Décroissance : pourquoi maintenant ?

Le concept fait son chemin, lentement mais sûrement. Mais pourquoi les prises de conscience arrivent-elles seulement maintenant ? Alors qu'il est presque trop tard ?

On peut légitimiment s'interroger sur cette passion subite qu'ont les gens pour l'écologie, le développement durable, voire la remise en cause de notre modèle économique. Phénomène de mode ? On pourrait le penser si la simplicité volontaire pouvait s'afficher comme une fierté. En réalité ce comportement va plutôt à l'inverse des valeurs actuelles. Qui préférerait un vélo plutôt qu'un 4*4 pour aller draguer ? Qui peut se vanter de prendre des douches rapides pour économiser l'eau, ou de revenir aux couches lavables, sans craindre les commentaires déplaisants voire désobligeants de ses collègues de bureau ?

Et pourtant, c'est un fait, nous sommes de plus en plus nombreux à raisonner de cette façon, à contre-courant. Notez que je ne retire aucun plaisir personnel à faire l'inverse des autres.Au contraire, j'aimerais bien que tout le monde fasse comme moi, prosélyte comme je suis !
Si j'en juge par ma propre expérience, la prise de conscience est la conséquence de plusieurs facteurs :

Le facteur écologique

Et en premier lieu, le problème du réchauffement de la planète, qui, même s'il n'est peut-être pas le plus urgent (on manquera d'eau potable avant de crever de chaud), est le plus connu. On n'a pas vraiment conscience de faire du mal en utilisant de l'eau pour faire sa lessive ou pour ses toilettes, alors qu'on a tous été indisposés par les gaz d'échappement en ville, et on est tous très affectés par le climat et persuadés (à tort) qu'il n'a jamais été aussi instable.
Ajouté à cela le fameux test de l'empreinte écologique, qui nous fait prendre conscience que la planète est bien petite et que nous nous réservons sans honte une énorme part du gâteau, aux dépends des autres peuples... L'écologie s'impose d'elle-même.

Le facteur économique

Et l'économie aujourd'hui, tourne autour du pétrole qui on le sait, va manquer. Les plus pessimistes annoncent la fin du pétrole pour dans 3 ans seulement, d'autres spécialistes nous assurent encore un siècle de réserve. Du coup, la menace qui pèse sur cette ressource épuisable nous fait nous rendre compte que ce n'est pas seulement les autres peuples qui souffrent de notre inconscience collective, ce sont aussi nos propres enfants, ou petits enfants.
Si l'on supportait assez bien la vue des gosses africains qui crèvent de faim, de soif et de chaud, en se rangeant derrière deux paravents bien dimensionnés pour nos conscience à l'abri.
Le premier : "loin des yeux, loin du coeur", nous fait relativiser le problème par rapport à nos propres soucis.
Le second : "Qu'est-ce que je peux y faire, moi ?", nous déresponsabilise totalement, et rejette la faute sur un improbable Système ou une fatalité quasi biblique.
Si l'on supportait donc bien ces images, disais-je, on a beaucoup plus de mal à imaginer sa descendance dans la même déchéance, creusant la terre à mains nues pour chercher quelques racines gorgées d'eau.

Le facteur social

S'est ajouté à cela une crise sociale digne de Germinal. Délocalisations, licenciements économiques, précarité. On est plus sûr de rien, et notamment pas de la stabilité de son emploi. Même dans le public, je puis vous assurer que certains ont de gros doutes !
Les inégalités ont progressé, les jalousies et les rancoeurs également, au même rythme, d'ailleurs. Des inégalités logiques, mais d'autres moins. C'est bien ces autres qui posent problème.

Le facteur politique

Pour faire face à tout cela, la classe politique est pour ainsi dire absente, ou alors impuissante. Les électeurs, après avoir boudé les urnes, se sont ensuite pressés dans l'isoloir pour constater des résultats loin de leurs espérances. Les politiques et les journalistes ont une vision très décalée de la réalité électorale, ce qui a causé des surprises mémorables.
Les affaires, un peu moins nombreuses qu'un temps, ont laissé la place aux querelles de pouvoir, à gauche comme à droite, il s'agit de s'avoir qui sera présidentiable, où cet ancien ministre va être recasé aux frais de la princesse dans quelque sous-cabinet obscur chargé de réflexions sur la modernisation de l'Etat.

Le seul dénominateur commun que l'on puisse trouver à tous ces facteurs, que chacun a pu estimer et pondérer à sa façon, c'est cette recherche quasi maladive de la richesse. Mais attention, pas de cette envie que l'on a tous, sans doute, de vivre correctement et dignement, dans un confort relatif et suffisant. Une recherche systématique et inconditionnelle d'encore plus de richesse. De plus de croissance. Il arrive un moment où la richesse ne sert plus à rien. Elle est même contre-productive. Pourtant, notre société entière (et j'inclus là-dedans l'ensemble des pays développés) est basée sur ce modèle.

Nous sommes arrivés à un point d'écoeurement. La décroissance me paraît être le régime nécessaire.

Commentaires

1. Le vendredi, 21 avril 2006, 13:04 par Filou

Le facteur écologique

"Et en premier lieu, le problème du réchauffement de la planète, qui, même s'il n'est peut-être pas le plus urgent (on manquera d'eau potable avant de crever de chaud),"

juste un truc, je my connais pas trop, mais sachant que de l'eau (au sens chimique du terme H2O) il y en aura tjs sur terre, elle peut pas s'enfuir hein? la solution contre le manque d'eau potable n'est-elle pas les usines de désalinisation? tout le monde, dit c'est trop chèr, etc...mais a un moment donné quand on aura droit à 3 gouttes quotidiennes par personnes pour 100€ la journée, ca deviendra forcément moins chèr...sans compter les avancées de la science qui trouveront (si elle cherche vraiment) des nouvelles facons de désaliniser la flotte...
Alors que le réchauffement de la planète, rien ne semble malhereusement l'arréter :-(
Dsl, ca n'as pas grand chose à voir avec le sujet de l'article, mais cest une question que je me pose souvent et a laquelle j'ai jamais eu de réponse autre que le coût...

Le facteur économique

"Et l'économie aujourd'hui, tourne autour du pétrole qui on le sait, va manquer."

D'ou l'intéret et l'émergence de nouvelles technologies comme l'"hybride" , l'éléctricité et même l'huile de colza pour faire avancer les moyens de transport. Je pense que la solution est la dedans...
Si je peux concevoir que mes déscendance soit démuni a tel point que les africains aujourd'hui je ne pense pas qu'elle grattera la terre pour trouver des racines, mais je pense plutot qu'elle fera comme des millions de mes contemporains aujourd'hui: elle fera la manche! et le gouvernement a beau essayer de les chasser, les rues ne vont faire que se remplir de SDF et mort-de-faim sans parler des "un peu moins pauvres" mais au moins autant délaissés qu'on entasse dans les banlieues et qui vont (en partie a juste titre) faire flamber le pays car marre des inégalités qui se creusent. Je dis "en partie a juste titre" car là aussi ces phénomènes nous montre que le déchéance qu'on redoute tous est, a mon avis, en marche depuis pas mal de temps...
Si j'étais pessimiste je dirai même qu'elle est programmé depuis le debut de l'hummanité, on n'en est qu'a une étape de plus sans savoir dans combien de temps aura lieu la dernière ou les gens s'entretueront pour bouffer un quinion de pain...

"Le facteur social"

Si je suis optimiste je dirai que l'après-guerre et notamment les années 60-68 ont été le point de départ : le travail n'est plus la valeur maitresse. car même si je suis le dernier des fainéants, il faut avouer que les modif a la baisse du temps de travail, et la (re)prise de conscience récente de l'importance de la lutte (hypocrite) des travailleurs contre les patrons rend les gens (et donc moi le 1er) de plus en plus tir-au-flanc. J'en veux pour preuve les manif récentes, j'ai été dans la rue a manifester, en y reflechissant j'ai p-e plus manifesté CONTRE l'enrichissement personnel des hommes politiques du gouvernement actuel que contre la cause principal le CPE. mais je regrette pas cela, loin de là! Peronne ne peut me contredire, une forte proportion d'étudiants et surtout de lycéens étaient la par fierté de ne pas travailler, et la lutte qui se poursuit pas une poignée de glandeurs contre le CNE, etc...en est bien la preuve, c'est surtout des gens qui sont a la rue dans leurs études et qui veulent tout tenter pr faire annuler l'année universitaire.
La déchéance a démarré, et cette haine du travail va s'amplifier au fil des décennies selon moi (bien aidé par l'étalage de bouffons a la télé).
Le probleme c'est que selon moi on peut rien y faire, c'est dans la nature et la destinée de l'*Homme que de s'autodétruire alors je manifeste pour que ce soit moins pénible pour moi et ceux qui m'entourent notamment en faisant preuve de respect envers la nature pour que la destruction finale soit la plus éloignée de moi.

Bien triste hein? ouais je sais, on dirai un sorcier du Moyen age qui prédit la fin du monde mais bon...parti comme c'est parti...

Si tu me le permet Merome, je vais mettre le sujet du débat et mon commentaire ici présent sur mon blog pour voir comment réagira mon entourage et avoir d'autres positions sur la question...Ainsi je les renverrai ici pour qu'on en discute ....

2. Le vendredi, 21 avril 2006, 14:28 par Merome
Pessimiste, en effet, et j'ai du mal à croire qu'on puisse être pessimiste sans avoir envie d'agir pour que ça change. A part ça, tu mets ce que tu veux sur ton blog, évidemment...
3. Le vendredi, 21 avril 2006, 15:11 par Filou

Impossible de changer l'essence d'une espèce, comme toute espèce; l'espèce humaine est appelé à etre détruite ou s'auto-détruire

La seule action que je peux mener, c'est pour retarder cette destruction, et encore à une echelle bien restreinte qu'est mon entourage...

4. Le samedi, 22 avril 2006, 18:02 par Nicolas Voisin

ravi de découvrir ton blog / et linké.
un (futur ?) blog freemen :)

Au plaisir de recroiser tes écrits.

5. Le mercredi, 17 mai 2006, 15:41 par JCP

Economie, économie, c'est la seule solution pour s'en sortir.
Chacun doit prendre conscience du grave problème de la surconsommantion et dont la seule solution est la décroissance. J'ai 53 ans depuis peu et je m'apperçois, aujourd'hui de l'irresponsabilité de la nature humaine. Politiques, journalistes et même certains enseignants continuent à vouloir posséder le peuple de béniouioui eu lui transmettant la bonne parole du gaspillage, du n'importe quoi et du qui va droit dans le mur.Je suis dégoutté par cette non intelligence et pour nos enfants, l'heure est très très grave.
Je pense que dans l'est plus qu'ailleurs, nous prenons plus conscience du problème et c'est sans doute notre "germanovoisinage" qui nous pousse à réagir.
Entr'autre, il faut absolument lire le livre de jean marc Gencovici : "le plein s'il vous plait", lorsque tu l'as lu, il ne te reste plus qu'à aller couper du bois !...
A+++, je soutiens l'action de l'intellignece.

6. Le samedi, 28 juillet 2007, 13:16 par the peak

Le peak serait a prévoir entre 2010 et 2015 .. Info ou intox ??

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : https://merome.net/blog/index.php?trackback/218