Portrait d'un type de personnes qui auraient pu être chauffagistes.

Si vous êtes un habitué du blog, vous connaissez mon aversion pour les artisans parvenus, et particulièrement les chauffagistes. Il y a une autre catégorie socio-professionnelle qui mérite toute notre méprise : les consultants.
C'est peut-être simplement la jalousie qui me guide, mais il faut bien admettre que, dans la plupart des cas, la consultance n'est qu'une méthode utilisée par l'entreprise pour donner une crédibilité à une décision : si on a dépensé beaucoup de pognon pour arriver à cette conclusion, c'est que c'est la bonne, et comme cela vient de l'extérieur, c'est forcément tout à fait objectif est neutre, comme point de vue.

Ce sont évidemment deux lamentables erreurs, ce que je vais démontrer de ce pas, en deux parties, comme à l'entrainement :

Le consultant n'est pas forcément plus compétent que l'employé indigène

Et même, c'est souvent l'inverse, du fait de l'expérience dudit employé (ou desdits employés, au pluriel) à son (leur) poste précis.
En général (bien qu'il y ait, en plus, des cas inverses), le consultant est compétent dans le domaine qu'il vient analyser pour vous. D'ailleurs cette compétence est généralement payée à prix d'or, bien au-delà du salaire horaire de l'employé normal, ce qui ne va pas sans créer une certaine tension.
Mais cette compétence supérieure est toute théorique car elle fait l'abstraction totale du suivi de l'affaire, de sa réalisation concrète. C'est bien connu : là où la théorie est jolie sur le papier, l'application se heurte à des blocages psychologiques, techniques ou pratiques qui ne sont pas les plus simples à résoudre !
Le consultant termine sa mission, généralement, où commencent les ennuis. Ce qui laisse penser, à tort, que c'est son appui professionnel qui a permis que tout se passe bien jusque là, et que l'employé normal n'est qu'un incapable, infoutu de terminer correctement un projet pourtant si bien mis sur les rails.

Pour s'assurer de cette perception des choses par la Direction, le consultant ne négligera pas de produire une tonne de documentations, compte-rendus de réunions, rapports d'analyses, indicateurs d'avancement... Tout ce qu'on n'a jamais le temps de faire quand on a un peu de vrai travail à faire...

L'objectivité de l'oeil extérieure a ses limites

Si l'on peut comprendre aisément que, la tête dans le guidon, un certain nombre d'évidences nous échappe, il ne faut pas en conclure pour autant qu'un avis extérieur est forcément meilleur.
Et encore, un avis, ce ne serait rien ! Mais une méthodologie, un concept, une gestion de projet complète confiée à un consultant extérieur ! C'est de la pure folie ! Ou de la pure perte, selon les cas.
Le consultant n'a aucun scrupule à vous envoyer dans la mauvaise direction. Je ne dis pas qu'il le fera par plaisir, mais il n'aura à aucun moment à en subir les conséquences. Au contraire d'un employé normal qui devra faire avec l'usine à gaz qu'il aura éventuellement montée. Ça calme bien, en général, quand on doit maintenir le bouzin qu'on a mis en place. Y en a même qui vont jusqu'à commenter leur code, le comble pour un informaticien digne de ce nom, pour réussir à le relire plus tard si besoin ! Le spectre de la maintenance ingérable fait vraiment des miracles !
Si l'employé classique n'est pas objectif, s'il minimise les ardeurs de la Direction : IL SAIT POURQUOI ! Bon sang, c'est pourtant simple à comprendre !

A ceux qui me rétorqueront que le métier de consultant est un sacerdoce, qu'il nécessite abnégation, courage et confiance en soir, je dirai une chose :
J'ai vu beaucoup de consultants qui avaient quitté leur job d'employés pour rejoindre un cabinet de consultant ou même se mettre à leur compte. Je n'ai jamais vu de gens qui avaient quitté la consultance pour redevenir employés. Jamais.

CQFD.

Commentaires

1. Le mercredi, 31 mai 2006, 21:36 par Sylvain

"une méthode utilisée par l'entreprise pour donner une crédibilité à une décision" : oui, j'irai même plus loin : il s'agit bien souvent pour les dirigeants de se couvrir en faisant "tamponner" leurs décisions par le nom d'un grand cabinet de conseil. Il peut ainsi dormir tranquille, personne ne lui reprochera d'avoir fait une connerie, alors que s'il avait pris la même décision tout seul, il aurait été dirigé vers le premier placard !

Bon, cela dit, ta conclusion n'est pas très vraie, elle est même plutôt fausse, ça m'étonne de toi... Je connais bien plus de personnes qui ont quitté leur SSII pour rejoindre une entreprise ou administration que l'inverse !!! En y réfléchissant bien, je n'arrive même pas à trouver un seul exemple dans mon entourage de quelqu'un ayant fait le trajet que tu privilégies, alors que je compte les autres par dizaines !!! Tu ne serais pas un peu (!) de mauvaise foi, sur ce coup là ?

2. Le jeudi, 1 juin 2006, 01:59 par Stef

Et quelqu'un qui quitte un boulot d'employé informaticien pour devenir consultant pour chauffagiste tu en pense quoi ? ^^

3. Le jeudi, 1 juin 2006, 08:04 par Merome
Ne pas confondre consultant et prestataire. Les marchands de viande des SSII pourraient faire l'objet d'un article à part. J'y songerai. Autant se mettre tout le monde à dos pour ne pas faire de jaloux :)
4. Le jeudi, 1 juin 2006, 08:45 par Fred., de L.

Quand je fais des audits, je mets dans mes conclusions dans 80% des cas les réponses faites par les employés... parce qu'en fait, ils savent ce qui les empêche de bosser... Par contre, là où j'ai l'impression de faire mon boulot, c'est lorsque je propose des solutions originales. Les employés savent ce qui les empêchent de bosser, mais ils manquent parfois de recul pour suggérer une solution "idéale". Idéale comme "solution compatible avec les autres solutions pour les autres postes de travail, compatible avec l'infrastructure (logicielle, matérielle...), compatible avec les changements de fond qui vont sans doute être mis en oeuvre.

Ensuite, le dirigeant pioche parmi les solutions proposées : solutions de court terme, solutions de long terme, le tout en fonction des budgets qu'il veut affecter...

Mais....

...
...

Je ne suis pas un grand cabinet de consultiiiing et je n'ai jamais souhaité en faire partie.

Mais j'adore reprendre mes rapports d'audit de 3 ou 4 ans en arrière et retourner voir un dirigeant qui me parle d'un souci là maintenant... et que je lui montre que le souci avait déjà été repéré dans les mêmes termes 3 ou 4 ans avant lors de l'audit initial, et que finalement, il possède déjà la liste des possibilités à mettre en oeuvre...


Ceci dit... Je n'aime pas les marchands de viande en consulting.

5. Le jeudi, 1 juin 2006, 11:15 par Merome

Ah ben voilà, je me suis fâché avec Fred de L. :)

6. Le jeudi, 1 juin 2006, 12:01 par Fred., de L.

:-D Pas aussi facilement, détrompe-toi ;-) J'ignore pourquoi j'ai écrit ce que j'ai écrit. Je crois que je voulais juste dire qu'il est possible de faire des audits sans pour autant faire du mauvais boulot... enfin... moi aussi j'utilise le terme "consultant" comme un gros mot. Sauf quand je cause avec des winners, des PDG, des DRH, des gens qui veulent savoir ce que je fais et qui votent à droite. Voilà quoa.

7. Le jeudi, 1 juin 2006, 16:09 par Etheriel

- "Le consultant n'est pas forcément plus compétent que l'employé indigène. Et même, c'est souvent l'inverse, du fait de l'expérience dudit employé à son poste précis"
- "C'est bien connu : là où la théorie est jolie sur le papier, l'application se heurte à des blocages psychologiques, techniques ou pratiques qui ne sont pas les plus simples à résoudre"

=> c'est assez comique de lire ça sur le blog d'un mec qui nous explique à longueur de billets ce que devrait faire De Villepin, le ministere de l'ecologie, l'INSEE et ses indicateurs, la commission européenne, ... :)

8. Le jeudi, 1 juin 2006, 19:33 par Merome
Etheriel : on ne me paye pas pour ça.
9. Le jeudi, 1 juin 2006, 19:50 par Sylvain

Au temps pour moi, Merome, mais comme tu parlais de "commenter du code", je pensais que tu faisais l'amalgame... Tu as déjà vu un consultant pisser du code, toi ?!?

10. Le jeudi, 1 juin 2006, 20:31 par Arnaud

merome,

je ne sais pas si tous les consultants sont comme tu les décris mais où je travaille, nous venons d'en prendre trois de suite et je peux te dire que ce ne sont pas vraiment des flèches. Dans deux cas, ils ont eu le mérite de mettre noir sur blanc ce à quoi nous avions déjà réfléchi sans donner AUCUNE stratégie qui pourrait permettre à la direction de prendre une bonne décision. Dans le dernier cas, on a trouvé plus que génial d'embaucher un consultat pour une période déterminée (ouf !) pour brasser un paquet d'air.

Donc dans ces trois cas là (désolé Fred de L.) mais, je rejoins l'analyse de Merome.

Je me méfie toujours des experts en tout genre, je sais je l'ai été, plutôt comme conseiller dans l'agriculture. Allez dire à un agriculteur qu'il travaille mal ou qu'il devrait changer de tracteur ;)
J'ai appris à cette époque à écouter et vraiment à réfléchir sur le fond du problème (et ça cela prend un temps fou, heureusement que je n'étais pas à mon compte) et pas à remettre au propre ce que les salariés indigènes vous disent.

11. Le vendredi, 2 juin 2006, 11:31 par ko

Ah ben moi aussi j'en connais un *bien*, de consultant, un gars qui tentait de faire son boulot correctement et se retrouvait souvent, du coup, en butte aux attentes réelles de ses clients (il bossait dans le secteur de la grande distribution, les solutions qu'il apportait, en termes d'orga, n'étaient pas forcément celles qu'attendaient ses clients, qui voyaient plutôt en lui le justificatif externe des soi-disants nécessaires tour de vis sur les salaires, les embauches...).

Bon, c'était donc quelqu'un de bien. Aujourd'hui, il fait plus consultant, du coup, il fait autre chose. ;-)

Ceux que j'ai croisés, en revanche, dans les boîtes dans lesquelles j'intervenais, souvent en difficulté, et qui *conseillaient* la direction, notamment pour les plans dits sociaux, c'était vraiment des jeteurs de poudre-aux-yeux... Même moi, petite scarabée, je m'en rendais compte. C'est dire. Quelle hypocrisie, tout de même. Et quel fric gâché !

12. Le vendredi, 2 juin 2006, 12:57 par Sylvain

Et comment mieux illustrer le métier de consultant qu'avec cette excellente blague :

Un berger faisait paître son troupeau au fin fond d'une campagne quand, d'un nuage de poussière, surgit une rutilante Range Rover venant dans sa direction. Le chauffeur, un jeune homme dans un complet Armani, chaussures Gucci, verres fumés Ray Ban et cravate Hermès, se penche par la fenêtre et demande au berger :

- Si je peux vous dire exactement combien de moutons il y a dans votre troupeau, m'en donnerez-vous un ?

Le berger regarde le jeune homme, puis son troupeau broutant paisiblement et répond simplement :
- Certainement...

L'homme gare sa voiture, ouvre son ordinateur portable, le branche à son téléphone cellulaire, navigue sur Internet vers la page de la NASA, communique avec un système de navigation par satellite, balaie la région, ouvre une base de données et quelque trente fichiers Excel aux formules complexes et finalement, il sort un rapport détaillé d'une dizaine de pages de son imprimante miniaturisée et s'adresse au berger en disant :
- Vous avez exactement 1 586 moutons dans votre troupeau.
- C'est exact... Et comme nous l'avions convenu, prenez-en un...

Il regarde le jeune homme faire son choix et expédier sa prise à l'arrière de son véhicule, puis il ajoute :
- Si je devine avec précision ce que vous faites comme métier, me rendrez-vous mon mouton ?
- Pourquoi pas ?
- Vous êtes consultant !
- Vous avez parfaitement raison, comment avez-vous deviné ?
- C'est facile. Vous débarquez ici alors que personne ne vous l'a demandé, vous voulez être payé pour avoir répondu à une question dont je connais la réponse et, manifestement, vous ne connaissez absolument rien à mon métier...
Maintenant, rendez-moi mon chien !

13. Le vendredi, 2 juin 2006, 16:11 par Steh

Excellente blague!

14. Le vendredi, 11 août 2006, 09:37 par Nath

Je suis désolée, mais il en est des consultants comme des fonctionnaires... on trouve de tout ! Je suis contre cet amalgame facile étant moi-même consultante (et la première d'ailleurs à rire avec mes collègues de la blague du berger. J'en ai une très bonne sur les managers de consultants également, mais elle est pour connaisseurs ;p)

Quand on fait ce métier, il faut aussi savoir rester modeste et se remettre en question, nous n'avons pas la science infuse.

Quant au principe de laisser nos clients avec de belles recommandation inapplicables, je ne connais pas... j'ai la chance de pouvoir accompagner la mise en oeuvre des solutions que je préconise (inspirées du retour d'expérience des uns et des d'autres), souvent en mettant moi-même la main à la pâte, et m'assurer donc que cela fonctionne.

15. Le lundi, 7 mars 2011, 14:06 par Conseil en strategie

Très bonne blague !

Si vous aimez l'humour sur les consultants (et le conseil ^^), vous pouvez aller faire un tour sur : http://www.consultor.fr/astuces-et-...

Vous y trouverez d'autres blagues, des cartoons, des top10...

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