La lutte des classes et le sexisme modernes

Il y a des clichés qui ont la vie dure. Et se battre pour changer certaines visions archaïques des choses n'est pas toujours de tout repos.

Au vu de l'Histoire sociale de notre pays et de ceux qui l'entourent, je fais partie d'une catégorie de gens extrêmement favorisée. Et je ne renie d'ailleurs pas cet état de fait, je suis effectivement très satisfait de mon sort.
Je suis un homme, et je fais partie de la célèbre "classe moyenne". A ce double-titre, j'échappe de fait à deux des injustices les plus flagrantes de ces derniers siècles : le machisme et l'exploitation des petits par les gros.

Sans doute parce que j'ai trop regardé Candy dans ma jeunesse (je suis en train de me refaire la série complète avec mes gosses, je pleure un épisode sur deux ! C'est horrible !), j'ai une aversion assez prononcée contre l'injustice, quelle que soit sa forme, et je la combats, avec mes maigres moyens et ma quasi-totale absence de courage. J'imagine que nous sommes nombreux dans ce cas, à être là, un peu par hasard, à se demander comment faire évoluer les choses dans le bon sens.

Je suis un modeste ingénieur en informatique, car dans ce domaine, je crois, n'importe qui peut arriver à ce niveau sans effort particulier. Je me retrouve donc dans une position sociale confortable, par hasard ou chance, mais n'en retire aucune vanité, et je cherche plutôt à gommer les marches qui me séparent des échelons inférieurs.
Avec un succès mitigé, il faut l'avouer, parce que j'ai la nette impression que l'inertie du système sera de toute façon plus forte que ma volonté.
Les gens qui voient en moi, et en ce que je représente, un ennemi ou au mieux un "étranger social" depuis plusieurs générations ne sont pas prêts à comprendre ma position. Il y a toujours, au fond, une méfiance hierarchique que je considère sans fondement, mais qui existe et que je ne peux nier.

Le sujet est d'ailleurs fort justement abordé dans l'excellent film de Laurent Cantet intitulé Ressources humaines. Je vous en recommande chaudement le visionnage. On peut y voir un étudiant en stage de fin de troisième cycle universitaire dans l'entreprise où son père est lui-même ouvrier. Le sujet de stage concerne l'étude de l'impact de la mise en place des 35h dans l'usine, et l'on sent que le jeune garçon est plein de bonnes intentions et résolu à instaurer un nouveau mode de dialogue entre l'encadrement et les ouvriers.
Son échec est cuisant, pour des raisons que je vous laisse découvrir et qui ne sont pas sans rappeler l'inertie que j'évoque ici.

Pour tout dire, j'ai l'impression que d'une certaine manière, personne n'a vraiment envie que cela change parce que le changement fait peur. Il est bien plus confortable de pester contre son chef plutôt que de prendre sa place. Il est aussi plus facile de vomir sur les patrons plutôt que d'en devenir un soi-même.

Concernant le sexisme, mon constat est le même : les "femmes libérées" (spéciale dédicace à Cookie Dingler) ne le sont pas vraiment. Elles gardent en elles une part d'abnégation qui les rend esclaves de fait, de la société. Donnez du temps libre à un homme, il en profitera pour voir un match de foot avec des potes. Donnez du temps à une femme, elle fera plus de ménage ! Je caricature à peine.
Je connais des femmes, très attachées à leurs libertés et leur indépendance, qui enseignent à leur fille la résignation de leur futur rôle de mère, au lieu de les aider à acquérir leurs derniers galons d'égale de l'homme (aux yeux de la Société, bien sûr).
Et à leurs yeux, bien sûr, je suis un effroyable macho.

Le système s'auto-entretient ainsi dans une incompréhension de l'Autre, dont les principales victimes sont les personnes qui essaient de faire changer les choses. Je pense qu'en vieillissant, ces personnes perdent l'envie de changer et se conforment à l'establishment (ça en jette comme mot, hein ?). C'est dommage.

C'était le triste constat du mardi soir. :)

Commentaires

1. Le mardi, 26 septembre 2006, 19:10 par Nath

Mouais... c'est un peu court jeune homme...
Si les femmes ont sûrement à se libérer du carcan moral dans lequel elles se maintiennent enfermées, elles ne sont pas vraiment aidées par la Société.
Belle caricature que celle "la femme libérée qui enseigne à sa fille la résignation d'une mère". Et le père dans tout ça ? N'est-ce pas surtout à lui, en tant qu'homme, que mari de sa mère de lui montrer que la gente masculine a bien intégré la notion "d'égalité" ?

2. Le mardi, 26 septembre 2006, 20:06 par bouchon

Le film est très parlant et repésentatif en effet.
Et le constat de Merome plutôt représentatif de ce que je connais Nath.

3. Le mardi, 26 septembre 2006, 20:27 par Merome
Loin de moi l'idée de faire porte aux Femmes l'entière responsabilité de cet état de fait ! Elles subissent largement la chose, mais il y a une sorte de syndrôme de Stockholm qui fait que les gens se complaisent dans une situation qui ne leur est pas avantageuse, parfois. Comme moi dans celle du blogueur incompris, par exemple :)
4. Le mardi, 26 septembre 2006, 21:45 par Nath

S'il y a sSyndrome de Stockholm, c'est qu'il y a bourreau... Et en l'occurrence, le boureau, c'est une "légère" pression sociale qui dit : "OK, vous avez le droit d'avoir un boulot intéressant, de faire carrière (et encore, on sait que souvent une femme devra plus faire ses preuves qu'un homme dans certains domaines...), mais vous devez aussi continuer à tenir votre intérieur, à vous occuper des enfants et puis tiens, pendant qu'on y est, être toujours parfaitement pomponnées, bichonnées, sveltes et sportives et bien disposées envers votre tendre époux"...

Mais bon, petit à petit, j'ose croire que les choses changent... En ce qui me concerne, je me vante à qui veut de ne JAMAIS faire le repassage pour mon mari ;op (le pire, c'est qu'il y en a que ça choque...)

5. Le mercredi, 27 septembre 2006, 00:21 par Le Monolecte

Tu vois, quand j'ai du temps libre, j'écris. Et ensuite, on me fait remarquer que la maison est crade. Là, je réponds qu'on est plusieurs à habiter cette maison. Et on me rétorque que je peux aussi aller tondre la pelouse avec le taille-bordure à fil, vu que la tondeuse est HS...
Vi, vi, vi, je me sens vachement responsable de l'infériorisation des femmes.

Quant au changement... Pas de fric, pas de changement. Donc, quand tu es pauvre, tu fermes ta gueule et tu rames!

6. Le mercredi, 27 septembre 2006, 10:18 par Filou

Parallèlement, il faut aussi dire que généralement celui qui apporte un entrain, une motivation est très rapidement mal perçu par une bonne partie de la communauté alors qu'il souhaite l'améliorer, d'où le double effet-contre productif:
- ceux pour qui tu te bat te mettent des batons dans les roues, mais toi tu sais qu'il faut continuer car tu sais (ou tu crois, ou tu est naif d'envisager) qu'ils te remercieront un jour...peut-etre...
- pour changer les choses sans etre mal percu, faut etre discret, ce qui entraine une auto-limitation dans les projets, et donc moins d'action

tiens ca me fait penser à un jeu auquel je joue sur internet, beaucoup de monde gueule qu'il y a des probleme, mais personne fait en sorte de changer les choses... ^^

7. Le mercredi, 27 septembre 2006, 11:33 par Steh

Tiens donc... tu joues a quoi et dans quel royaume? :)

8. Le mercredi, 27 septembre 2006, 12:08 par Z

C'est le nouveau truc à la mode, ça, le syndrome de Stockholm ? J'en entends parler partout depuis le retour parmi les vivants de la petite Natascha Kampusch... et même au jité de 20 heures. Avant, on n'en parlait jamais et puis tout d'un coup, tout le monde sait ce que c'est. C'est bizarre, quand c'est dans l'air, comme ça...

9. Le mercredi, 27 septembre 2006, 14:17 par Stef

-Mode Hors-sujet ON-

"Ne la laisse pas tomber , elle est si fragile,
Etre une femme libérée , tu sais , c'est pas si facile..."
Apres Ivanov et leurs "Nuits sans soleil" il y a peu , je me rend compte que tu as les mêmes références musicales "Top50iennes" que moi , ça me rassure :)
Tu les as aussi en mp3 que ton Pc ou je reste le seul nostalgique a garder des chansons ringardes que je n'écoute jamais ?
-Mode HS off-

10. Le jeudi, 28 septembre 2006, 08:35 par Merome
Ben oui, années 80 power... C'est une maladie de trentenaire et la pharmacie n'y peut rien :)

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