans des domaines précis, ce sont des "experts" qui vont en décider pour le bien de nous tous. Les experts étant, dans la plupart des cas, dans les rangs des industriels du milieu concerné. Mais ceux-là, si je ne m'abuse, on ne les a pas élus ? Si ?

Bref, la démocratie représentative ne représente plus rien et certainement pas l'opinion des gens. Et il est plus que temps de passer à quelque chose qui ressemble à de la démocratie participative.
Evidemment, la tarte à la crème, c'est de dire : "oui mais les référendums tous les week-end, ça peut pas marcher, d'autant que les français ne répondent pas à la question posée, etc etc...".
Comme si le référendum était la panacée en matière de démocratie participative. C'te blague !
Aujourd'hui, libérés des contraintes organisationnelles grâce aux nouvelles technologies, nous pouvons imaginer bien d'autres moyens de recueillir l'opinion des gens et d'en faire bon usage. L'électronique simplifie à la fois le recueil de suffrages et le dépouillement, instantané. L'internet permet à des groupes de pression citoyens de se constituer pour faire face aux lobbys industriels. L'initiative citoyenne prend ainsi tout son sens, et la volonté populaire toute sa dimension.

Et la démocratie participative, c'est aussi vos réactions en commentaires, bien aussi importantes que l'article mal foutu que je viens de pondre.

Commentaires

1. Le vendredi, 1 décembre 2006, 23:48 par Bob

Le souci dans tout ça, c'est que comme tu le dis, ce ne sont même plus les élus qui prennent réellement les décisions... Et du coup ça permet de citer Howard Zinn :
"Le principal problème de la démocratie dans la société pos-trévolutionnaire n'était pas les limites constitutionnelles du suffrage.Il était bien plus profond et excédait le strict cadre de la Constitution. Il s'agissait de la fracture de la société entre riches et pauvres. En effet, si quelques personnes détenaient d'immenses fortunes et bénéficiaient d'une grande influence, si elles contrôlaient la terre, l'argent, la presse, l'Église et le système éducatif, comment, dès lors, le seul vote aurait-il pu bouleverser la donne ? Il y avait encore un aute problème : n'était-il pas dans la nature même des gouvernements représentatifs, même largement soutenus par la base, d'être conservateurs et de prévenir les changements radicaux ?"

Là en fait, il était question des États-Unis vers la fin du XVIIIème siècle. Vous voyez comme c'est tellement différent d'ici et maintenant ?

Il y a un autre paragraphe intéressant qu'il faudra que je retrouve. Il y est dit, en substance, qu'au bout du compte le fait de se retrouver avec d'un côté une élite riche et puissante aux commandes du pays, et de l'autre les larbins qui triment, avec éventuellement un peu de classe moyenne au milieu, c'est un truc qui est complètement indépendant des institutions qu'on met en place pour encadrer le système.

Ça donne envie d'aller voter tout ça, hein ? C'est pour ça que, pour vous remonter un peu, je termine avec un petit bout du dernier chapitre de Dol, dont j'ai parlé il y a quelques jours :
"Ce n'est pas un homme qu'il faut choisir, mais un programme. Et le programme de la rupture, ils ne nous le proposeront pas si nous ne le choisissons pas. Tant qu'on se souciera du candidat, les partis ne cesseront de fonctionner comme des machines électorales. Tant que nous n'aurons pas choisi de donner de l'importance à la chose politique, ils la bafoueront. Ils nous ignoreront."

Sur ce, il est tard alors je vous souhaite une bonne nuit et un bon week-end.

2. Le samedi, 2 décembre 2006, 15:37 par Filou

Je suis assez d'accord avec le gros de l'article, Merome, mais le dernier paragraphe sur l'utilisation d'Internet pour la démocratie me laisse perplexe.
D'une part, tous les Francais n'ont pas Internet, loin de là! Sur ce blog ( benoit-raphael.blogspot.c... ) il apparait que seulement 53% des Francais se connectent à Internet, et qu'également 53% des foyers sont équipes d'un ordinateur. Certes, ce sont des chiffres bien trop précis pour des observations aussi générales. Le bilan de cela je dirai qu'entre 40 et 50% des Francais se connectent régulièrement à Internet. Et sur ces 40/50% combien maitrisent assez la navigation sur le Web pour etre capable de s'informer, débattre, voter ? Franchement, je pense que la proportion est très faible, donc l'utilisation des nouvelles technologies pour les suffrages de toute sorte, je doute vraiment que ce soit pour demain. Bientôt sans doute, je dirai à l'horizon 2020, mais vraiment pas pour la décennie à venir.

3. Le samedi, 2 décembre 2006, 18:44 par Merome
Filou : est-ce que tu as un isoloir et une urne chez toi ? Est-ce que ça t'empêche de voter ?
4. Le samedi, 2 décembre 2006, 20:06 par Filou

C'est pas le probleme de la confidentialité que j'avancais, mais alors pas du tout.
C'est juste que la manipulation d'un ordinateur, pour au moins 50% des Francais en âge de voter, n'est vraiment pas au point pour organiser un suffrage éléctronique. Et si tu envisageais une partition entre les votes papiers et les votes electroniques, comme les Impots le font pour les réglements annuels, y'a 90% de chance pour qu'à chaque scrutin, ces honnêtes hommes politiques polémiquent sur la fiabilité des votes éléctroniques. En y ajoutant les fiabilités inexistantes de TOUS les FAI à l'heure actuel...je crois vraiment pas que les électeurs ET le matériel technologique soit prêt pour un exercice d'une telle ampleur.

5. Le samedi, 2 décembre 2006, 20:32 par Merome
Ce n'est pas de confidentialité que je parlais moi non plus. Quand on dit internet, tu penses Serveur/navigateur/Firefox/Internet explorer/plugins ... Ben non, internet ce n'est que le réseau qui transmet les infos, tu peux mettre devant un bète écran tactile avec écrit dessus : "pour qui voulez vous voter ?". Tu mets ton doigt sur la photo du gars pour qui tu veux voter (même pas besoin de savoir lire !) ou sur l'idée qui te convient le mieux. Et tu mets des bornes comme ça dans toutes les mairies, rien de sorcier. Même pas besoin d'ADSL. Une bète ligne téléphonique. Un pauvre PC d'il y a 10 ans. Et une interface ultra simplifiée.
6. Le dimanche, 3 décembre 2006, 18:01 par Pierre

Salut,

Le seul problème avec Internet, c'est la tarte à la crème: en effet lancer une tarte à la crème sur la photo d'un politique que tu n'aimes pas sur ton bel écran plat 19 pouces que tu viens de t'offrir pour Noël, est autrement moins marrant qu'en réel non ? :-)

( Pour tout dire, je n'ai jamais lancé une tarte à la crème sur quiconque, je préfère les manger...)

A+

7. Le dimanche, 3 décembre 2006, 20:05 par Filou

Ah en effet Merome dans ce cas l'informatique est à la portée de tout le monde ou presque. Par contre les 50000 écrans tactiles pour autant de bureaux de vote (surement plus d'ailleurs) ca risque de faire chèr pour les communes non ? Et pour l'installer, l'informaticien ne va pas venir benévolement donc qui le payera ?
Même si je concède que dans l'absolu cette méthode peut s'avérer plus pratique et p-e moins chèr si c'est bien organisé, je doute que les vieux qui nous gouvernent (du président au maire de Troudbal-sur-Loire) se laissent convaincre par "les nouvelles technologies".
D'ici 10 ans je pense qu'on en entendra plus parler :)

8. Le dimanche, 31 décembre 2006, 00:53 par bong

Manipulation linguistique.
La démocratie c'est le pouvoir au peuple. Donc la démocratie participative c'est la démocratie.
Il faut d'abord expliquer aux français qu'il ne sont pas en démocatie (muni d'un dico), et une fois intégrer, tous reviens dans l'ordre.
Et vous n'avez pas evoquer le faits tous simple que l'on vote nos representant sans déleguer le droits de vote. Ils sont juste representant .
L'électeurs se reserve le droit de voter aux décisions prises dans la circonscription à laquelle il appartient.
Ex: le mercerdi je me rend à l'assembler nationnal et je vote en même temps que les députer. Pareil pour les municipal et regionnal. Et si je peu pas me deplacer je vote à distance avec une carte d'élécteur type carte vital via le téléphone portable, internet ou des bornes publique.
Ca c'est la démocratie.
BONG “VOTE INFORMATIQUE POPULAIRE” une vieille asso de 10 ans.
un Homme= une voix

9. Le vendredi, 12 janvier 2007, 08:48 par brelle

salut a tous !! ba moi jdi !! a partir de cette année tout lé homme politique ki son de nimporte kel parti son tous des pouri !! il fo se mefier de tous é sa c la merdeeeee !!
on ne c plu ki jugé de tte facon on va tous mourir a cose de se jenr detre humain !!!

10. Le jeudi, 25 janvier 2007, 13:08 par Deady33

Passionant ce dernier commentaire.

Déja juse une chose que je pense (par conséquent peu de crédibilité/fiabilité je vous l'accorde mais bon on est la pour penser alors^^, je crois qu'aux niveau purement fonctionnel nous devont voir que nous sommes certes dans un systeme qui se veut représentatif mais qui fonctionne de maniere majoritair.

En effet aujourd'hui nous le savons nos politiciens ne débatent pas (suffit de regarder quelques scéances de question au gouvernement sur la 3 et on en pleurerai presque) mais se contentent de prendre des décisions qui sont adopté si la majoriter des votes sont favorables, or dans un pays réellement représentatif dont les politiques sont a 30% a droite 30% a gauche 20% centre 10% extreme droite 10% extreme gauche (je sais que se sont des valeurs fictive et volontairement égalitaire mais je ne veut vexer personne) chaque décisiosn chaque loi etc devrait etre influencer a 30% par des idées de droite 30% des idées de gauche etc... or ce n'est absolument pas cas aujourd'hui.

Pour moi c'est de la que vient le probleme parceque nimporte quel parti aujourd'hui ne possede toutes les réponses et si il prend lui seul toute les décisions sur tout les sujets des erreurs seront faites cest obligatoire.

Alotrs je sais que le débat ralentit les prises de décisions mais cest aussi un excellent moyen de prendre les meilleurs décisions justement, alors peut etre est ce que nous devrions penser a changer le mode d'élaboration des loi et des actions gouvernemental pourquoi ne pas creer des cellules de réflexion et d'actions qui regrouperait réellement représentativement les couleurs de l'assemblés (et donc normalement des francais) a qui ont confirait des dossiers et qui proposerait ensuite un texte de loi par exemple qui lui serait proposer a l'assemblé.

Evidemment vous pourrez me répondre que le jour ou l'on verra des politiciens s'assoir autour d'une table pour négocier et conceder que sur certain point les autres ont d'accord il neigera au Sahara et malheuresement vous aurez raison (cela dit vu comment la terre déglingue il ne fat jurer de rien^^)

Pour l'utilisation des nouvelles technologies dans la vie politique des francais je suis pour cela nécessite des aménagement certes mais je pense que c'est largement possible (pourquoi ne pas utiliser un peu du budget e des informaticiens de l'armée c'est elle sers a quoi aujourd'hui celle la? lol)

J'espere ne pas vous avoir trop embeter avec ce long discour a bientot et VIVE fourmix

11. Le mardi, 20 février 2007, 01:04 par bong

unhumainunevoix.com
Bonjour
voila pour moi la meilleur façon de mettre en place la démocratie.
Merci de faire passer.
cordialement.

12. Le mardi, 20 février 2007, 07:59 par Merome
Dommage que le site "Un humain / une voix" soit également sur le modèle "une phrase / une faute"... Ça fait pas sérieux ...
13. Le mardi, 20 février 2007, 10:45 par Filou

Tiens petit parallèle Merome, je me fais l'avocat du diable (encore ^^)...

Prenons l'exemple Wargang, tu dit toi même dans ta position de "chef" du jeu qu'il n'est pas forcément bon de suivre la majorité des votants sur certaines idées qui pourraient nuire au jeu et à sa pérénité...

Tu crois pas que ce serai la même chose à l'échelle étatique ?

14. Le mardi, 20 février 2007, 11:29 par Merome
Je me suis déjà posé la question. La différence est la suivante : je suis le seul à être obligé de payer quelque chose pour faire vivre Wargang. Et je ne parle pas de "payer de ma personne" qui serait déjà une raison suffisante, mais moins compréhensible pour le commun des mortels.
Donc, je dois faire des choix qui engagent ma responsabilité et mes finances, au contraire des joueurs qui peuvent jouer sans payer ou arrêter de jouer demain, d'ailleurs.

Les électeurs sont dans une position un peu différentes : ce sont eux qui payent les mesures qui sont prises, par le biais des impôts, et dans l'intérêt général, normalement. Ils n'ont pas vraiment le choix "d'arrêter de jouer". Il doit donc y avoir un système qui leur permet de s'exprimer correctement...
15. Le mardi, 20 février 2007, 13:00 par marzi

... pas tous, mérome, pas tous... d'ailleurs, certains se barrent de france parce qu'ils trouvent qu'ils payent un peu trop pour les autres..

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