Manger des légumes de saison, de qualité et à un prix raisonnable ? C’est possible !

Dans le précédent billet, il a été plusieurs fois question de légumes. Il se trouve que depuis peu, le déménagement de mon employeur me permet d'aller faire mes courses au marché du centre ville plutôt qu'à un hypermarché en bordure de la ville (enfin dans l’absolu j’aurais pu le faire avant aussi mais ça m’aurait demandé beaucoup plus de temps et d’organisation - si j'étais de bonne foi je dirais que j'ai eu la flemme de le faire, enfin bref). Je me disais donc naïvement que j’allais pouvoir trouver de meilleurs légumes.

Si pour ce qui est de la viande et du fromage la différence de qualité est flagrante, il faut bien reconnaître que pour les légumes c’est moins net. Même si il y a un mieux et qu’on est loin de l’exagération des supermarchés, la plupart des maraîchers ne font essentiellement que de la revente après être allés se fournir chez un grossiste et sont donc parfaitement capables de proposer fraises en février, tomates hors saison et hors de prix, fruits ou légumes importés à grands frais de lointains pays et autres végétaux dont les conditions de culture, de récolte et de transport restent mystérieuses. Que pouvais-je donc faire si même le marché n’était plus un gage de qualité ?

Arrive alors mon sauveur, sous la forme d’une copine qui me propose de venir à une réunion en vue de la création d’une AMAP sur Nancy. Une AMAP dis-je ? Qu’est-ce donc que cette drôle de bête ? Eh bien figurez-vous que c’est précisément une solution au problème qui nous préoccupe ! Une AMAP, c’est une Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne. Wikipédia explique sans doute ça bien mieux que moi, je vais donc me contenter de résumer.

Le principe d’une AMAP est simple : un groupe de consommateurs s’engage à soutenir durablement, par exemple par périodes de six mois, l’activité d’un agriculteur local par l’achat régulier et à prix constant de tout ou partie de sa production – dans notre cas des légumes et des fruits, mais le système peut s’appliquer à pratiquement n’importe quoi faisant l’objet d’une production et d’une consommation régulières (viande, oeufs et fromages, vin, miel, savon…) En retour, le producteur s’engage sur la variété et qualité de ses produits (pas nécessairement bio mais c’est souvent le cas), la transparence de ses méthodes de production, l'information et l'impication du consommateur. Le système s’appuie donc sur un partage des risques – le consommateur acceptant que la production pourra occasionnellement s’avérer plus faible que prévu pour diverses raisons – et des avantages.

En pratique : les adhérents et le producteur se rencontrent en début de saison pour visiter l’exploitation, définir le prix et le type de légumes pour la saison à venir, etc. Tout au long de la saison, le producteur effectue une livraison hebdomadaire qui sera répartie entre les adhérents, généralement suivant un système de « paniers » correspondant à une semaine de légumes pour une famille de 4 à 5 personnes. Cette livraison est l’occasion d’une rencontre et d’échanges réguliers entre les adhérents et le producteur.

Les intérêts du système pour les deux parties sont multiples et leurs implications tellement nombreuses qu’il est pratiquement impossible de tout citer :

  • une meilleure information du consommateur sur les conditions de production, les variétés cultivées et, d’une manière générale, ce qu’il retrouve dans son assiette,
  • l’engagement garantie du revenu permet au producteur de pérenniser son activité et de le rendre indépendant des circuits de distribution conventionnels (grande distribution, centrales d’achat…),
  • cette indépendance accrue permet de cultiver des variétés moins connues du public et de valoriser intégralement la production en se libérant des normes et autres calibrages qui peuvent condamner à la poubelle jusqu’à 30 % (!) d’une production conventionnelle,
  • la suppression des intermédiaires fait que l’achat profite directement et en totalité au producteur et permet d’absorber le surcoût d’une production à échelle modeste ; elle supprime au passage les emballages et les transports superflus, ce qui supprime à son tour la nécessité de traiter les produits pour qu’ils supportent le voyage,
  • et ainsi de suite. C’est presque sans fin.

Bref, au bout du compte, un système avec pratiquement que des avantages, c’est presque trop beau pour être vrai et pourtant il paraît que ça marche… On va donc tenter d’en monter un par chez nous et vérifier par nous-mêmes. Pour le moment tout reste à faire, on a trouvé un producteur et une base de gens motivés qui devrait suffire à fournir la clientèle nécessaire pour rendre le système viable, mais il faut encore mettre au point les statuts de l’association, s’entendre sur toutes les modalités pratiques etc. Si tout va bien, on devrait pouvoir démarrer le mois prochain, je vous tiendrai au courant.

Commentaires

1. Le mardi, 9 mai 2006, 23:58 par 100

Bonjour Bob

Belle initiative, je suis preneur du suivi de cette action, étant un peu "rural", j'aimerai voir comment on peut canaliser nos chers producteurs.

merci

2. Le mercredi, 10 mai 2006, 08:56 par Merome

100 : Tu connais déjà ce système, c'est celui des "jardins d'idée", auquel je viens de m'abonner. J'en parlerai sur le blog.

3. Le mercredi, 10 mai 2006, 09:36 par kilroy

J'ai testé aussi la différence entre les marchés parisiens et les supermarchés, et c'est vrai que c'est loin d'être très probant. A priori, les marchands se fournissent plus ou moins au même endroit (Rungis) en dehors de quelques stands qui ne propose que des produits bios provenant en général d'une seule exploitation.

Faute d'AMAP, l'alternative que j'ai pu tester, c'est la production directe du potager (de mon beau père en l'occurrence). Pour les salades et pommes de terre, pas de grande différence, mais il faut dire qu'il cultive des variétés classiques. Par contre, pour les tomates, abricots, pommes et autres fruits, la différence avec les produits achetés est flagrante ! Je pense que ça vient largement du fait que les fruits et légumes vendus dans le commerce sont cueillis avant maturité et finissent de murir dans des entrepôts. C'est particulièrement vrai pour les tomates. Les tomates cueillies mûres ont un goût terrible ! Rien à voir avec ce qu'on peut acheter sur un marché, en tous cas en Ile de France.

Cette année, j'ai commandé des graines de variétés de tomates originales sur le site d'une association qui vise à préserver la diversité de ces variétés (Kokopelli pour ne pas la nommer): rose de berne, yellow brandyvine et noire de Crimée. On verra bien ce que ça va donner !

4. Le mercredi, 10 mai 2006, 09:43 par MarcVAdor

Alors là, BRAVO!!!

Ma femme et moi sommes depuis plus de 2 ans dans une AMAP et je peux vous dire que c'est vraiment super. On en parlait encore hier, c'est vraiment agreable de manger des legumes de saison, et la satisfaction de soutenir un agriculteur...
c'est du concret là, pas de la masturbation intellectuelle!
C'est là aussi une certaine forme d'engagement citoyen, à la portée de tous, et en plus on court-circuite toute la grande distribution. Là, on sait à qui on donne notre argent, on sait qu'il va vraiment en profiter et ne plus être la dernière roue du carosse.
Plus "sérieusement", si ça t'interesse, je peux te mettre en rapport avec not' "paysan" car c'est lui qui a aidé à monter l'AMAP et il aide un autre à en monter une autre... Connaissant un peu le personnage, je pense qu'il se fera un plaisir de vous tuyauter!!!
En tout état de cause, je peux vraiment témoigner que ça marche vraiment bien, tellement qu'on se partage même le panier avec un couple d'amis car on a du mal à tout manger...
Cerise sur le gâteau, à chaque distribution, sa femme nous transmet, en plus des infos sur l'actualité de l'expoitation (travaux en cours, semis, projets), une recette en rapport avec les légumes du panier.

a+

Marc

5. Le mercredi, 10 mai 2006, 10:23 par Bob

Merome : est-ce que par hasard tes jardins d'idées correspondraient aux jardins d'insertion qu'on a dans la région ? Il s'agit de centres d'aide à l'insertion par le travail pour des personnes en difficulté, et dont certains fonctionnent effectivement selon un système similaire (culture bio, abonnements pour une fourniture de paniers).

On a évoqué ces jardins pendant notre première réunion, et il nous a été expliqué que la différence principale est que ces jardins sont subventionnés (donc les emplois ne sont pas directement dépendants de l'activité) tandis qu'une AMAP constitue généralement la source de revenus principale du producteur. Mais bon de toute façon il y a de la place pour tout le monde : apparemment les jardins d'insertion du coin sont saturés de demande.

MarcVador : merci pour la proposition :) À notre première réunion, on avait invité un producteur d'Alsace pour nous expliquer le fonctionnement, peut-être que c'est le même que le tien (André Roesch) ?

Je vais déjà voir comment va se dérouler la prochaine réunion et si on arrive à mettre tout le monde d'accord. Je dois dire que je redoute un peu que cette étape ne bute sur des blocages : on a un public relativement hétérogène en termes de degré d'implication dans les alternatives socio-économiques locales, depuis quelques-uns très actifs et des gens comme ma femme et moi, qui cherchons à acheter des bons légumes avant d'envisager ça comme un acte politique, et les discussions lors de la visite de l'exploitation ont montré que certains peuvent se braquer sur des points de détail mineurs...

Enfin, on va bien voir.

6. Le mercredi, 10 mai 2006, 11:17 par MarcVador

Pour Bob,
Oui, effectivement c'est lui! J'espère (mais je n'en doute pas) qu'il a su répondre à vos interrogations...
Acte politique, je ne sais pas, mais mettre un visage sur un acteur de "ma chaine alimentaire" oui...

CE système m'a séduit, autant parce qu'il nous permet d'avoir des légumes sains et variés, que parce que je sais que ça va directement à celui qui travaille la terre.
André ne fait pas de bio, mais ne traite pas pour autant...
Ses engrais sont naturels, et il ne traite que si la récolte est menacée... (et il a l'honneteté de nous le dire, le cas échéant). Le label bio peut être un leurre, qui coûte cher pour un résultat pas forcément probant...
Je suis plus convaincu par son engagement d'homme, et de son respect envers la nature.

7. Le mercredi, 10 mai 2006, 11:30 par Steh

Bienvenue au club, moi aussi, je vais chercher mes legumes dans une ferme toutes les semaines et du coup, on mange du bon legume toute la semaine. Avec des carottes hors-norme, toute tordue mais tout de meme bonne a l'interieur evidemment.
Depuis peu, on peut egalement acheter du pain fait par un paysan du coin qui recolte le ble et fait sa farine lui meme.
Du vrai pain qui se garde plusieurs jours s'il le faut.
Et encore depuis peu, des fruits de temps en temps.

Avec possibilite d'acheter du lapin (gniark gniark), des oeufs, du poulet (avec ou sans grippe je presume, quoi que, on en parle plus, ca ne doit plus exister sans doute... peut etre juste une rumeur apres tout), du miel, du vin (je crois egalement, mais de toute facon, ca ne m'interesse pas d'acheter du raison tout pourri).

C'est tout pour aujourd'hui, vous pouvez eteindre votre ordinateur et sortir maintenant.

8. Le mercredi, 10 mai 2006, 12:50 par Marzi

Steh : du "raison tout pourri" ?

Le problème avec les carottes "hors norme toute tordue", c'est que c'est chiant à épelucher :)

9. Le mercredi, 10 mai 2006, 14:08 par hyrr

pffffffffffffff quelle incompetence culinaire mes pauvres petits.....

alors je vous explique.... CA NE S'EPLUCHE PAS....

une carotte toute fraiche toute neuve comme une pomme de terre nouvelle ou un petit navet ou une courgette... ca se "gratte" legerement et ca se rince à l'eau fraiche....
simplement avec le coté "KiGrat" d'une bete eponge....

Vous garderez ainsi plus de vitamines et plus de gout.....
et c'est une carnivore qui vous le dit....

10. Le mercredi, 10 mai 2006, 14:46 par Merome
Bob : c'est bien des jardins d'insertion dont je parle. J'en reparlerai ici dès que j'aurai reçu mon premier panier...
11. Le mercredi, 10 mai 2006, 16:55 par Arnaud

Kilroy,

La noire de Crimée c'est un vrai délice, les fruits sont énormes, très charnus. C'est pas de l'eau !!!!
Seul inconvénient, cette variété est très sensible au mildiou : donc boullie bordelaise (c'est soit disant bio) pour ceux qui aiment les tomates bleues ;). Moi, je préfère les fils de France télécom piqués tout le long du pied. Ca évite aussi le mildiou et les fruits peuvent être mangés tout le temps.
Sinon, Kokopelli est vraiment une belle association.

L'AMAP : c'est peut être la solution pour tous les gens qui ne peuvent pas se faire un jardin ou qui n'aime pas cela. Pour ma part, j'aime cela depuis tout petit ; l'héritage de grands-parents pas très fortunés qui produisaient l'essentiel de leur consommation.

12. Le jeudi, 11 mai 2006, 09:40 par Marzi

Hyrr : Tu as peut-etre raison poru les vitamines et le gout, mais j'ai bien du mal à faire ca pour les carrotes. Pour les courgettes du jardin, on le fait en effet, pour les pommes de terre, ca nous arrive (mais rarement...), mais les carrotes, bof.

13. Le vendredi, 12 mai 2006, 08:06 par Steh

Oui mais il faut enlever la terre et laver la carotte avant Marzi :) sinon, evidemment, manger de la terre... ;)

14. Le vendredi, 12 mai 2006, 08:20 par Merome
Marzi a sans doute une utilisation des carottes qui nécessite une extrême propreté. On peut même parler d'hygiène, à ce niveau là :)
15. Le vendredi, 12 mai 2006, 08:34 par Marzi

Pff, vous dérivez, alors que ma remarque était sérieuse.

16. Le vendredi, 12 mai 2006, 11:45 par Steh

Pour revenir au sujet des epluchures, j'ai arrete d'eplucher les pommes de terre lors des raclettes (au debut, c'etait par faineantise, les pommes de terre, ca brule les doigts). Maintenant, c'est par gout.
Je dois avouer que pour les carottes, elles sont epluchees (enfin je crois, c'est pas moi qui fait ca).

17. Le vendredi, 12 mai 2006, 14:01 par Bob

Ah c'est donc pour ça qu'on a tous été malades cette fois-là ? :)

18. Le mardi, 16 mai 2006, 13:34 par hyrr

on parle ici de vos carottes du jardin.... (enfin celui du maraicher)....

celle qui sont prévues pour etre consommées dans les jours qui suivent la cueillette....
Rien a voir avec la carotte sous cellophane des grandes surfaces qui est d'une variété qui supporte le stockage et qui a une peau épaisse et moche....

vos petites carottes fraiches n'ont pas à etre massacrées par des épluches legumes....

....et pas de commentaires graveleux messieurs ;)

19. Le mardi, 16 mai 2006, 14:45 par Marzi

Au risque de me repeter : bof.
Mais je t'accorde que si mon mini-jardin accueille des courgettes ou des tomates, je ne cultive en effet pas de carotte, me fournissant en supermarché.

20. Le mardi, 16 mai 2006, 18:43 par anneso

Bonsoir,
je suis journaliste à France 2 et je cherche à faire un sujet pour le journal de 13H autour de la vente/achat direct chez les producteurs.
J'ai déjà contacté l'AMAP Midi Pyrénées mais je cherche aussi une famille qui va elle même, individuellement et directement, acheter ses produits dans une ferme.
Je suis basée à Toulouse donc il faudrait que ce soit dans la région (max 1H de voiture).

si vous connaissez cette perle rare ou que vous êtes intéressés pour participer à ce reportage, merci de m'appeler au 06.14.32.65.22 ou as.chaumierleconte@france2.fr

bonne soirée
Anne-Sophie Chaumier Le Conte

21. Le mercredi, 17 mai 2006, 08:14 par Merome
A lire :
Le véritable coût d'une salade : vous payez 99 cts, l'Afrique paye 50 litres d'eau potable
22. Le jeudi, 15 juin 2006, 11:16 par Bob

Un petit point rapide pour ceux que ça intéresse : tout s'est monté assez vite et avec étonnamment peu de problèmes. On signe nos contrats demain soir et les livraisons débuteront dans un mois.

J'ai pu goûter les premières fraises samedi, je crois que tout retour en arrière sera impossible :)

23. Le dimanche, 18 juin 2006, 10:47 par bouchon

Je viens de trouver ce site sur internet:
www.slowfood.fr/france
Un complément aux AMAP? Mais un peu trop virtuel à mon goût...

24. Le lundi, 2 juin 2008, 08:40 par Puce

Bonjour,
- Si vous voulez en savoir plus sur les AMAP, des infos sont à cette adresse :
www.pucethique.com/conten...

- Si vous recherchez une AMAP près de chez vous, vous pouvez consulter la Carte de France des AMAP :
www.pucethique.com/compon...

Vous pouvez même nous aider à actualiser cette carte si vous connaissez une AMAP qui n'y figure pas.

25. Le mercredi, 6 mai 2009, 15:48 par amap perce-neige nancy

les amap sont en plein essor et commencent à proposer un éventail très large de produits. A nancy l'amap des perce-neige propose des paniers de viande variée (boeuf, agneau, volailles...) dans le même espace que deux autres amap spécialisée en légumes (tout se passe à la mjc beauregard).
A bientôt pour une amap cremerie ?

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